[CRITIQUE] : Imaginary
Avec : DeWanda Wise, Betty Buckley, Tom Payne, Veronica Falcon,…
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Lorsque Jessica retourne dans sa maison d’enfance avec sa famille, sa plus jeune belle-fille Alice développe un attachement étrange pour un ours en peluche qu’elle a trouvé dans le sous-sol et nommé Chauncey. Tout commence par des jeux innocents, mais le comportement d’Alice devient de plus en plus inquiétant. Jessica comprend alors que Chauncey est bien plus qu'un simple jouet…
Critique :
#Imaginary est au final assez inoffensif, beaucoup trop lisse pour son bien et celui des spectateurs. Aucun frisson en vue dans cet univers édulcoré sans imagination, malgré un perso principal bien croqué et joliment interprété par la charismatique DeWanda Wise. (@LeoIurillo) pic.twitter.com/Lot4kPdqNm
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 6, 2024
Imaginary est une brave production Blumhouse qui n’a rien de bien originale mais ne démérite pas pour autant. On pourrait trouver de l’ironie dans le titre tant le film manque d’imagination. Mais s'attendait-t-on à autre chose ? Arrêtons-nous d’abord sur le plus gros défaut du film. Celui-ci est bien trop lisse et manque cruellement d’imagination. Si cela est assez inoffensif dans la première partie du film qui expose principalement les dynamiques entre les différents personnages et propose quelques gentillets jumpscares ni vraiment ratés ni vraiment réussis, cela devient une véritable tannée dans le dernier tiers du film censé se passer dans un monde fantasmé et excessif. Le film prend le parti pris de la facilité en proposant un univers pompé sur celui de Tim Burton, mais sans aucune consistance.
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En soit, rien de bien surprenant de la part de Jeff Wadlow, réalisateur dont c’est la troisième collaboration avec Blumhouse. Après Action ou vérité en 2018 que je n’ai personnellement pas détesté, et Nightmare Island en 2020 qui se sont tous deux fait descendre par la critique, les attentes n’étaient vraiment pas bien élevées. Et pourtant on ne peut que reconnaître une certaine générosité dans ses autres films (Kick Ass 2, Cry_Wolf…). Dommage qu’elle ne se sente pas dans ses collaborations avec Blumhouse. Imaginary n’échappe pas à la règle et reste bien trop gentiment dans le cadre. En somme, une énième production Blumhouse.
Et pourtant, le film a tout de même quelques jolies idées notamment sur l’écriture de son personnage principal. Il est simplement dommage que ces pistes d'écriture ne soient pas suivies par un traitement plus abouti des éléments horrifiques et fantastiques. Jessica est principalement vu par le prisme de son statut de belle-mère, rôle casse-gueule s’il en est. Marâtre, voleuse de père, mère de substitution parfaite, l’évocation de la belle-mère nous amène vers un ramassis de clichés et d’archétypes qui flirtent gentiment avec la misogynie, plus souvent personnage faire valoir que réellement creusé. Imaginary prend le contre pied et place la belle-mère au centre du film sans pour autant la définir uniquement comme tel. Jessica est un personnage complexe - pour ce type de production, on s’entend - avec un travail, des principes, une famille. Si chacun des personnages aimeraient la reléguer aux clichés attachés à sa fonction, Jessica passera tout le film à se battre pour exister tout simplement dans ce nouveau cercle familial. Et mine de rien, elle n’est pas si mal écrite si l’on laisse de côté quelques maladresses.
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Parmi ces maladresses, impossible de ne pas évoquer les deux filles qui sont elles par contre, des clichés sur patte. Entre Alice (vraiment Alice ? pouvait-on faire plus référencé que cela ?) la petite fille qui parle déjà comme si elle avait quarante ans et un prêt à rembourser et Taylor l’adolescente en crise qui enchaîne bêtise sur bêtise sans raison, Imaginary s’imbrique dans la grande lignée des films d’horreur qui ne savent absolument pas comment écrire et faire parler un enfant. Et pour un film dont l’enfance est le sujet principal, c’est tout de même un sacré problème.
Imaginary est au final un film bien inoffensif, beaucoup trop lisse pour son bien et celui des spectateurs. Il propose tout de même une belle écriture de personnage principale joliment interprété par la charismatique DeWanda Wise. Aucun frisson en vue dans cet univers édulcoré sans imagination. Ceci-dit si vous avez cinq minutes, allez faire un tour sur le chatbot du film pour échanger avec le petit ourson. Tout comme le film, cela ne sert à rien mais fait tranquillement passer le temps. Puis après tout, il est plus important de réussir son marketing que son film non ?
Éléonore Tain