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[CRITIQUE] : Camping du lac


Réalisatrice : Eléonore Saintagnan
Avec : Eléonore SaintagnanAnna Turluc'hJean-Benoît UgeuxRosemary Standley,…
Distributeur : Norte Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h10min.

Synopsis :
Éléonore roule vers l’Ouest. Elle tombe en panne au milieu de la Bretagne. Contrainte d’y passer un certain temps car le nouveau carburateur pour sa voiture semble ne jamais arriver, elle s’installe dans l’un des mobil-homes du Camping du Lac. Un lac donc, dans lequel vivrait un monstre. Elle se met à observer ses habitants, tous singuliers, et bientôt les touristes, qui arrivent en masse. Surtout, elle attend d’apercevoir la bête. À quoi peut-elle ressembler ? Et d’ailleurs, est-ce vraiment cela qu’Éléonore attend ?



Critique :



Les premières lignes de son pitch aurait tout pour être le point de départ d'une comédie fantastico-estivale fleurant bon l'odyssée tout en drôlerie et en imprévus en terres bretonnes, avec un personnage principal appelé à divertir autant qu'à captiver, Éléonore, lancée dans des vacances vers la mer jusqu'à ce que sa bagnole tombe en panne, et qu'elle soit obligée de rester quelques jours dans un camping situé au bord du lac de Guerlédan.

Pourtant, rien ne prête totalement à sourire à la vue du premier long-métrage de l'artiste et wannabe cinéaste Éléonore Saintagnan (pour lequel elle brigue également les casquettes de scénariste et rôle titre), une proposition un brin singulière et profondément littéraire sous rupture forcée avec la vie urbaine et de communion avec la nature, véritable docufiction où étrangeté et imaginaire nourrissent à parts égales une atmosphère tout en fantaisie et en mysticisme, d'où émerge plusieurs obsessions bien réelles de notre société contemporaine.

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Dans une réalité aussi honnête et picaresque qu'elle est fictive et ludique, la cinéaste emmêle ses multiples rencontre poétiques et pétri d'humanité autour d'une mythologie qui lui est propre, mélangeant le folklore local - la légende de Corentin - de Quimper et celle d'un poisson géant (que les habitants locaux pensent se trouver dans ses profondeurs), à un message écologiste affûtée sous fond de cupidité, faisant continuellement basculer sa narration entre une chronique tout en quiétude du quotidien, et la fable irréelle et fantastique.

Un premier effort qui se reconstruit au fur et à mesure, quitte à bousculer par sa lenteur et son imprévisibilité, où sa protagoniste/réalisatrice, tel un poisson hors de l'eau, contemple et s'acclimate à son environnement, cherche le point de convergence parfait (même si précaire) entre documentaire et conte, pour mieux laisser parler son inventivité - parfois déroutante - et sa douce ironie.
Une vraie curiosité en somme, perfectible comme tout premier effort, mais nourrit par une exceptionnelle capacité d'émerveillement.


Jonathan Chevrier