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[CRITIQUE] : Chien Blanc


Réalisatrice : Anaïs Barbeau-Lavalette
Acteurs : Denis MénochetKacey RohlK.C. CollinsPeter Bryant,...
Distributeur : Destiny Films
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h36min.

Synopsis :
1968 - Etats-Unis. Martin Luther King est assassiné et les haines raciales mettent le pays à feu et à sang. Romain Gary et sa femme l’actrice Jean Seberg, qui vivent à Los Angeles, recueillent un chien égaré, dressé exclusivement pour attaquer les Noirs : un chien blanc. L'écrivain, amoureux des animaux, refuse de le faire euthanasier, au risque de mettre en péril sa relation avec Jean, militante pour les droits civiques et très active au sein des Black Panthers.



Critique :



Au rayon des comédiens capable à eux seuls de nous faire déplacer dans une salle obscure, Denis Ménochet se gentiment pose-là, figure à la fois discrète et pourtant omniprésente (voire indispensable, n'ayons pas peur des termes) depuis plus d'une bonne décennie maintenant, capable de se fondre à la fois dans la distribution d'une bonne grosse comédie populaire bien de chez nous, dans celle d'un trip expérimental gentiment barré, d'un drame familial où social voire même d'un thriller noir et musclé.

Copyright Vivien Gaumand

Un véritable ami de la famille en somme, dont on exagérerait à peine de dire qu'il est capable si ce n'est de tout jouer (cela dit, rien ne vient affirmer le contraire jusqu'à présent), au moins de se fondre dans tout ce que le cinéma peut offrir comme diversité - ce qui n'est décemment pas le cas de tout le monde.
Il nous revient d'ailleurs en ces dernières heures d'un mois de mai joliment cannois, avec Chien Blanc de Anaïs Barbeau-Lavette, nouvelle adaptation du roman éponyme de Romain Gary, difficilement comparable avec celle magistrale opérée par Samuel Fuller en 1982, plus libre mais surtout définitivement plus violente et impactante, tant la cinéaste québécoise fait le choix d'une fidélité/révérence un poil excessive au matériau d'origine, qui s'accompagne d'une contextualisation poussée de l'époque au moins autant que de la figure même de Gary.

En résulte une narration foisonnante et confuse à la fois - voire même pataude dans les messages qu'elle assène -, qui délaisse un brin son canidé dressé pour tuer les afro-américains, pour lui préférer un portrait au cordeau du couple Gary/Seberg, sensiblement impliqué dans la lutte des droits civiques, pivot de son canevas assez formaliste - tout comme sa reconstitution - d'une Amérique des 60s au racisme totalement décomplexé.

Copyright Vivien Gaumand

Trop sagement conté et emballé pour son bien, Chien Blanc ne déborde jamais vers la marge, ce qui est autant une qualité dans sa volonté de se faire un instantané précis et documenté de l'Amérique, qu'un réel défaut pour se démarquer un minimum de ce qui a déjà été fait et dit auparavant, mais aussi et surtout pour donner pleinement vie à son histoire, tant le tout manque sensiblement de d'envergure politique autant que de puissance cinématographique.
Dommage, vu la partition impliquée de son tandem Denis Ménochet/Kacey Rohl, et ses bonnes intentions gravées sur sa pellicule.


Jonathan Chevrier