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[CRITIQUE] : La Morsure


Réalisateur : Romain de Saint-Blanquat
Acteurs : Léonie Dahan-LamortLilith GrasmugFred BlinCyril Metzger,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h27min.

Synopsis :
1967, pendant le Mardi gras. Françoise, pensionnaire d’un lycée catholique, fait un cauchemar où elle se voit brulée vive. Persuadée qu’il ne lui reste qu’une seule nuit avant sa mort, elle fait le mur avec son amie Delphine pour vivre cette nuit comme si c’était la dernière.




Critique :



" La différence entre la vie et la mort est parfois si mince qu'il est préférable de croire que l'on est vivant. " Cette citation de Gréard Gévry est passionnante quand elle s’inscrit dans un contexte de fantastique où les personnages errent, doutant de leur propre statut et cherchant à mieux se réconcilier avec leur propre nature. C’est d’ailleurs le chemin qui se dessine dans La Morsure, premier long-métrage de Romain de Saint-Blanquat, alors même que l’on suit Françoise (Léonie Dahan-Lamort, constamment sur le fil de l’éclatement). S’évadant de son pensionnat catholique pour une nuit, la jeune femme craint une vision lui annonçant sa mort prochaine. Alors, dans sa fuite, elle cherche à vivre et mettre de côté cette crainte néanmoins sourde, telles les aiguilles instoppables du temps.

Copyright EASY TIGER_BNP PARIBAS PICTURES

Le fait d’incarner cette inquiétude dans la peau d’une adolescente parvient à mieux exprimer la porosité entre les statuts, le basculement vers la fin s’annonçant dans l’obligation de grandir et de se rapprocher peu à peu de notre mort. De ce ton funeste, Romain de Saint-Blanquat parvient à se réapproprier des codes gothiques pour mieux esthétiser son récit tout en lui conférant une patte, une touche qui n’en devient que plus vibrante par ses orientations thématiques. Sans forcer sur un côté rétro qui aurait pu être trop référentiel, le long-métrage se développe dans une énergie du doute sentimental.

Ainsi, ce garçon qui joue au vampire (à moins qu’il n’en soit réellement un ?) n’est-il pas une autre forme d’expression de cette confusion de l’état et de l’identité ? Il en est même révélateur du besoin de se déclarer par soi-même, comme si résonnait en ce premier film le besoin d’une affirmation identitaire tout en assumant une imagerie nourrie pour mieux en créer son propre récit. Le parallèle avec Françoise paraît alors cohérent alors même que la recherche d’analyse méta textuelle ne semble pas être la piste la plus fournie pour mieux relever des intentions accomplies du long-métrage.

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La Morsure capte le trouble des sentiments et de l’identité à l’orée d’une adolescence en pleine gestation, d’autant plus dans un contexte historique exhortant aussi bien à l’affranchissement qu’au renfermement. Romain de Saint-Blanquat parvient alors à se tirer d’une esthétique au potentiel trop reconnu pour mieux en extraire toute la sève d’un gothique émotionnel et d’une confrontation aux bouleversements, le tout de façon aussi atmosphérique que prégnante. C’est une bien belle découverte de cinéma rétro mais pas passéiste où perdure la fine ligne entre l’existant et le révolu, conte funèbre aux contours cotonneux.


Liam Debruel