[SƎANCES FANTASTIQUES] : #92. Van Helsing
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Parce que les (géniales) sections #TouchePasAMes80s et #TouchePasNonPlusAMes90s, sont un peu trop restreintes pour laisser exploser notre amour du cinéma de genre, la Fucking Team se lance dans une nouvelle aventure : #SectionsFantastiques, ou l'on pourra autant traiter des chefs-d'œuvres de la Hammer que des pépites du cinéma bis transalpin, en passant par les slashers des 70's/80's (et même les plus récents); mais surtout montrer un brin la richesse des cinémas fantastique et horrifique aussi abondant qu'ils sont passionnant à décortiquer. Bref, veillez à ce que les lumières soient éteintes, qu'un monstre soit bien caché sous vos fauteuils/lits et laissez-vous embarquer par la lecture nos billets !
#92. Van Helsing de Stephen Sommers (2004)
Le cinéma de Stephen Sommers, c'est la définition parfaite du cinéma cholestérol, ce supplément cheddar dégoulinant sur des frites trop salées, ce petit rab' de choucroute à la cantoche du bureau, qui est appelé à souiller l'oxygène autour de la machine à café.
Exactement le genre de cinéma peu digeste qui reste englué sur tes poignées d'amour mais dont, au fond, tu peux difficilement t'en passer parce que oui, le mauvais cinéma comme la junk food, ça a du bon pour ton petit cœur de cinéphile fragile, tant que tu n'en abuses pas, mon cochon.
Et question abus, le papa d'Un cri dans l'océan s'y connaît, et pas qu'un peu.
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Sensiblement élevé au rang de réalisateur à suivre, suite au succès conséquent de La Momie puis de sa suite, Le Retour de la Momie, et motivé par une Universal Pictures qui lui a confier les clés du Monsterverse maison, bien décidée à ce que le bonhomme et son amour affirmé pour le serial, chapeaute une pluie de remakes de tout son catalogue issu de l'âge d'or du fantastique; le Stephen s'est senti pousser des ailes, et au lieu de balancer une demi-douzaine de projets sur le bureau des pontes du studio, il a tout simplement un seul et unique projet : Van Helsing, qui réunit tout le bestiaire disponible ou presque (l'homme invisible manque à l'appel où, justement, il était là et on ne l'a pas vu), en à peine deux heures de bobine, autour du professeur Abraham Van Helsing, devenu entre-temps un chasseur de primes badass sauce 007 à la crinière fournie, mandaté par le Vatican.
Méga creature feature furieux façon tacos six viandes autant chargé comme une mule qu'il est jouissif et généreux, pour lequel Sommers ne se refuse ABSOLUMENT rien pour densifier un bordel savamment (dés)organisé et décérébré, le film et son atmosphère gothique surchargée fascine dans sa volonté totalement premier degré de balancer tous ses éléments déglingués dans un shaker, tout en veillant intelligemment à ne jamais refermer la machine pour que tout dégueule sur les murs.
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Sans surprise, c'est souvent très moche dans ses nombreux inserts numériques (ils ont fait leur temps, mais étaient cool pour l'époque), rien ne semble réellement bien aller et pourtant tout fonctionne avec une harmonie perverse, tant le film recèle en lui un bon paquet de moments de bravoure et de séquences plus efficaces les unes que les autres - même dans leur déviance -, le cinéaste faisant constamment fit d'un " scénario " fourre-tout voire totalement prétexte, pour mieux filmer ses bestiaux mythologiques sous tous les angles possibles et toutes les situations les plus invraisemblables qui soient, avec une gourmandise rarement égalée.
Louchant d'une même mesure du côté de chez Coppola, Jess Franco où même Len Wiseman (quitte même à lui piquer sa femme et ses tenues de cuir pour l'occasion), tout en flirtant constamment avec la frontière du Z sans jamais la franchir (même dans son final carnavalesque à la sauce proto-kaiju monstrueux), la péloche se fait à l'image même de sa galerie de personnages risibles : hystérique comme Dracula, turbo-teubé comme Frankenstein, inoffensif comme son loup-garou mais surtout furieusement badass comme son Abe Van Helsing - avec un Jackman à son prime de la coolitude.
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L'avantage d'un shot régulier de Van Helsing, c'est qu'il contient suffisamment de gras pour te faire tenir tout l'hiver, alors n'écoute pas les rageux et les bien-pensants qui ne savent pas ou réside la vraie magie du septième art, remets une bonne grosse dose de ketchup sur tes frites et profites du spectacle : le gras, c'est vraiment la vie.
Jonathan Chevrier