[CRITIQUE] : Un Jeune chaman

Réalisatrice : Lkhagvadulam Purev-Ochir
Acteurs : Tergel Bold-Erdene, Nomin-Erdene Ariunbyamba.
Distributeur : Arizona Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Mongole, Français, Portugais, Hollandais, Allemand.
Durée : 1h43min

Synopsis :
Zé a 17 ans et il est chaman. Il étudie dur pour réussir sa vie, tout en communiant avec l’esprit de ses ancêtres pour aider les membres de sa communauté à Oulan-Bator. Mais lorsque Zé rencontre la jeune Maralaa, son pouvoir vacille pour la première fois et une autre réalité apparaît.

Critique :

Entre le drame chamanique et le teen movie liant passage à l'âge adulte et traditions spirituelles ancestrales, #UnJeuneChaman surfe joliment sur la notion de dualité omniprésente dans une Mongolie bouleversée, au cœur d'un portrait juvénile tout en hésitation et en renoncement. pic.twitter.com/lv76JhzYZj
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 25, 2024

Pour les cinéphiles les plus avertis (ce n'est pas un concours, que ce soit dit), difficile de ne pas trouver quelques points de similitudes assez réconfortant entre le cinéma de feu Pema Tseden, et les débuts sensiblement prometteurs des deux jeunes cinéastes mongoles que sont Lkhagvadulam Purev-Ochir et Zoljargal Purevdash (le très beau Si seulement je pouvais hiberner, sorti plus tôt cette année), fièrement adoubées par les plus prestigieux festivals.

Sans doute, en grande partie dans la manière authentique et délicate qu'elles ont de conter les vicissitudes, à travers une figure juvénile en transition (illustration certes facile mais saisissante de leur propre nation), d'une Mongolie rarement représentée dans une salle obscure, dont la culture est équilibrée entre tradition et maigres efforts de modernité, en évitant les pièges faciles de la simple ethnographie ou même de la fragile observation sociale, tout en ne s'attardant jamais vraiment sur les aspects folkloriques.

La belle nuance entre les efforts de Purevdash et Purev-Ochir, qui arpentent donc tous deux la route sinueuse du récit initiatique nouée autour de l'opposition entre modernité et tradition (moins prononcé ici, cela dit), se situe dans sa toile de fond : le chamanisme, justement vissé que la narration est sur un jeune chaman/élève modèle, Zé, qui n'a pas tant de peine que cela à concilier les affres spirituels de cette singulière culture ancestrale frappée d'ostracisme, avec les tourments frénétiques de la société contemporaine, avant que ceux d'un premier amour ne l'enivre et le tourmente.

Entre le drame chamanique et le teen movie doux et poétique, liant le passage à l'âge adulte aux traditions spirituelles millénaires (qui n'est qu'une accumulation d'épreuves, comme l'initiation à la vie d'adulte), Un Jeune chaman s'articule assez joliment sur la notion de dualité omniprésente (bien/mal, ciel/terre, vie/mort, modernité/tradition, rigidité sociétale/désir d'indépendance juvénile, réalisme/onirisme, nomadisme qui se meurt/sédentarisation progressive,...) dans une nation en plein bouleversement, au cœur d'un authentique portrait adolescent tout en hésitation et en renoncement, sous fond de renversement des valeurs - même sacrées.

Un premier effort authentique et enchanteur.

Jonathan Chevrier