[CRITIQUE] : Emilia Perez
Réalisateur : Jacques Audiard
Acteurs : Karla Sofía Gascón, Zoe Saldana, Selena Gomez, Adriana Paz,...
Budget : -
Distributeur : Pathé
Genre : Drame, Comédie Musicale, Thriller.
Nationalité : Français, Mexicain, Américain.
Durée : 2h10min
Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2024.
Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.
Critique :
Ce qu'il y a de particulièrement exceptionnel (comprendre : ridicule) dans la pluralité des avis entourant le cinéma français, c'est la tendance presque maladive que peut avoir la majorité à fustiger le manque cruel d'originalité de sa production, quand bien même il arrive à cette même majorité de se contredire elle-même en s'en allant critiquer tout effort qui, même dans ses maladresses plus ou moins marquées, viendrait rompre cette monotonie.
Comme le nouvel effort de Jacques Audiard, où plutôt sa nouvelle extravagance à la fois merveilleusement généreuse et incroyablement déconcertante, sorte d'opéra hyperstylisée et narco-queer français mais parlé et chanté en espagnol (!), qui a sensiblement divisé au sein d'un cirque Cannois qui ressemble, de plus en plus, à une arène où un public vite lassé (où à l'exigence ridicule, pour rester poli) vante ou détruit chaque gladiateur/film à coups d'adjectifs élogieux et/ou putassiers, visant plus la réaction fugace d'un like artificiel, qu'un vrai souci de partage cinéphile.
Car avec une œuvre telle que Emilia Perez, il ne suffit pas de pointer ses maladresses pour viser juste, mais aussi et surtout pour qualifier ce qu'elle est : un grand film, certes imparfait mais brillant dans sa volonté honnête de proposer quelque chose d'autre, quitte à foncer droit dans le mur - mais avec panache.
Acteurs : Karla Sofía Gascón, Zoe Saldana, Selena Gomez, Adriana Paz,...
Budget : -
Distributeur : Pathé
Genre : Drame, Comédie Musicale, Thriller.
Nationalité : Français, Mexicain, Américain.
Durée : 2h10min
Synopsis :
Ce film est présenté en Compétition au Festival de Cannes 2024.
Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.
Critique :
Fusion entre une télénovela aux rebondissements invraisemblables et une comédie musicale postmoderne et narco-queer aux accents Almodovariens, #EmiliaPerez ne rebondit pas toujours sur ses pieds face à chaque défi qu'il s'impose, mais il est de ses expériences qui laisse pantois. pic.twitter.com/pyZPwT31sB
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 27, 2024
Ce qu'il y a de particulièrement exceptionnel (comprendre : ridicule) dans la pluralité des avis entourant le cinéma français, c'est la tendance presque maladive que peut avoir la majorité à fustiger le manque cruel d'originalité de sa production, quand bien même il arrive à cette même majorité de se contredire elle-même en s'en allant critiquer tout effort qui, même dans ses maladresses plus ou moins marquées, viendrait rompre cette monotonie.
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Comme le nouvel effort de Jacques Audiard, où plutôt sa nouvelle extravagance à la fois merveilleusement généreuse et incroyablement déconcertante, sorte d'opéra hyperstylisée et narco-queer français mais parlé et chanté en espagnol (!), qui a sensiblement divisé au sein d'un cirque Cannois qui ressemble, de plus en plus, à une arène où un public vite lassé (où à l'exigence ridicule, pour rester poli) vante ou détruit chaque gladiateur/film à coups d'adjectifs élogieux et/ou putassiers, visant plus la réaction fugace d'un like artificiel, qu'un vrai souci de partage cinéphile.
Car avec une œuvre telle que Emilia Perez, il ne suffit pas de pointer ses maladresses pour viser juste, mais aussi et surtout pour qualifier ce qu'elle est : un grand film, certes imparfait mais brillant dans sa volonté honnête de proposer quelque chose d'autre, quitte à foncer droit dans le mur - mais avec panache.
Un effort in fine tout en dualité, que ce soit dans sa manière de s'inscrire jamais totalement dans la tradition de la comédie musicale autant que du mélodrame contemporain, où dans la personnalité même de sa figure centrale, un trafiquant de drogue nommé Manitas qui devient une femme, Emilia Perez, une figure brutale et entourée de violence qui se transforme en un ange rédempteur bouffé par la culpabilité (jolie partition de Karla Sofía Gascón), profitant de son abandon d'un monde du crime marqué par une masculinité toxique, pour épouser sa propre conscience féminine.
Une figure à l'image même du sempiternel affrontement entre le bien et le mal, où le personnage semble se trouver au carrefour de tout, dans la zone grise ou graviteront une pluie de personnalités elles-mêmes confrontées aux contradictions de leurs propres existences et de leurs choix (dont celle d'une avocate tout en désillusion, las de devoir servir les intérêts corrompus de l'appareil d'État, incarnée par une exceptionnelle Zoe Saldaña), elles-mêmes victimes d'une société violente et vampirique dont il il est difficile de s'échapper indemne.
Sans doute trop vulgaire et binaire pour les plus cyniques d'entre nous (où ceux dénué de toute distance réfléchie), Emilia Perez n'aspire pourtant jamais plus à n'être qu'un fantasme, une pure fantaisie cinématographique, sorte de fusion entre une télénovela aux rebondissements invraisemblables et une comédie musicale postmoderne aux accents Almodovariens, le tout avec en prime les cartels de la drogue mexicains et la crise existentielle d'un homme en pleine transition, qui ne peut pas totalement couper les ponts avec son ancienne existence.
Une œuvre libre, comme rêvent de l'être ses personnages, excessive mais jamais trop kitsch, d'une grande expressivité autant qu'elle laisse pantois; l'expression du génie d'un cinéaste à la polyvalence rare qui n'a jamais eu peur de prendre des risques, de voguer vers des productions en constante évolution, s'affranchissant continuellement des barrières de genres où même de langues, sans forcément perdre de vue son identité, sa vision, son cinéma.
Alors oui, il est plus qu'évident d'admettre que son Emilia Perez ne rebondit peut-être pas toujours sur ses pieds face à chaque défi qu'il s'impose, mais il est de ses expériences qui laisse pantois, de ces tempêtes qui bousculent, chamboulent dans le bon comme dans le mauvais sens du terme.
C'est ce qu'on appelle du cinéma, avec un grand C.
Jonathan Chevrier
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Une figure à l'image même du sempiternel affrontement entre le bien et le mal, où le personnage semble se trouver au carrefour de tout, dans la zone grise ou graviteront une pluie de personnalités elles-mêmes confrontées aux contradictions de leurs propres existences et de leurs choix (dont celle d'une avocate tout en désillusion, las de devoir servir les intérêts corrompus de l'appareil d'État, incarnée par une exceptionnelle Zoe Saldaña), elles-mêmes victimes d'une société violente et vampirique dont il il est difficile de s'échapper indemne.
Sans doute trop vulgaire et binaire pour les plus cyniques d'entre nous (où ceux dénué de toute distance réfléchie), Emilia Perez n'aspire pourtant jamais plus à n'être qu'un fantasme, une pure fantaisie cinématographique, sorte de fusion entre une télénovela aux rebondissements invraisemblables et une comédie musicale postmoderne aux accents Almodovariens, le tout avec en prime les cartels de la drogue mexicains et la crise existentielle d'un homme en pleine transition, qui ne peut pas totalement couper les ponts avec son ancienne existence.
Une œuvre libre, comme rêvent de l'être ses personnages, excessive mais jamais trop kitsch, d'une grande expressivité autant qu'elle laisse pantois; l'expression du génie d'un cinéaste à la polyvalence rare qui n'a jamais eu peur de prendre des risques, de voguer vers des productions en constante évolution, s'affranchissant continuellement des barrières de genres où même de langues, sans forcément perdre de vue son identité, sa vision, son cinéma.
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Alors oui, il est plus qu'évident d'admettre que son Emilia Perez ne rebondit peut-être pas toujours sur ses pieds face à chaque défi qu'il s'impose, mais il est de ses expériences qui laisse pantois, de ces tempêtes qui bousculent, chamboulent dans le bon comme dans le mauvais sens du terme.
C'est ce qu'on appelle du cinéma, avec un grand C.
Jonathan Chevrier