[CRITIQUE] : Fainéant·es

Réalisateur : Karim Dridi
Avec : Faddo Jullian, .jU., Odette Simoneau, Lucas Viudez,...
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.

Synopsis :
Nina et Djoul, copines inséparables, sont expulsées de leur squat. Elles reprennent alors la route à bord de leur vieux camion avec une soif de liberté et une seule obsession : faire la fête. Rencontres impromptues, travail saisonnier, concerts, joyeuses subversions, quelques galères mais surtout beaucoup d'aventures rythment désormais la vie nomade de ces deux amies.

Critique :

Dénué de tout angélisme et encore moins d'un sentiment de mépris putassier, #Faineantes embrasse la quête de liberté de deux femmes hors norme au sein d'un effort joliment immersif et tendre, autant ode à la sororité que vrai hymne à la différence et à la liberté. pic.twitter.com/8w0dzA20rj
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 30, 2024

On avait laissé Karim Dridi avec une petite claque en mars dernier, Revivre, pour laquelle il renouait le giron du documentaire vingt-cinq ans après Cuba Feliz, une plongée délicate et bouleversante au coeur du service de réanimation pédiatrique de l’hôpital de la Timone à Marseille, vissée sur l'intimité pendant une année charnière, de deux couples de parents emprisonnés dans l'attente insoutenable d'une greffe pour leurs bébés malades - un cœur pour Selim, un foie pour Luna -, alors qu'ils viennent d'être difficilement arrachés aux mains de la grande faucheuse, et luttent chaque jour pour survivre.

Un exercice funambule, à la fois détaché dans sa volonté de s'effacer et de laisser respirer chacune des expériences individuelles - sans jamais jouer la carte du voyeurisme putassier -, mais suffisamment proche pour coller à la vérité d'un quotidien tout en résilience aussi angoissé et qu'angoissant, aussi épuisant qu'il est pourtant continuellement frappé par le sceau de l'amour parental inconditionnel, et l'espoir d'un avenir meilleur.

Cet humanisme rare, on le retrouve avec une universalité et une sensibilité il est vrai moins marquée, au coeur de son nouvel effort, Fainéant·es, sorte de road movie social savamment logé entre la fiction et le drame ou le cinéaste s'oppose à l'aspect sensible et tout huis clos de sa précédente aventure médicale, pour suivre la destinée, littéralement à ciel ouvert, de deux femmes nomades et anti-conformistes un brin laissés-pour-compte au sein d'une société hexagonale qui tolèrent de moins en moins ceux qui débordent du cadre.
Soit Nina et Djoul, deux amies inséparables opposées mais complémentaires, fraîchement expulsées de leur squat et qui se décident à aller arpenter les routes de France au cœur d'un périple à leur image, à la fois solaire et difficile, tout en rencontres et en fêtes, en galères et en système D.

Dénué de tout angélisme et encore moins d'un sentiment de mépris putassier, Karim Dridi embrasse leur quête de liberté hors norme au sein d'un effort joliment immersif et tendre, autant ode à la sororité que vrai hymne à la différence et à la liberté, pas exempt de quelques (gros) clichés faciles, mais aux intentions et au coeur continuellement à la bonne place.
La jolie évasion/découverte de la semaine.

Jonathan Chevrier