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[CRITIQUE] : La Jeune femme à l'aiguille

Copyright Lukasz Bak

Réalisateur : Magnus von Horn
Acteurs : Trine DyrholmVictoria Carmen SonneBesir ZeciriJoachim Fjelstrup,...
Distributeur : Bac Films
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Danois, Polonais, Suédois.
Durée : 1h55min

Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2024.

Copenhague, 1918. Karoline, une jeune ouvrière, lutte pour survivre Alors qu’elle tombe enceinte, elle rencontre Dagmar, une femme charismatique qui dirige une agence d'adoption clandestine. Un lien fort se crée entre les deux femmes et Karoline accepte un rôle de nourrice à ses côtés.

Critique :



Il y a, évidemment, une révérence assumé à Bergman (Persona en tête) et à l'expressionnisme allemand au cœur du troisième long-métrage de Magnus Von Horn, La jeune femme à l'aiguille, qui convoque sur la base d'une histoire vraie (celle de Dagmar Overbye, qui récupérait les enfants de femmes incapables de s'en occuper, pour mieux les tuer, elle qui serait - au moins - coupable de 25 infanticides entre 1913 et 1920), une forme de naturalisme suranné dont les nuances sont totalement absentes ou presque, dans le septième art contemporain.

Par la force d'un noir et blanc qui catapulte sans forcer, son histoire vers le mélodrame pur et dur aux forts accents d'horreur gothique, le cinéaste s'attache sans concession au destin, dans le Copenhague de la fin de la Première Guerre mondiale, de la pauvre Karoline, qui traverse toutes les calamités imaginables dans une sorte d'odyssée tout en humiliations et en brimades, alors que son mari, parti au front, reviendra à elle avec un visage détruit par les cicatrices.

Copyright Lukasz Bak

Mise enceinte par un patron qui abusait d'elle, mais n'a nullement envie d'en assumer les conséquences - parce qu'ils ne sont pas de la même classe sociale -, elle tentera par elle-même de se faire avorter, avant de tomber dans la toile « protectrice » d'une tueuse en séries...
Voguant continuellement sur le terrain du cauchemar naturaliste et angoissant, dont il n'a de cesse de repousser les limites d'une manière abusivement cumulative (voire inutilement sensationnaliste, comme cette tentative d'avortement réellement insoutenable), Von Horn laisse continuellement la sensation désagréable d'être un cinéaste qui jouit d'une manière douloureusement perverse, avec le malheur qu'il afflige à son héroïne.

Sorte de Lars Von Trier du pauvre qui délaisserait moultes thématiques fascinantes - et sensiblement actuelles -, pour une narration paratactique qui ne fait que juxtaposer ses éléments sans véritable liant, sans construire de vrais moments d'intensité émotionnelle alors qu'elle aborde sans réserve le mélodrame, une narration qui n'approfondit jamais réellement ses personnages pour uniquement s'attacher à la représentation de leurs maux et malheurs.
Tout en maladresse et en occasions manquées, La jeune femme à l'aiguille, malgré un noir et blanc enchanteur, apparaît douloureusement fade mais aussi et surtout férocement prétentieux dans son voyeurisme.


Jonathan Chevrier