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[CRITIQUE] : The Beekeeper


Réalisateur : David Ayer
Avec : Jason Statham, Emmy Raver-LampmanJosh Hutcherson, Bobby Naderi, Minnie Driver, Jeremy Irons,…
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min

Synopsis :
La vengeance d'un homme prend une dimension nationale après qu'il se soit révélé être un ancien agent d'une puissante organisation clandestine connue sous le nom de "Beekeepers".



Critique :



On avait laissé David Ayer au fond du fond du trou qu'il s'était lui-même créé, avec bien nommé The Tax Collector, une purge sans nom, l'ultime goutte de pissé sur le walk of shame conscient d'un cinéaste lessivé, recherchant son mojo perdu en revenant " aux sources " de son cinéma, pour lequel il ne semblait plus vraiment avoir de souvenir non plus; une bête malade et sauvage, aussi désordonnée qu'elle ne semble jamais savoir ou aller ni sur quel pied danser.

Ne poussant jamais le spectateur à se soucier de ce qu'il voit, entre une écriture amorphe qui aligne les postures et les clichés faciles du film de gangs (le tout sans jamais croquer une caractérisation de personnage digne de ce nom), et une mise en scène indigne d'un DTV de Brett Ratner, la péloche se complaisait dans une bêtise incohérente autant que dans une brutalité mélodramatico-crasse, n'apportant aucune substance à une histoire rebattue et caricaturale.

Copyright Leonine

Mais puisque tout est possible à Hollywood, même les renaissances les plus improbables, il aura fallu qu'il croise à l'instar de Guy Ritchie, la route du tataneur chauve Jason Statham, pour que Ayer remette sa caméra enfin à l'endroit, et propose à la fois quelque chose de cohérent techniquement mais aussi et surtout, de réellement chouette à mirer.

Petit morceau d'action furieux, musclé et froidement jouissif, The Beekeeper n'a pas tant vocation à renouveler une popote familière qu'à en user de toutes les saveurs avec une ironie assez folle, le tout avec un pitch suffisamment barré/éclaté (un dur à cuire à la retraite et ex-agent secret d'une organisation clandestine appelée Beekeepers, vivant tranquillement sa nouvelle vie d'apiculteur, s'en va venger sa voisine, qui s'est suicidé après avoir été victime d'une escroquerie par hameçonnage qui lui fait perdre quasiment 2 millions de dollars, en liquidant tous les responsables de cette tragédie) pour savamment maintenir notre intérêt.

Pas besoin d'en donner plus, ni de contextualiser toute l'intrigue et ses enjeux, et encore d'offrir une quelconque humanité superficiel à son anti-héros : Ayer louche sur le Patrick Hill de Statham chez Guy Ritchie - le génial Un Homme en Colère -, vise continuellement l'épure et l'efficacité la plus glaciale et totale qui soit, et sa caractérisation précise (même si légère, évidemment) d'Adam Clay en est l'exemple le plus probant, tant dès le départ il est dépeint bien plus une bête de cinéma qu'un homme réel, une force imparable aussi monolithique et mécanique qu'un Terminator ayant déjà le sang-froid, mais avec des principes vissé dans ses poings.

Copyright Leonine

Et ça fonctionne vraiment bien, tant ils sont rares les tataneurs comme le Stath', à délivrer la marchandise avec autant d'aplomb, à incarner, allégoriquement, la foudre d'un nid de guêpes contre des méchants très cons et perpétuellement surpassés certes, mais surtout très méchants.

Intelligemment, Ayer exploite ses atouts sans trop chercher non plus à masquer ses failles, et délivre suffisamment de scènes de combats brutaux et de dialogues assénés la mâchoire serrée, pour raviver le souvenir nostalgique d'une action indésirable et gratuite tout droit sortie des 80s.
Dans The Beekeeper, la où la loi s'arrête, le Statham intervient et comme Marion Cobretti, il ne traite pas avec les détraqués, et encore moins avec ceux qui mettent en péril sa ruche.


Jonathan Chevrier