[CRITIQUE] : León

Réalisatrice • eur : Papu Curotto et Andi Nachón
Acteurs : Carla Crespo, Susana Pampin, Antonella Saldicco, Lorenzo Crespo,...
Distributeur : Outplay Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Argentin.
Durée : 1h20min.

Synopsis :
Julia vient de perdre sa compagne, Barby. Déchirée entre son chagrin et sa vie qui bascule, elle s’efforce de maintenir le restaurant qu’elles avaient fondé ensemble et le lien qui l’unit au fils de sa partenaire, León. Mais cette relation privilégiée est désormais menacée par une grand-mère obstinée et le retour inattendu d’un père absent.

Critique :

Lumineux et tout en mélancolie, porté par une attention toute particulière pour ses personnages,#Léon, pas dénué de quelques petites maladresses inhérentes à tout premier long-métrage, n'en reste pas moins un drame pudique et bouleversant qui vaut décemment son pesant de pop-corn pic.twitter.com/pZ0sjL1jJF
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 28, 2024

Même s'il ne fait pas forcément beaucoup de boucan dans l'hexagone, sachez que, même si vous ne vous posez pas la question (sauf les trois du fond, plus pointilleux - pour être poli - que la moyenne), le cinéma argentin va bien... merci pour lui.

Et au sein d'une proposition récente pas particulièrement dense mais férocement qualitative, les productions estampillées El Pampero Cine que furent La Flor de Mariano Llinás ou Trenque Lauquen de Laura Citarella (à laquelle on ne peut rajouter que le récent et excellent Los Delicuentes, du peu prolifique Rodrigo Moreno ), n'ont été que des - magnifiques - confirmations de cette vérité dont tout cinéphile avait déjà un minimum conscience : les cinéastes issus du pays de l'argent n'ont pas leurs pareils pour croquer des récits fleuves aussi fascinants qu'ils sont impeccablement calibrés, que ce soit du point de vue du style, du contenu et même de sa gestion de la temporalité.

Le sensiblement épuré Léon, estampillé premier effort du tandem Papu Curotto et Andi Nachón, quand bien même il n'atteint peut-être pas l'exception rare de ces illustrés aînés, suit cette glorieuse voie à travers un drame certes un poil conventionnel sous fond de deuil et de parentalité, mais au cœur et aux bonnes intentions continuellement aux bonnes places.
Soit les atermoiements douloureux de Julia, qui doit négocier avec le décès brutal de sa compagne, Barby, avec qui elle avait ouvert un restaurant quelle doit désormais gérer par elle-même.
Tout comme l'éducation du fils de celle-ci, qu'elle aime comme le sien, alors que le père de celui-ci, absent depuis longtemps, fait son retour dans l'équation - accompagné d'une matriarche sans pitié - et cherche à le récupérer...

Sacré équation donc (auquel s'ajoute des images du passé qui se superposent au trouble du présent), mais qui n'apparaît jamais alourdit au sein d'une narration délicate et limpide, dénuée de tout sentimentalisme facile et clouée au plus près des émotions et de la résilience de son touchant personnage principale, au carrefour des confusions (l'incapacité de faire son deuil, couplé à la nécessité d'aller de l'avant, alors que la vie continue de lui envoyer des coups).

Lumineux et tout en mélancolie, porté par une attention toute particulière pour ses personnages (couplé à une partition enlevée de sa distribution, Carla Crespo en tête), Léon, pas dénué de quelques petites maladresses inhérentes à tout premier long-métrage, n'en reste pas moins un drame pudique et bouleversant qui vaut décemment son pesant de pop-corn.

Jonathan Chevrier