[CRITIQUE] : L'Affaire Vinča Curie

Réalisateur : Dragan Bjelogrlic
Acteurs : Alexis Manenti, Dragan Bjelogrlic, Predrag 'Miki' Manojlovic, Radivoje Bukvic,...
Distributeur : L'Atelier Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Serbe, Slovène, Macédonien.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
Octobre 1958, en pleine guerre froide, des scientifiques yougoslaves sont gravement irradiés dans le cadre d’une mission tenue secrète. Ils sont soupçonnés de travailler à la fabrication d’une bombe nucléaire. Rapatriés en France, ils sont pris en charge par le professeur Mathé à l’Institut Curie. Une course contre la montre s’engage alors pour les sauver…

Critique :

Célébration symbolique de la solidarité humaine qui fait fit des différences et des croyances idéologiques,#LAffaireVinčaCurie, pas aidé par une mise en scène furieusement conventionnelle, n'en reste pas moins captivant dans sa leçon d'histoire dénuée de tout didactisme putassier pic.twitter.com/gB4dbMOKUa
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 6, 2024

Dans la catégorie " le septième art nous en apprend tous les jours " (surtout pour l'auteur de ses mots, qui n'avait aucune connaissance des faits), faites entrer L'Affaire Vinča Curie, estampillé troisième long-métrage du cinéaste serbe Dragan Bjelogrlic - également crédité à la distribution - qui nous catapulte au cœur d'une Guerre Froide où oui, la Yougoslavie avait un programme nucléaire et même un institut nucléaire, à Vinča près de Belgrade (qui existe, vraisemblablement, encore aujourd'hui); efforts officiellement suspendus à la suite d'un tragique accident nucléaire du 15 octobre 1958, qui sert de noyau dur à la narration du long-métrage.

Un incident (sobrement - ironie - surnommé " Tchernobyl serbe ", bien que son impact soit diamétralement différent) qui aura fortement exposé aux radiations quatre scientifiques et, accessoirement, plusieurs centaines d'habitants aux alentours de la centrale, mais le film ne s'attache pas tant à ses victimes collatérales qu'aux quatre scientifiques, envoyés pour se faire soigner à l'hôpital de l'Institut Curie dans un silence médiatique - yougoslaves comme français - total.
Trois d'entre-eux survivront grâce à une procédure de greffe de moelle osseuse à l'époque encore expérimentale, tandis que le dernier restera sur le carreaux.

C'est leur histoire, inspirée du roman Slučaj Vinča de Goran Milašinović, que le film s'échine moins à conter l'incident lui-même que leur traitement/convalescence en France, orchestré par le docteur Mate (un excellent, comme souvent, Alexis Manenti), ardent opposant aux armes nucléaires mais loin d'être dénué d'empathie pour ceux qui lui ont permis, entre autres, d'expérimenter ses théories sur la transplantation de moelle osseuse.

Célébration symbolique de la solidarité humaine qui fait fit des différences et des croyances idéologiques, qui n'a jamais peur de jouer la carte de l'optimisme pachydermique, L'Affaire Vinča Curie, pas forcément aidé par une mise en scène furieusement plate et conventionnelle, n'en reste pas moins captivant dans sa leçon d'histoire dénuée de tout didactisme putassier, même si rien ne dépasse jamais du cadre, pas même des personnages ne s'extirpant jamais de leur fiche Wikipedia savamment remplie, là où ils auraient mérité un poil plus de texture.

Une reconstitution des événements scolaires et cousu main donc, mais pas désagréable pour autant pour les non initiés.

Jonathan Chevrier