[CRITIQUE] : King's Land
Réalisateur : Nikolaj Arcel
Avec : Mads Mikkelsen, Amanda Collin, Simon Bennebjerg, Kristine Kujath Thorp,…
Distributeur : Canal + (MyCanal)
Budget : -
Genre : Action, Drame, Historique.
Nationalité : Danois, Allemand, Suédois, Norvégien.
Durée : 2h08min.
Synopsis :
Danemark 1755, le capitaine Ludvig Kahlen part à la conquête d’une lande danoise réputée incultivable avec un objectif impossible : établir une colonie au nom du roi, en échange d’un titre royal. Une ambition bornée que l’impitoyable seigneur de la région cherchera sans relâche à étouffer. Le destin de Kahlen est alors en jeu : son entreprise lui apportera la richesse et l’honneur, ou lui coûtera la vie…
Critique :
Alors oui, évidemment, en bon français que nous sommes, l’histoire du Danemark n’a pas pas franchement su trouver beaucoup de place dans nos manuels scolaires et, en toute logique, dans ceux de nos voisins européens.
Pas tant la faute à un désintérêt total pour les racines des pays scandinaves, puisque plusieurs exploits sportifs entrent instinctivement dans notre culture générale (coucou le championnat d'Europe de football de 1992, pour les plus footeux d'entre-nous), mais simplement parce que l'on ne peut pas tout apprendre, pardi.
Heureusement, dame culture est là pour gonfler nos savoirs, notamment par l'intermédiaire du cinéma érudit de Nikolaj Arcel qui, au-delà d'une petite escale Hollywoodienne mortelle (le malade La Tour Sombre), s'est fait une véritable vocation pour parcourir cinématographiquement, les origines de sa nation.
Passé le magnifique Royal Affair, où il s'attachait à conter la passion secrète et bouillante que vouait la reine Caroline Mathilde au médecin du roi Christian VII, l'influent Struensee, le cinéaste continue son exploration de la seconde moitié du XVIIIe siècle (plus précisément une décennie auparavant, mais toujours accompagné de l'immense Mads Mikkelsen, au jeu toujours aussi merveilleusement intense), et plus directement de la lente infusion du courant révolutionnaire des Lumières au sein d'une monarchie aussi réactionnaire que troublée, avec King's Land - basé sur le roman Kaptajnen og Ann Barbara d'Ida Jessen -
Soit le récit pas toujours subtil mais prenant de la conquête des landes, réputées incultivables, par le volontaire capitaine Ludvig Kahlen - qui se rêve noble, quitte à y jouer de sa vie -, qu'il croque comme un western purement américain dénué de toute rhétorique mélodramatique (même s'il est un poil romantique), aux étendues aussi sauvages que l'âme des hommes, vissé sur le duel entre Kahlen et l’impitoyable seigneur Frederik de Schinkel, symbole de la dystonie sociale du Vieux Continent.
D'un classicisme affirmé - et très Hollywoodien - mais solidement charpenté (mise en scène enlevée, des personnages archétypaux mais psychologiquement bien fouillés, excepté peut-être un de Schinkel assez caricatural en grand vilain très vilain), porté par une réflexion gentiment poussée sur les notions de pouvoir - son avidité comme ses privilèges - et d'injustice, dans son opposition entre civilisation et barbarie, King's Land, un brin grinçant et grossièrement taillé, n'en reste pas moins une pièce d’époque opulente et glaciale, dont le dernier acte sauvage vaut à lui seul le déplacement.
Jonathan Chevrier
Avec : Mads Mikkelsen, Amanda Collin, Simon Bennebjerg, Kristine Kujath Thorp,…
Distributeur : Canal + (MyCanal)
Budget : -
Genre : Action, Drame, Historique.
Nationalité : Danois, Allemand, Suédois, Norvégien.
Durée : 2h08min.
Synopsis :
Danemark 1755, le capitaine Ludvig Kahlen part à la conquête d’une lande danoise réputée incultivable avec un objectif impossible : établir une colonie au nom du roi, en échange d’un titre royal. Une ambition bornée que l’impitoyable seigneur de la région cherchera sans relâche à étouffer. Le destin de Kahlen est alors en jeu : son entreprise lui apportera la richesse et l’honneur, ou lui coûtera la vie…
Critique :
D'un classicisme affirmé mais solidement charpenté, porté par une réflexion poussée sur les notions de pouvoir et d'injustice, #KingsLand, un brin grinçant et grossièrement taillée, n'en reste pas moins une pièce d’époque opulente et glaciale, dominé par un intense Mads Mikkelsen pic.twitter.com/Ai9sjWaQoW
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 20, 2024
Alors oui, évidemment, en bon français que nous sommes, l’histoire du Danemark n’a pas pas franchement su trouver beaucoup de place dans nos manuels scolaires et, en toute logique, dans ceux de nos voisins européens.
Pas tant la faute à un désintérêt total pour les racines des pays scandinaves, puisque plusieurs exploits sportifs entrent instinctivement dans notre culture générale (coucou le championnat d'Europe de football de 1992, pour les plus footeux d'entre-nous), mais simplement parce que l'on ne peut pas tout apprendre, pardi.
Heureusement, dame culture est là pour gonfler nos savoirs, notamment par l'intermédiaire du cinéma érudit de Nikolaj Arcel qui, au-delà d'une petite escale Hollywoodienne mortelle (le malade La Tour Sombre), s'est fait une véritable vocation pour parcourir cinématographiquement, les origines de sa nation.
Copyright Henrik Ohsten – Zentropa |
Passé le magnifique Royal Affair, où il s'attachait à conter la passion secrète et bouillante que vouait la reine Caroline Mathilde au médecin du roi Christian VII, l'influent Struensee, le cinéaste continue son exploration de la seconde moitié du XVIIIe siècle (plus précisément une décennie auparavant, mais toujours accompagné de l'immense Mads Mikkelsen, au jeu toujours aussi merveilleusement intense), et plus directement de la lente infusion du courant révolutionnaire des Lumières au sein d'une monarchie aussi réactionnaire que troublée, avec King's Land - basé sur le roman Kaptajnen og Ann Barbara d'Ida Jessen -
Soit le récit pas toujours subtil mais prenant de la conquête des landes, réputées incultivables, par le volontaire capitaine Ludvig Kahlen - qui se rêve noble, quitte à y jouer de sa vie -, qu'il croque comme un western purement américain dénué de toute rhétorique mélodramatique (même s'il est un poil romantique), aux étendues aussi sauvages que l'âme des hommes, vissé sur le duel entre Kahlen et l’impitoyable seigneur Frederik de Schinkel, symbole de la dystonie sociale du Vieux Continent.
Copyright Henrik Ohsten – Zentropa |
D'un classicisme affirmé - et très Hollywoodien - mais solidement charpenté (mise en scène enlevée, des personnages archétypaux mais psychologiquement bien fouillés, excepté peut-être un de Schinkel assez caricatural en grand vilain très vilain), porté par une réflexion gentiment poussée sur les notions de pouvoir - son avidité comme ses privilèges - et d'injustice, dans son opposition entre civilisation et barbarie, King's Land, un brin grinçant et grossièrement taillé, n'en reste pas moins une pièce d’époque opulente et glaciale, dont le dernier acte sauvage vaut à lui seul le déplacement.
Jonathan Chevrier