[CRITIQUE] : L'Ombre du Feu
Réalisateur : Shinya Tsukamoto
Avec : Shuri, Mirai Moriyama, Oga Tsukao, Hiroki Kono,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget :
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Japon tente péniblement de se relever et de panser ses blessures. Unique survivante de sa famille, une jeune femme passe son temps enfermée dans le bar délabré qui lui sert de refuge, attendant le client. Un jour, elle voit débarquer un petit orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé. Entre ce trio atypique, un semblant de vie de famille commence à s’installer. Hélas, les traumatismes de la guerre auront tôt fait d’anéantir ce bonheur fugace...
Critique :
Figure imposante de la sous-culture nippone, au même titre que Takeshi Miike, Takeshi Kitano et Kiyoshi Kurosawa, Shinya Tsukamoto, fondateur - où presque - du cyberpunk nippon sur grand écran, est surtout l'une des dernières figures libres d'un septième art japonais qui les compte sur les doigts d'une main méchamment amputée.
Un artisan furieux d'un cinéma transgressif, apocalyptique et cathartique où les personnages se précipitent vers l'extinction à une vitesse vertigineuse, extirpant le " virus humain " de l'humanité et fusionnant avec la matière jusqu'aux limites de de l'orgasme.
Un auteur prompt à mettre en images la confusion intérieure du monde, de mutation de la chair confrontée à la peur de l'homme vers la (r)évolution, dont le cinéma avait pris une épaisseur supplémentaire à travers sa " trilogie de la guerre " (précédemment entamée avec Fires on the Plain et Killing) qu'il conclut avec son quinzième effort en date, L'Ombre du Feu, claque minimaliste et chaotique dont les émotions sont douloureusement jetées au visage du spectateur, avec une puissance à la fois chaotique et implacable.
Capturé juste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une ville qui a subi un bombardement incendiaire qui en a rasé une bonne moitié, la transformant en un tas de gravats et de débris, un enfer de poussière, la caméra ne semble jamais vouloir, pendant un temps, quitter le petit bar délabré dont la propriétaire, seule survivante de sa famille, vend son corps pour assurer un tant soit peu sa survie.
Un lieu marqué par cet " ombre du feu ", que vont bientôt rejoindre un jeune orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé revenant des Philippines, histoire de former une nouvelle famille de fortune dans un logis qui l'est tout autant, comme si de l’horreur de la guerre, quelque chose de beau pouvait naître pour la surmonter et revenir à un semblant de vie normale, malgré toutes les cicatrices béantes qui peinent à quitter les cœurs et les âmes.
Mais L'Ombre du feu a beau être incroyablement pacifiste et humaniste, les intentions de Tsukamoto ne sont pas tant de voguer sur le terrain du mélodrame plein d'amour et d'espoir (pas du tout son genre), que de pointer le fait que le chaos anarchique et déshumanisé de la guerre ne s'arrête pas lorsqu'un conflit s'éteint (bien qu'il ne s'éteigne jamais réellement), ses ravages planant comme une ombre néfaste et imposante, un fantôme qui hante et conduit ceux qu'il assaille au bord de la folie, les repoussent dans le cauchemar bien réel de l'impossibilité à pouvoir guérir, à pouvoir s'en remettre et à pouvoir tout simplement vivre.
Les trois personnages centrales, et encore plus cet enfant condamné à l'apprentissage d'une vie d'adulte terrifiante (incroyable Oga Tsukao), de l'histoire ne sont finalement que des fantômes luttant face à une mort qui les a déjà frappé (elle a tout perdu, même la propriété de son propre corps; l'enfant a perdu les siens, son innocence et soit déjà voler pour survivre; le soldat a vécu frontalement à l'enfer et en est revenu avec des séquelles psychologiques traumatisantes), dans un Japon d’après-guerre en ruines et dénué de tout espoir, ou les survivants des miraculeux des bombes et des balles ne font qu'errer, prêts à être oubliés jusqu'à ce qu'un nouveau conflit éclate et les emporte, pour de bon.
Véritable cauchemar éveillé sur pellicule, dont le calme olympien est continuellement trompé par des excès de violences à la fois abruptes et brutaux, concocté par un Tsukamoto au plus près des corps et de la misère humaine, L'Ombre du Feu se fait l'expression vibrante et déchirante de l'impuissance d'une humanité qui n'a de cesse de se détruire dans un cycle infini de violence et de haine, duquel il n'y a (et notre quotidien ne fait que le pointer amèrement et douloureusement) aucune issue possible.
Jonathan Chevrier
Avec : Shuri, Mirai Moriyama, Oga Tsukao, Hiroki Kono,...
Distributeur : Carlotta Films
Budget :
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Japonais.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Japon tente péniblement de se relever et de panser ses blessures. Unique survivante de sa famille, une jeune femme passe son temps enfermée dans le bar délabré qui lui sert de refuge, attendant le client. Un jour, elle voit débarquer un petit orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé. Entre ce trio atypique, un semblant de vie de famille commence à s’installer. Hélas, les traumatismes de la guerre auront tôt fait d’anéantir ce bonheur fugace...
Critique :
Véritable cauchemar sur pellicule concocté par un Tsukamoto au plus près des corps et de la misère humaine, #LOmbreDuFeu se fait l'expression vibrante et déchirante de l'impuissance d'une humanité qui n'a de cesse de se détruire dans un cycle infini de violence et de haine. pic.twitter.com/UKcDB68Gsk
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 5, 2024
Figure imposante de la sous-culture nippone, au même titre que Takeshi Miike, Takeshi Kitano et Kiyoshi Kurosawa, Shinya Tsukamoto, fondateur - où presque - du cyberpunk nippon sur grand écran, est surtout l'une des dernières figures libres d'un septième art japonais qui les compte sur les doigts d'une main méchamment amputée.
Un artisan furieux d'un cinéma transgressif, apocalyptique et cathartique où les personnages se précipitent vers l'extinction à une vitesse vertigineuse, extirpant le " virus humain " de l'humanité et fusionnant avec la matière jusqu'aux limites de de l'orgasme.
Copyright Carlotta Films |
Un auteur prompt à mettre en images la confusion intérieure du monde, de mutation de la chair confrontée à la peur de l'homme vers la (r)évolution, dont le cinéma avait pris une épaisseur supplémentaire à travers sa " trilogie de la guerre " (précédemment entamée avec Fires on the Plain et Killing) qu'il conclut avec son quinzième effort en date, L'Ombre du Feu, claque minimaliste et chaotique dont les émotions sont douloureusement jetées au visage du spectateur, avec une puissance à la fois chaotique et implacable.
Capturé juste au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une ville qui a subi un bombardement incendiaire qui en a rasé une bonne moitié, la transformant en un tas de gravats et de débris, un enfer de poussière, la caméra ne semble jamais vouloir, pendant un temps, quitter le petit bar délabré dont la propriétaire, seule survivante de sa famille, vend son corps pour assurer un tant soit peu sa survie.
Un lieu marqué par cet " ombre du feu ", que vont bientôt rejoindre un jeune orphelin chapardeur et un jeune soldat démobilisé revenant des Philippines, histoire de former une nouvelle famille de fortune dans un logis qui l'est tout autant, comme si de l’horreur de la guerre, quelque chose de beau pouvait naître pour la surmonter et revenir à un semblant de vie normale, malgré toutes les cicatrices béantes qui peinent à quitter les cœurs et les âmes.
Copyright Carlotta Films |
Mais L'Ombre du feu a beau être incroyablement pacifiste et humaniste, les intentions de Tsukamoto ne sont pas tant de voguer sur le terrain du mélodrame plein d'amour et d'espoir (pas du tout son genre), que de pointer le fait que le chaos anarchique et déshumanisé de la guerre ne s'arrête pas lorsqu'un conflit s'éteint (bien qu'il ne s'éteigne jamais réellement), ses ravages planant comme une ombre néfaste et imposante, un fantôme qui hante et conduit ceux qu'il assaille au bord de la folie, les repoussent dans le cauchemar bien réel de l'impossibilité à pouvoir guérir, à pouvoir s'en remettre et à pouvoir tout simplement vivre.
Les trois personnages centrales, et encore plus cet enfant condamné à l'apprentissage d'une vie d'adulte terrifiante (incroyable Oga Tsukao), de l'histoire ne sont finalement que des fantômes luttant face à une mort qui les a déjà frappé (elle a tout perdu, même la propriété de son propre corps; l'enfant a perdu les siens, son innocence et soit déjà voler pour survivre; le soldat a vécu frontalement à l'enfer et en est revenu avec des séquelles psychologiques traumatisantes), dans un Japon d’après-guerre en ruines et dénué de tout espoir, ou les survivants des miraculeux des bombes et des balles ne font qu'errer, prêts à être oubliés jusqu'à ce qu'un nouveau conflit éclate et les emporte, pour de bon.
Copyright Carlotta Films |
Véritable cauchemar éveillé sur pellicule, dont le calme olympien est continuellement trompé par des excès de violences à la fois abruptes et brutaux, concocté par un Tsukamoto au plus près des corps et de la misère humaine, L'Ombre du Feu se fait l'expression vibrante et déchirante de l'impuissance d'une humanité qui n'a de cesse de se détruire dans un cycle infini de violence et de haine, duquel il n'y a (et notre quotidien ne fait que le pointer amèrement et douloureusement) aucune issue possible.
Jonathan Chevrier