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[CRITIQUE] : Mon pire ennemi / Là où Dieu n'est pas


Mon pire ennemi (2024) et Là où Dieu n'est pas (2024) de Mehran Tamadon, distribués par Survivance.


Réalisateur : Mehran Tamadon
Avec : -
Distributeur : Survivance
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Suisse.
Durée : 1h22min

Synopsis :
Mojtaba, Hamzeh, Zar et d’autres ont subi des interrogatoires idéologiques en Iran et vivent aujourd’hui en France. Mehran Tamadon, le réalisateur, leur demande de l’interroger, lui, tel que pourrait le faire un agent de la République Islamique. Le film en devenir se rêve en miroir dressé face aux tortionnaires, révélant leur violence, leur arbitraire et leur absurdité. Mais lorsque Zar Amir Ebrahimi et Mehran Tamadon se prêtent à l’exercice, ni l’un ni l’autre ne semblent plus tout à fait maitriser les rôles qu’ils ont choisi d’endosser, jusqu’à se mettre en danger, ainsi que le projet de film.



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Réalisateur : Mehran Tamadon
Avec : -
Distributeur : Survivance
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français, Suisse.
Durée : 1h52min

Synopsis :
Taghi, Homa et Mazyar ont été arrêtés et interrogés par le régime iranien. Tous les trois témoignent avec leurs corps, avec leurs gestes et racontent ce que signifie résister, ce que signifie craquer. Y a-t-il un espoir que le tortionnaire renoue un jour avec sa conscience ?



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Critique :



Il n'y a rien de déconnant dans l'idée de nouer un billet sur les deux derniers documentaires du cinéaste iranien Mehran Tamadon (bien qu'ils peuvent se voir indépendamment), Mon pire ennemi et Là où Dieu n'est paslui dont le cinema a toujours été vissé sur la recherche, certes parfois un poil naïve, d'un dialogue avec ceux qu'il ne comprend pas ou ceux dont il ne partage pas les croyances, alimentant pleinement l'idée - réelle - que les nombreuses confrontations irriguant nos rapports aux autres, est totalement où presque le fruit de l'ignorance.

Huit ans de travail, au plus près de prisonniers interrogés et torturés dans les prisons iraniennes, ont menés à plusieurs rencontres/reconstitutions en terres françaises, mais aussi à deux approches assez dissemblables même si totalement complémentaires.
Dans un premier temps - Mon pire ennemi -, le cinéaste interrogent des hommes et des femmes ayant subi des interrogatoires idéologiques en Iran et qui vivent aujourd’hui en France (comme la merveilleuse comédienne Zar Amir-Ebrahimi, prix d'interprétation à Cannes en 2022 pour Les Nuits de Mashhad, avec qui Tamadon se lance dans un exercice assez troublant ou ni l’un ni l’autre ne semblent jamais réellement maitriser les rôles qu’ils ont choisi d’endosser), en leur demandant de l'interroger comme pourrait le faire un agent de la République Islamique, dans une inversion victimes/tortionnaires souvent difficile pour les âmes concernées.

Copyright Survivance

Là où Dieu n'est pas lui, a pour protagonistes trois anciens prisonniers politiques iraniens qui se trouvaient dans les prisons d'Evin et de Ghezel Hesar, a un angle un poil plus différent, tant il a pour but, clairement, de mettre en scène la déshumanisation recherchée dans les interrogatoires, tant il ne s'agit là pas des informations qui sont, assez souvent, sont déjà connues, mais plutôt d’exercer un pouvoir malsain, une domination perverse, un contrôle dénué de toute retenue sur l'autre.

Deux efforts sobres et ouverts où le cinéaste n'a, paradoxalement, jamais vraiment peur face à l'idée de se mettre en danger pour un donner un semblant d'aperçu de la violence absurde et arbitraire de des tortionnaires d'État (même si les nombreuses humiliations restent sous contrôle), sans forcément contextualiser ni même aller au plus profond de sa vision.
Ce qui donne à cette double expérience une sensation d'imprévisibilité aussi séduisante que déroutante dans son ambiguïté, tant cette mise en perspective n'a pour but que d'éclairer, et non de réellement incarner une remise en question par le cinéma, d'une réalité douloureuse et traumatisante - où même des actes d'un régime tyrannique.
Dommage, tant l'expérience s'avère suffisamment claustrophobe et terrifiante, pour captiver sans effort son auditoire.


Jonathan Chevrier