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[CRITIQUE] : Rapture


Réalisateur : Dominic Sangma
Avec : -
Distributeur : Capricci Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Chinois, Indien, Hollandais, Qatari, Suisse.
Durée : 2h07min.

Synopsis :
Dans un village du Meghalaya, au nord-est de l’Inde, plusieurs jeunes hommes disparaissent mystérieusement durant la nuit. Alors que les anciens accusent de kidnapping les étrangers de passage, le prédicateur y voit les prémices d’une apocalypse de 40 jours et 40 nuits qui plongera les habitants du village dans l’obscurité. Vu à travers les yeux de Kasan, un garçon de dix ans souffrant de cécité nocturne, les forêts alentour n’ont jamais paru aussi terrifiantes.



Critique :



Une toute petite touche de surnaturelle, voire même tout simplement d'étrangeté, savamment dosée, peut merveilleusement bousculer les attentes d'une narration pourtant furieusement ancrée dans le réel, nouée autour de thèmes aussi actuelles qu'universelles.

C'est définitivement tout le sel qui alimente la bobine du second long-métrage de Dominic Sangma - totalement tourné en langue garo -, Rapture, dont le premier effort est toujours inédit par chez nous (Ma.Ama, pourtant vendu comme le premier opus de ce qui est appelé à devenir une trilogie), drame atmosphérique et nocturne catapulté au sein d'une communauté elle-même nichée dans les montagnes du Meghalaya (village même où le cinéaste a vécu), au nord-est de l'Inde, pour qui l'obscurité - et tout ce qu'elle porte avec elle - n'est pas juste une histoire de manque de lumière, mais bien un terreau de tous les possibles.

Copyright Capricci

Comme pour le jeune Kasan, un mome curieux de dix ans souffrant de cécité nocturne, pour qui l'obscurité est un motif de terreur intime, une peur qui se mélange à une prophétie locale annonçant une apocalypse de 40 jours et 40 nuits, mais également à la disparition progressive de tous les jeunes hommes au cœur de la nuit.
Dites disparitions que les villageois imputent non pas à des forces surnaturelles, mais à des étrangers kidnappeurs d’enfants...

Confrontant avec une certaine habileté, la peur primaire et viscérale de l'obscurité et la lente perte d'innocence d'un jeune gamin confronté à la complexité de la maturité, aux dérives obscurantistes et paranoïaques d'adultes se pensant persécuter, Dominic Sangma concocte une séance à part, subtile et lancinante, entre la fable onirique merveilleusement contemplative et sensorielle, et le thriller matiné de critique religieuse et sociologique, visant à fustiger le repli sur soi autant qu'à interroger la notion de peur (collective comme intime) et les contradictions souvent terribles (et donc terrifiantes) de la nature humaine (ou quand les croyances et les idéologies peuvent être des véhicules de terreurs).
Une sacrée experience continuellement à hauteur d'enfant, à la fois joliment envoûtante et ambiguë, qui vaut décemment son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier