[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #152. End of Days
Nous sommes tous un peu nostalgiques de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars. Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se baladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leur mot à dire... Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 80's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération. Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pilule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#152. La Fin des temps de Peter Hyams (1999)
Un film fantastico-horrifique sous fond d'apocalypse, avec le monument Arnold Schwarzenegger, avoue que ça te la coupe hein ?
Alors ouais, si t'as la mauvaise foi d'un cinéphile élitiste qui ne sait pas ce que peut flairer l'odeur de la bisserie de luxe, squattant furieusement les bacs à DVD de ton Leclerc préféré (un parfum oscillant entre le souffre, le pet concentré et la transpiration), tu pourrais dire que tout film impliquant le bonhomme passé le second tiers des années 90, est une horreur à regarder (Junior, La Course aux jouets et Batman & Robin dans nos veines).
Mais le vrai cinéphile lui, éduqué à la VHS sèche et aux affiches mensongères, reluquées avec concentration comme si chaque location impliquait directement sa propre vie (où, au minimum, la bonne santé du week-end familial), il réclame ce type de proposition presque avec la bave au coin des lèvres - et pas ailleurs, stay classy cher lecteur.
C'est toute la promesse donc de La Fin des temps, opus de destruction massive intelligemment délaissé par Guillermo Del Toro, Sam Raimi ou encore Marcus Nispel (bazardé en pleine production pour " divergences artistiques ", preuve du talent certain du bonhomme), voire même par Tom Cruise, Jennifer Connelly et Heath Ledger (qui devait camper Satan, sacrée blague), et in fine chapeauté par un Peter Hyams jusque-là habitué à sublimer les kickeries d'un JCVD aux narines poudrées.
Vissé sur un pitch complotisto-rigolo aux personnages absurdes (Satan se cherche une nana et à une heure - entre 23h et minuit, le 31 décembre - pour devenir papa la veille du nouvel an 2000, et ainsi défaire toute l'humanité et en briguant le poste de nouveau patron d'un nouvel univers : monumentale erreur), la narration suit donc un Schwarzy lassé de botter le popotin de vilain bas du front de la série B de luxe, et qui se frite carrément avec le diable himself à la veille d'une potentielle apocalypse (parce que oui, t'as mal lu Le Livre de l'Apocalypse, 666 en vrai c'est 999... et donc 1999, ne cherche pas, c'est mathématique).
Sauf que l'éternel T-800, ici nommé Jericho Cane (subtilité) à ses propres problèmes : il ne se remet pas de l'assassinat de sa femme et de sa fille, boit beaucoup trop, bouffe de la merde et n'a pas le temps d'aller faire un tour chez le barbier.
Mais comment peut-il sauver l'humanité, et préserver du mal(e) une jeune femme choisie dès la naissance pour enfanter l'antéchrist, s'il n'a même pas le temps de se raser ?
C'est toute la subtilité (lol) derrière une narration qui louche à la fois sur le polar Fincherien, le thriller surnaturel - avec un doigt de gore - et l'actionner burné, et servant de pivot à une expérience aussi fragile que furieusement pessimiste, qui a continuellement peur de sa propre obscurité (un Gabriel Byrne méchamment suave, qui incarne un Satan génialement aux antipodes d'un Al Pacino merveilleusement over-the-top dans L'associé du diable) voire même de sa propre perversité (malgré l'arrivée dantesque de Satan dans un resto chic) et de son propre nihilisme (l'humanité ne mérite pas vraiment d'être sauvée), alors qu'il avait tout sur le papier pour incarner une petite bande clandestine déglinguée et dépouillée, où un feu Donald Pleasance n'aurait absolument pas dénoté dans l'équation, en wannabe prête fatigué guidant le chêne autrichien sur le droit chemin.
Ce qu'elle est, sporadiquement, quand Schwarzy, qui cherche sincèrement à dévoiler un versant plus dramatique dans son jeu d'acteur pourtant limité (ce qu'il reproduira plus tard, en mal dans Dommage Collatéral, en bien dans Maggie), en sauveur - littéralement - sacrificiel qui dégaine ses maigres punchlines à un diable mi-diablotin, mi-pyromane du dimanche (ça pète de partout, souvent pour rien), ou quand il n'éteint pas un rituel satanique à coups de grenades et de mitraillettes (sans compter l'anecdote comme quoi Schwarzy aurait délibérément pété à la gueule de la comédienne Miriam Margolyes !).
De rares moments où le plaisir n'est plus un obstacle à une logique totalement consciente d'être... illogique.
Et c'est vraiment dommage, tant une vraie atmosphère malsaine embaume cette œuvre tentant maladroitement de surfer sur la vibe catho-apocalyptique/peur de l'an 2000 (période qui, ironiquement, marquera de vrais changements apocalyptiques dans la vie du comédien) popularisé par, entre autres, Stigmata (déjà déjà Byrne, pas un hasard), mais sans avoir ni la plume, ni la puissance cinématographique nécessaire pour le faire (sans doute un peu tronqué par des délais de production raccourcis).
Le film vieillit un poil mal certes, comme toute évasion musclée à l'ancienne, mais définitivement moins que le troisième millénaire tout en politique du futur Gouvernator...
Jonathan Chevrier
#152. La Fin des temps de Peter Hyams (1999)
Un film fantastico-horrifique sous fond d'apocalypse, avec le monument Arnold Schwarzenegger, avoue que ça te la coupe hein ?
Alors ouais, si t'as la mauvaise foi d'un cinéphile élitiste qui ne sait pas ce que peut flairer l'odeur de la bisserie de luxe, squattant furieusement les bacs à DVD de ton Leclerc préféré (un parfum oscillant entre le souffre, le pet concentré et la transpiration), tu pourrais dire que tout film impliquant le bonhomme passé le second tiers des années 90, est une horreur à regarder (Junior, La Course aux jouets et Batman & Robin dans nos veines).
Mais le vrai cinéphile lui, éduqué à la VHS sèche et aux affiches mensongères, reluquées avec concentration comme si chaque location impliquait directement sa propre vie (où, au minimum, la bonne santé du week-end familial), il réclame ce type de proposition presque avec la bave au coin des lèvres - et pas ailleurs, stay classy cher lecteur.
© 1999 Universal Pictures |
C'est toute la promesse donc de La Fin des temps, opus de destruction massive intelligemment délaissé par Guillermo Del Toro, Sam Raimi ou encore Marcus Nispel (bazardé en pleine production pour " divergences artistiques ", preuve du talent certain du bonhomme), voire même par Tom Cruise, Jennifer Connelly et Heath Ledger (qui devait camper Satan, sacrée blague), et in fine chapeauté par un Peter Hyams jusque-là habitué à sublimer les kickeries d'un JCVD aux narines poudrées.
Vissé sur un pitch complotisto-rigolo aux personnages absurdes (Satan se cherche une nana et à une heure - entre 23h et minuit, le 31 décembre - pour devenir papa la veille du nouvel an 2000, et ainsi défaire toute l'humanité et en briguant le poste de nouveau patron d'un nouvel univers : monumentale erreur), la narration suit donc un Schwarzy lassé de botter le popotin de vilain bas du front de la série B de luxe, et qui se frite carrément avec le diable himself à la veille d'une potentielle apocalypse (parce que oui, t'as mal lu Le Livre de l'Apocalypse, 666 en vrai c'est 999... et donc 1999, ne cherche pas, c'est mathématique).
Sauf que l'éternel T-800, ici nommé Jericho Cane (subtilité) à ses propres problèmes : il ne se remet pas de l'assassinat de sa femme et de sa fille, boit beaucoup trop, bouffe de la merde et n'a pas le temps d'aller faire un tour chez le barbier.
Mais comment peut-il sauver l'humanité, et préserver du mal(e) une jeune femme choisie dès la naissance pour enfanter l'antéchrist, s'il n'a même pas le temps de se raser ?
© 1999 Universal Pictures |
C'est toute la subtilité (lol) derrière une narration qui louche à la fois sur le polar Fincherien, le thriller surnaturel - avec un doigt de gore - et l'actionner burné, et servant de pivot à une expérience aussi fragile que furieusement pessimiste, qui a continuellement peur de sa propre obscurité (un Gabriel Byrne méchamment suave, qui incarne un Satan génialement aux antipodes d'un Al Pacino merveilleusement over-the-top dans L'associé du diable) voire même de sa propre perversité (malgré l'arrivée dantesque de Satan dans un resto chic) et de son propre nihilisme (l'humanité ne mérite pas vraiment d'être sauvée), alors qu'il avait tout sur le papier pour incarner une petite bande clandestine déglinguée et dépouillée, où un feu Donald Pleasance n'aurait absolument pas dénoté dans l'équation, en wannabe prête fatigué guidant le chêne autrichien sur le droit chemin.
Ce qu'elle est, sporadiquement, quand Schwarzy, qui cherche sincèrement à dévoiler un versant plus dramatique dans son jeu d'acteur pourtant limité (ce qu'il reproduira plus tard, en mal dans Dommage Collatéral, en bien dans Maggie), en sauveur - littéralement - sacrificiel qui dégaine ses maigres punchlines à un diable mi-diablotin, mi-pyromane du dimanche (ça pète de partout, souvent pour rien), ou quand il n'éteint pas un rituel satanique à coups de grenades et de mitraillettes (sans compter l'anecdote comme quoi Schwarzy aurait délibérément pété à la gueule de la comédienne Miriam Margolyes !).
De rares moments où le plaisir n'est plus un obstacle à une logique totalement consciente d'être... illogique.
© 1999 Universal Pictures |
Et c'est vraiment dommage, tant une vraie atmosphère malsaine embaume cette œuvre tentant maladroitement de surfer sur la vibe catho-apocalyptique/peur de l'an 2000 (période qui, ironiquement, marquera de vrais changements apocalyptiques dans la vie du comédien) popularisé par, entre autres, Stigmata (déjà déjà Byrne, pas un hasard), mais sans avoir ni la plume, ni la puissance cinématographique nécessaire pour le faire (sans doute un peu tronqué par des délais de production raccourcis).
Le film vieillit un poil mal certes, comme toute évasion musclée à l'ancienne, mais définitivement moins que le troisième millénaire tout en politique du futur Gouvernator...
Jonathan Chevrier