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[CRITIQUE] : Abigail


Réalisateurs : Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett
Acteurs : Melissa Barrera, Alisha Weir, Dan Stevens, Kathryn Newton, Kevin Durand, Angus Cloud, Will Catlett, Giancarlo Esposito,...
Budget : -
Distributeur : Universal Pictures International France
Genre : Épouvante-horreur, Thriller, Comédie.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min

Synopsis :
Suite au kidnapping de la fille d’un puissant magnat de la pègre, un groupe de criminels amateurs pensaient simplement devoir enfermer et surveiller cette jeune ballerine afin de pouvoir réclamer une rançon de 50 millions de dollars. Retirés dans un manoir isolé, les ravisseurs commencent mystérieusement à disparaître, les uns après les autres, au fil de la nuit. C’est alors qu’ils découvrent avec horreur, que la fillette avec lesquels ils sont enfermés n’a rien d’ordinaire.



Critique :



Même si leur escapade du côté de chez Spyglass, pour aller s'occuper des deux derniers films chaotiques de la saga Scream, aura sensiblement écorné notre amour pour les deux lascars, force est d'admettre que le tandem Matt Bettinelli-Olpin/Tyler Gillett a tout de même encore suffisamment de crédit à nos yeux, pour que l'on est une certaine impatience à face à leurs futurs efforts, et encore plus lorsqu'ils arpentent un terrain qui leur est aussi familier que la comédie horrifique - avec ici la flexibilité du film de vampires.

Sur le papier donc, fleurant bon les douces effluves d'un From Dusk Till Dawn sauce gothique, Abigail vendait gentiment son pesant de pop-corn avec son histoire rentrant sensiblement dans le lard du fun (un groupe de criminels disparates après avoir kidnappé une jeune ballerine, se retrouve avec elle enfermé pendant 24h, et découvre à ses dépends qu'elle n'est rien de moins que la fille de Dracula, habituée à jouer les zigouilleuse pour papa), ainsi que sa structure (jusque dans son final un brin précipité) et un cadre confiné (un vieux manoir tortueux) rappelant sans trop forcer leur excellent et vicieusement drôle Wedding Nightmare.

Copyright Universal Pictures México

Bonne nouvelle, même si la bande annonce - voire tout le cirque marketing - annihile sensiblement le gros twist en son coeur, et que la somme de ses faiblesses s'avère un peu trop généreuse pour son bien, le film n'en reste pas moins un joli régal fantastique, le duo plongeant tête la première dans une sorte de proto-slasher d'action déglingué, fusion entre un heist movie plutôt sérieux, une comédie potacho-pachydermique et le film de vampires un chouia tendu et savamment gore, où ils n'ont jamais peur d'épouser tous les extrêmes possibles (côté humour un poil burlesque mais surtout très bas du front, comme dans leur amour démesuré pour les explosions de sang et de tripes, ou leur propension à vouloir renouer - en mal - avec un récit d'émancipation au féminin), quitte à parfois un peu trop fragiliser un édifice à l'équilibre déjà furieusement précaire.

Et contre toute attente, c'est par la richesse de jeu de sa distribution, qui arrive à solidement vendre quelques dialogues turbo-débiles comme à rendre empathique une bonne galerie de personnages pourtant génériques et caricaturaux as hell (mention à un hilarant Kevin Durand, un hystérico-paranoïaque Dan Stevens, à une Kathryn Newton tout en sarcasme mais aussi et surtout à la jeune Alisha Weir, aussi vulnérable que vénéneuse), que Abigail s'essouffle le moins et arrive continuellement à rester sur de bons rails, alors que le cœur vibrant du film réside, ironiquement, autant dans une double quête avortée et sanglante de reconstruction/restructuration de la structure familiale, que dans la caractérisation de " monstre " du même nom.

Copyright Universal Pictures México

Une figure à la fois terrifiante et tragique, un enfant-vampire au pathétique touchant tant sa rage sans réserve n'est que la résultante de sa condition, de sa soif d'amour et d'attention - au moins autant que par l'abandon de son paternel.
Même s'il ne pète pas dans la soie de l'originalité et que son rythme - comme son humour - en laissera plus d'un sur le carreau, Abigail fonce sur la jugulaire pour masquer ses gros sabots et trouver son propre ton, fragile et démesuré, chaotique et parfois réellement jubilatoire.

Sympathique et efficace mais clairement dans la redite donc, autant de leur propre cinéma que dans la réminiscence d'une horreur comique tout droit sorti des 80s, et qui n'a donc pas fini d'influencer son monde...


Jonathan Chevrier



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