[CRITIQUE] : Sidonie au Japon

Réalisatrice : Élise Girard
Acteurs : Isabelle Huppert, Tsuyoshi Ihara, August Diehl,...
Distributeur : Art House
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Allemand, Japonais, Suisse.
Durée : 1h35min.

Synopsis :
Sidonie se rend au Japon à l’occasion de la ressortie de son best-seller. Malgré le dévouement de son éditeur japonais avec qui elle découvre les traditions du pays, elle perd peu à peu ses repères… Surtout lorsqu’elle se retrouve nez à nez avec son mari, disparu depuis plusieurs années !

Critique :

Tendre odyssée introspective et cathartique qui ne s'empêche pas pour autant, d'ironiser sur les différences culturelles,#SidonieAuJapon, vissé sur le tempo délicat imposé par Isabelle Huppert, se fait un beau drame sur le deuil et la nécessité de se retrouver, pour mieux avancer pic.twitter.com/n8t6CQd9qW
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 1, 2024

Pas besoin de trop tortiller de la fesse gauche pour réaliser que Sidonie au Japon, troisième long-métrage de la cinéaste Élise Girard (absente des salles obscures depuis son poétique et délicieux Drôles d'oiseaux), se balade en terres conquises, et encore plus à une heure où le pays du soleil levant semble être furieusement ancré dans l'imaginaire collectif européen, comme l'eldorado du moment, cocktail dépaysant entre une hypermodernité affirmée et un traditionalisme tout aussi marqué.

" The place to be " facile pour un choc des cultures cinématographique, quand bien même la vision de la cinéaste détonne gentiment du tout commun récent.
Car, aussi magnifique soit-il, le Japon apparaît surtout pour Élise Girard comme un lieu de stase, de stagnation salutaire voire même vitale pour une écrivaine réservée qui profite de ce voyage professionnel tout en vertige pour laisser derrière elle ne serait-ce qu'un instant, la souffrance de la perte d'un mari qui, même dans son quotidien furieusement rationnel, n'a de cesse d'être à ses côtés.

Pas un petit détail donc, que la narration se fixe à une âme en deuil, qui arpente les recoins d'une nation qui mêle si librement expériences, modernité et traditions, qui vit encore de et avec ses fantômes - intimes comme collectifs -, qui est totalement à l'écoute de la nature et de sa poésie.
Un cadre spirituel et spectral idéal pour une femme elle-même au carrefour de son existence, qui cherche à se redécouvrir et à tromper sa solitude autant qu'à metaboliser son processus de guérison à travers le choc des cultures purificateur qu'elle vit, et les rencontres essentielles qu'elle fait.

Tendre odyssée introspective et cathartique qui ne s'empêche pas pour autant, d'ironiser (avec plus ou moins de justesse, il est vrai) sur les différences culturelles, Sidonie au Japon, vissé sur le tempo délicat imposé par une Isabelle Huppert magnifique de sobriété, se fait un beau drame sur la nécessité de se retrouver, pour mieux avancer.
Pas la plus originale des popotes donc, mais toujours agréable au goût.

Jonathan Chevrier