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[CRITIQUE/RESSORTIE] : La vengeance du dragon noir

Réalisateur : Joseph Kuo
Avec : Tien PengPolly Ling-Feng Shang-KuanYang Meng-Hua, Nan Chiang,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Action, Arts-martiaux.
Nationalité : Taïwanais.
Durée : 1h25min

Date de sortie : 21 août 1974
Date de ressortie : 22 mai 2024

Synopsis :
À l’âge de six ans, Tsai Ying-jie assiste au massacre de sa famille orchestré par cinq seigneurs malfaisants dans le but de s’emparer de la légendaire Épée Chasseuse d’Âmes. Bien des années plus tard, devenu maître dans le maniement de la lame, le jeune homme part à la recherche des assassins de ses parents afin de venger leur mort. Au cours de sa quête meurtrière, Tsai Ying-jie sera secouru par l’intrépide Hirondelle. Mais il ignore que cette dernière n’est autre que la fille de Yun Chung-chun, l’un des hommes sur sa liste…




Critique :


Quelques mois à peine après sa ressortie du magnifique Rivière de nuit de Kôzaburô Yoshimura (magnifique mélodrame doux-amer et poignant, dénué de toute sentimentalité putassière, ou le cinéaste dressait autant le portrait d'un Japon en pleine transition, que celui d'une femme indépendante qui ne demande que d'avoir un peu plus de couleurs dans son coeur), mais surtout du grandiose cycle Stanley Kwan il y a une poignée de semaines (Amours DéchusRougeCenter Stage et Lan Yu), Carlotta persiste et signe dans sa volonté d'embellir la (très) dense proposition cinématographique en salles actuelle - même si Cannes à un poil calmer la cadence.

Copyright Carlotta Films

Cette fois, place à quelque chose de définitivement moins dramatique et de sensiblement plus jubilatoire : une réédition toute pimpante de La Vengeance du dragon noir, estampillée première incursion au cœur d'un wu xia pian alors en bout de course, de l'une des légendes du film d'arts martiaux Joseph Kuo, qui chapeaute là son meilleur effort - avec Les 7 grands maîtres de Shaolin, pour l'auteur de ses mots.
Un pur condensé d'action ne dépassant même pas les 90 minutes de bobine et qui trompe l'aspect furieusement conventionnel de sa narration, par une émotion sincère et des empoignades renversantes et sanglantes, mises en scène avec une énergie débordante (tout en superbes plans larges et en travellings fluides).

D'autant que sous ses contours de revenge movie matiné de fantastique, qui s'inscrit dans la plus stricte définition du genre (la quête de vengeance/justice d'un jeune homme qui, enfant, a assisté au massacre de sa famille orchestré par cinq seigneurs malfaisants dans le but de s’emparer de la légendaire Épée Chasseuse d’Âmes), au moins autant qu'il fait preuve de révérences marquées (autant au pape du genre, King Hu, qu'à Sergio Leone, même si l'inspiration en moins), Kuo pimente sa popote familière par sa propension à aborder des thématiques gentiment humanistes, allant du pardon à la rédemption, en passant par la connaissance du coût d'une vie humaine confrontée à la notion d'honneur.

Copyright Carlotta Films

Ça ne révolutionne rien certes, mais ses quelques touches minutieuses couplées à une approche on ne peut plus sérieuse du cinéaste (à laquelle répond une partition savoureusement stoïque de Tian Peng), suffisent à faire de ce petit bout de cinéma énergique et touchant, une séance hautement recommandable, et encore plus dans sa nouvelle peau sur grand écran.


Jonathan Chevrier