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[CRITIQUE] : Sans Coeur


Réalisatrice•teur : Nara Normande et Tião
Acteurs : Maya de Vicq, Eduarda Samara, Alaylson Emanuel, Maeve Jinkings,...
Distributeur : Les Valseurs
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Brésilien, Français, Italien.
Durée : 1h31min.

Synopsis :
Été 1996, un village de pêcheurs dans le Nordeste brésilien. Tamara profite de ses dernières semaines avant de partir à Brasilia pour ses études. Un jour, elle entend parler d'une adolescente surnommée « Sans Cœur » en raison d'une cicatrice qui traverse sa poitrine. Au cours de l'été, Tamara se sent de plus en plus attirée par cette jeune fille mystérieuse.



Critique :



Il n'y a rien de plus grisant que de se lancer à la découverte des nouvelles voix qui peuvent irriguer un cinéma, et encore plus un cinéma de sensation prompte à nous offrir des séances mémorables et immersifs, comme nous le démontre la jolie galerie de productions issues d'un septième art brésilien particulièrement en verve ces dernières années.

Nouvelle preuve en date avec le mélancolique et nostalgique Sans Coeur, estampillé premier long-métrage d'un tandem Nara Normande et Tião, qui se fait l'extension de leur court-métrage Sem coração, passé par la case Croisette en 2014 et qui était librement inspiré par la jeunesse de la moitié féminine du duo.

Copyright CinemaScópio

Profondément romanesque (au point même qu'il aurait presque tout d'une balade estivale), le film joue la carte du coming of age movie entre réalisme et digressions lyriques, au plus près des vicissitudes d'une jeune fille aux prises avec les affres de l'adolescence - aux portes de l'âge adulte - et du trouble du corps, entre découverte de soi et du désir qui trouble tout, alors qu'elle est appelée à prochainement quitter le paradis terrestre (la plage paradisiaque d'Alagoas de Guaxuma) qui l'a vu grandir - une émancipation symbolique vers la capitale, Brasilia.

Un personnage loin d'être vampirisant, tant toute son odyssée est capturée à travers la bulle protectrice (même si pas exemptée de la brutalité extérieure) et réconfortante, tout en affection, en expérimentation et en compréhension face à une figure parentale à la fois absente ou déficiente, qu'elle forme avec sa bande d'amis soudés.
Une bulle ou chacun est libre d’exprimer ses singularités respectives (peut importe sa classe sociale), ou chacun, à sa manière et pour différentes raisons, tente de forcer leur transition vers la maturité pour mieux se trouver, voire même pour mieux sauver de leur condition.
Stand by me de Rob Reiner n'est jamais loin, jusque dans son onirisme, son invitation au mystère mais aussi et surtout, à sa violence sourde.

Copyright CinemaScópio

Tout en ambiguïté et en sensation, privilégiant la suggestion et les hésitations aux diatribes sur-explicatives (au point même que plus que les gestes, le cadre lui-même domine la parole), Sans Coeur est un formidable récit adolescent tout en couleurs chaudes, marquée par une envie irrépressible de liberté, celle d'une jeunesse confrontée à la dureté et la barbarie du monde.
La belle découverte de la semaine.


Jonathan Chevrier


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