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[CRITIQUE] : The Fall Guy


Réalisateur : David Leitch
Avec : Ryan Gosling, Emily Blunt, Aaron Taylor-Johnson, Hannah Waddingham,…
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 125M$
Genre : Action, Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h05min.

Synopsis :
C'est l’histoire d’un cascadeur, et comme tous les cascadeurs, il se fait tirer dessus, exploser, écraser, jeter par les fenêtres et tombe toujours de plus en plus haut… pour le plus grand plaisir du public. Après un accident qui a failli mettre fin à sa carrière, ce héros anonyme du cinéma va devoir retrouver une star portée disparue, déjouer un complot et tenter de reconquérir la femme de sa vie tout en bravant la mort tous les jours sur les plateaux. Que pourrait-il lui arriver de pire ?


Critique :



Nous avions laissé David Leitch dans un train avec Brad Pitt, convaincu de son amour pour l'action, moins convaincu de son talent pour la narration. Qu'à cela ne tienne, le réalisateur jette son dévolu sur un autre beau blond aux abdos d'acier, Ryan Gosling, et décide de le jeter dans le vide pour les beaux yeux d'Emily Blunt. The Fall Guy n'essaye pas de cacher que tout est prétexte à la blague et à l'action. Et c'est peut-être pour ça qu'on l'aime.

Copyright Universal Studios. All Rights Reserved.

Le raz-de-marée rose qu'était Barbie a posé Ryan Gosling sur un piédestal lustré. Il n'y a qu'à voir sa performance scénique aux Oscars, volant la vedette à sa co-star Margot Robbie et aux chanteuses présentes sur la bande originale du film, Billie Eilish ou Dua Lipa pour ne citer qu'elles. La promotion de The Fall Guy a bien compris l'enjeu du faux duel entre Barbie et Oppenheimer (Barbenheimer pour les intimes). Emily Blunt, qui jouait dans le film de Christopher Nolan, envoie des petites piques bien senties (et bien écrites) à son collègue, aux Oscars ou au Saturday Night Light, surfant sur la vague d'un événement d'envergure en salle de cinéma qui a coloré notre été 2023 en rose et en gris. Et s'il faut dire au revoir à Ken et à Kitty (sur du Taylor Swift s'il vous plaît), il faut aussi garder en tête l'iconisation d'un Ryan Gosling en plein boom comique. Le monsieur a bien compris que son corps ne suffisait plus, il lui faut devenir l'idiot gentil pour faire rêver filles et garçons.

Il n’est donc pas étonnant de voir l’acteur s’enfermer dans ce type de rôle et Colt Seavers, son personnage dans The Fall Guy, en est une belle continuité. Cascadeur, beau parleur, simplet au grand cœur, il a fait chavirer celui de Jody (Emily Blunt), une camerawoman qui rêve d’être réalisatrice. Si seulement il pouvait couler le parfait amour avec sa belle ! Mais hélas, le destin et un fil de sécurité en ont décidé autrement. Colt tombe dans le vide, se blesse au dos et laisse tout tomber : les cascades et Jody. Il les retrouve tous les deux, un an plus tard, embarqué dans la disparition mystérieuse de l’acteur tête d’affiche.

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Ancien coordinateur de cascade, David Leitch s’est plongé dans la réalisation avec un seul but, écrire une belle lettre d’amour au cinéma d’action. Sa filmographie est plus ou moins couronnée de succès. Avec ce nouveau blockbuster, il ne se cache plus derrière une histoire d’agent secret, de super-héros ou de tueur à gage. Le cinéma et les cascades devenus toile de fond, ornementés d’un peu de magouille artistique et de meurtre, le cinéaste se laisse l’espace pour explorer le métier de cascadeur et les scènes d’action dantesque, avec pour seule volonté le kiff pur et dur. The Fall Guy tient sur l’ironie de montrer les dessous hollywoodiens. Du blockbuster “sexy bacon”, facile à digérer et qui génère des millions, tout en constituant le parfait exemple de ce qu’il parodie. Le scénario met en valeur les métiers de l’ombre, les cascadeurs en premier évidemment, mais aussi toute l’équipe technique (dont le son, les grands invisibles de la profession) et fustige la production (Hannah Waddingham en productrice accro au diet coke) et la tête d'affiche (Sam Taylor-Johnson en acteur tête à claque) dont le seul but est de faire du fric. Le cinéaste partage son point de vue, sans en avoir l'air. Rien ne peut remplacer le savoir-faire humain. Pas de font vert, pas d'intelligence artificielle. En assumant son ton ironique, David Leitch parvient à tenir un humour bon enfant tout du long. Les personnages n’existent que pour embellir les scènes d’action. La narration s’amuse à briser le quatrième mur en nous montrant les artifices de cinéma (technique de montage, split screen, etc…). Comme si on invitait le spectateur derrière la toile magique, sans qu’il s'aperçoive que la magie opère toujours.

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Cartoonesque, The Fall Guy s’apprécie comme le blockbuster fun qu’on n’attendait plus, surtout de la part de David Leitch. Pourtant, le résultat est là : cascades à gogo, blagues à tout va, histoire d’amour contrariée et amour du cinéma, mélangés dans un shaker et servis par un Ryan Gosling à qui tout sourit. Nous avons déjà vu pire.


Laura Enjolvy


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