[CRITIQUE] : Le Tableau Volé

Réalisateur : Pascal Bonitzer
Avec : Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi, Louise Chevillotte, Arcadi Radeff, Laurence Côte,…
Budget : -
Distributeur : Pyramide Distribution
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h31min

Synopsis :
André Masson, commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Très sceptique, il se rend sur place et doit se rendre à l’évidence : le tableau est authentique, un chef-d'œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cet événement le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril. Heureusement, il va être aidé par son ex-épouse et collègue Bertina, et par sa fantasque stagiaire Aurore...

Critique :

#LeTableauVolé ou une plongée immersive au cœur du tortueux monde de l'art et de la vérité particulière des salles de ventes, entre la satire amusée au verbe vif et le jeu de pistes saupoudré d'un commentaire social sous fond de mépris de classe, pas aussi affûté qu'il l'aimerait pic.twitter.com/a424cgQ5wH
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 2, 2024

Il en aura fallu du temps, au moins plus de deux décennies d'une carrière discrète mais pas moins brillante, composée d'une flopée de seconds rôles d'exception et de trop rare grands rôles, pour que l'exceptionnelle Léa Drucker soit enfin reconnu à sa juste valeur dans le paysage cinématographique français, et qu'elle rallie sans trembler tous les suffrages.

Si l'on peut chipoter, parfois, sur quelques choix maladroits (vous en connaissez beaucoup vous, des comédiennes qui seraient ressortie de Cyprien avec un César quelques années plus tard ? Catherine Deneuve était déjà primé, ça ne joue pas), elle est de ses rares comédiennes qui fait déplacer un spectateur en salles, sur sa seule et unique présence.

Preuve en est le nouvel effort en date de Pascal Bonitzer, qu'on avait laissé avec le mitigé - pour être poli - Les Envoûtés (chronique ennuyée et ennuyeuse sur la relation " passionnée " entre une Sara Giraudeau pigiste pour un magazine féminin, et un Nicolas Duvauchelle artiste sauvage, qui aurait aperçu brièvement le fantôme de sa mère au moment de sa mort), Le Tableau Volé, petit bout de comédie dramatique inspirée d'une incroyable histoire vraie (la découverte, au début des années 2000, d’un tableau d’Egon Schiele , spolié par les nazis, dans le pavillon d’un jeune ouvrier chimiste de la banlieue de Mulhouse par un spécialiste d’art moderne d’une grande maison de vente internationale), ou elle excelle aux côtés d'une sacrée galerie de comédiens talentueux - le génial Alex Lutz en tête.

D'un sacré fait divers, le cinéaste construit donc une fiction résolument divertissante, façon plongée méticuleuse et immersive au cœur du tortueux monde de l'art et de la vérité particulière du microcosme des salles de ventes ou l'art n'est vu que comme une potentielle valeur marchande, entre la satire amusée au verbe vif et mordant, et le jeu de pistes molasson saupoudré d'un commentaire social sous fond de mépris de classe, peut-être pas aussi affûté qu'il aimerait le penser.

Ballet humain un poil confus dans son accumulation de personnages et dans les ramifications d'une narration qui aurait mérité d'être un poil plus ramassée (même s'il ne pète jamais plus moins que les 90 minutes de bobine, montre en main), Le Tableau volé n'en est pas moins une élégante et captivante séance qui cultive une légère intelligence du hors-champ, petit bout de cinéma acerbe, romanesque et gentiment farfelu qui vaut plus que décemment son pesant de pop-corn.

Jonathan Chevrier