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[CRITIQUE] : Eat the night



Réalisatrice•eur : Caroline Poggi et Jonathan Vinel
Avec : Théo CholbiErwan Kepoa FaléLila Gueneau,…
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Pablo et sa sœur Apolline s’évadent de leur quotidien en jouant à Darknoon, un jeu vidéo qui les a vus grandir. Un jour, Pablo rencontre Night, qu’il initie à ses petits trafics, et s’éloigne d'Apolline. Alors que la fin du jeu s’annonce, les deux garçons provoquent la colère d’une bande rivale...


Critique :



On avait tout d'abord découvert le tandem de cinéastes Caroline Poggi et Jonathan Vinel sur grand écran, par l'intermédiaire de leur court-métrage au cœur de la simili-anthologie savoureusement singulière Ultra rêve, After School Knife Fight (quand bien même il ne marquait pas leur premier collaboration) petit bout de cinéma au romantisme fétichiste et glacial sous fond de jeunesse condamnée, qui allait trouver une extension encore plus radical avec leur premier long-métrage commun, Jessica Forever, où la barrière des genres - dans tous les sens du terme -, allait une nouvelle fois être troublée au travers d'une odyssée violente et chaotique à mi-chemin entre les cinémas de Sofia Coppola,  Harmony Korine et même Larry Clark.

Copyright Tandem Films

Pas le genre de faiseurs à laisser, comme Bébé, dans un coin (référence de boomer, même pas pardon), même si leur film dit de la " confirmation " s'est méchamment fait attendre.
Place donc à Eat The Night, passé par la case Croisette en mai dernier (et en compétion au Champs-Élysees Film Festival), cocktail complexe et (trop) gourmand entre le cyber-coming of age sauce spleen adolescente, le machinima, la romance gothico-queer et le thriller sensoriel sous fond de trafic de drogue et de guerre des gangs, qui s'avère aussi ambitieux artistiquement qu'un poil tiède narrativement parlant, quand bien même il partage le même esprit d'apocalypse latente et la même mélancolie douce-amère que leur précédent effort.

Pas tant un pétard mouillé qu'une timide déception à la vue des attentes suscitées, non pas dans sa manière de reposer sur l'hybridation entre jeu vidéo - structure chapitrée à la clé - et langage cinématographique (la patte artistique du duo y est sensiblement présente), à la double fin tangible, que de s'appuyer sur une écriture opaque et prévisible, au romantisme aussi fragile que ses personnages, dont la représentation joliment singulière méritait un écrin plus habile.

Copyright Tandem Films

Une expérience inégale donc, tout autant qu'elle est savoureusement hallucinogène et immersive, dans sa manière de nouer les angoisses d'une adolescence (dé)laissée aux bras du virtuel et de l'imaginaire, et mondes qui se meurent.


Jonathan Chevrier