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[CRITIQUE] : Les Femmes au balcon


Réalisatrice : Noémie Merlant
Acteurs : Noémie Merlant, Souheila Yacoub, Sanda Codreanu, Lucas Bravo, Hannil Ghilas,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Comédie, Fantastique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
Ce film est présenté en Séance de Minuit au Festival Cannes 2024.

Trois femmes, dans un appartement à Marseille en pleine canicule. En face, leur mystérieux voisin, objet de tous les fantasmes. Elles se retrouvent coincées dans une affaire terrifiante et délirante avec comme seule quête, leur liberté.



Critique :



Hasard du calendrier où non, il était étonnant de voir que deux ans tout rond après le triomphe - totalement mérité - cannois du Portrait de la jeune fille en feu, deux de ses comédiennes vedettes, Noémie Merlant et Luàna Bajrami, vennaient faire leur retour sur la Croisette en 2021 avec leurs premiers efforts, Mi Iubita mon amour et La Colline où rugissent les lionnes; deux mouvements de cinéma finalement pas si éloigné l'un de l'autre autant dans leur maladresse, leur énergie palpable et leur sensibilité (joliment militante), que dans leur façon de privilégier une tactilité sensuelle si souvent liée aux cinémas de Céline Sciamma et Claire Denis.

Bien qu'il est vrai que si le film de Bajrami jouait la carte à la fois du récit initiatique pluriel et d'une ode enthousiasmante à la sororité et aux rêves de libertés et d'émancipation de trois jeunes femmes engoncées dans une société patriarcale qui les oppresse à tous les niveaux; celui de Merlant, lui aussi parsemé de quelques touches personnelles (mais sensiblement plus maladroit dans son écriture), tendait plus vers la romance pudique et l'hédonisme au coeur d'un été placée sous le signe de la découverte (pas uniquement de soi) et du partage, capturé dans une intimité proche du documentaire - en adéquation avec sa production sauvage et impulsive.

© 2024 NORD-OUEST FILMS - FRANCE 2 CINE'MA

D'été à la chaleur écrasante et de sororité, il en est à nouveau question avec son second long-métrage, Les Femmes au Balcon, de nouveau invité sur la Croisette (en séance de minuit cette fois), dont on peut sensiblement reprocher à son écriture les mêmes facilités que pour son premier effort (malgré la présence de Céline Sciamma au scénario), quand bien même elle se lance cette fois dans un pari furieusement audacieux, en arpentant le terrain sinueux du film de genre dans ce qui peut se voir comme une fusion colorée et singulière entre les cinémas de Pedro Almodòvar et Park Chan-wook, un cocktail sans retenue entre le thriller Hitchcockien, la comédie dramatique au féminin et le fantastique gentiment gore (avec un doigt de ghost story).

Partant d'une prémisse assez simple mais accrocheuse, qui démarre tambour battant avant de connaître un léger coup de mou, Merlant dessine un cinéma savoureusement chaotique et gourmand, qui laisse douloureusement de côté ses personnages - un brin sommaires - pour voguer vers l'idée d'une expérience à part, totalement consciente de son manque de solidité narrative dans sa quête d'une énergie presque hystérique mais marquante, qui ose tout quitte à se gameller.

Copyright Tandem

Sous couvert d'une proto-farce macabre, la cinéaste expose avec plus ou moins d'adresse le processus cocasse et cathartique de libération mené par trois femmes désireuse d'être autant elles-mêmes que de se venger de la violence des hommes perturbant leur vie, dans une remise en question brutale du pouvoir de la masculinité toxique.
Dommage dès lors, encore une fois, que l'écriture manque cruellement d'épaisseur et de complexité, tant l'audace de la proposition et de ses intentions, mérite totalement que l'on s'y attarde avec intérêt.


Jonathan Chevrier