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[CRITIQUE] : Venus


Réalisateur : Jaume Balagueró
Acteurs : Ester ExpósitoÁngela CremonteMagüi MiraFederico Aguado,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h40min.

Synopsis :
“Danseuse exotique“ dans un club, Lucia vole ses mafieux de patron et file se planquer chez sa sœur, dans une barre d’immeuble avec son lot de secrets. L’étau se resserre, les gangsters rôdent et une éclipse risque de compliquer encore plus la situation.



Critique :



Force est d'admettre que pour tout cinéphile un minimum curieux, il n'y a pas besoin de labourer plus que de raison les terres cinématographiques espagnoles, pour y trouver quelques-uns des cinéastes les plus intéressants du fantastique contemporain, au point même que si l'Australie ne viendrait pas fréquemment taper du pied - et de la pellicule -, nous serions presque tenté d'affirmer que la vraie terreur depuis le milieu des années 90, à un passeport ibérique.

Tête de liste de cette armada depuis ses débuts aussi prolifiques que prometteurs (La Secte sans Nom, Darkness, Fragile, À Louer, [REC],...), Jaume Balagueró, dont le parcours est à la fois riche et cohérent (rédaction d'un fanzine consacré au fantastique - Zineshock -, quelques courts et un passage à la télévision avant le grand bain du septième art), a sensiblement lâché la rampe depuis un petit moment, à tel point que le bonhomme s'est même laissé aller à quelques infidélités au genre, pas franchement mémorable - l'ersatz d'Ocean's Eleven/The Italian Job au casting européen hétéroclite, Braquage Final.

Bonne nouvelle, son chemin de croix semble enfin être arrivé à son terme avec le bien nommé Venus, second opus de la Fear Collection chapeauté de près par Alex De la Iglesia, qui y a signé le mitigé Veneciafrenia, dégainé avec un mépris similaire par Prime Vidéo la semaine dernière
.

Copyright Sony Pictures Releasing International

Vissé sur la fuite désespérée d'une danseuse exotique qui a la mauvaise idée de voler ses mafieux de patron, et une encore moins bonne de se planquer chez sa sœur, vivant dans un immeuble miteux de la banlieue madrilène (avec quelques sorcières dans l'appartement du dessus, et sa nièce sur les bras), le film se fait une proposition horrifique hybride entre le film de gangsters (avec ses figures faciles et gentiment stéréotypés), le survival brutal, le film de maison hanté et le trip onirico-surnaturel aux jolis inserts Lovecraftiens, flanqué au sein sein cadre urbain pas si éloignée du bâtiment central de Cabrini-Green dans Candyman, sorte de cathédrale moderne décadente et terrifiante.

Chargé comme son atmosphère merveilleusement ambiguë et sinistre (exacerbée par la photographie à la fois élégante et craspec de Pablo Rosso), Venus n'en trouve pas moins un équilibre étonnant, entre une créativité démente qui vient continuellement contrebalancer une écriture - volontairement - taillée à la serpe et suggestive (caractérisation des personnages, historique des lieux, symboles ésotériques,...), et une propension à joliment pousser les potards de la démesure et du grotesque sans jamais atténuer sa puissance horrifique.

Cousin brutal et jouissif au Lord of Salem de Rob Zombie, avec un doigt de la folie baroque de De la Iglesia, Venus se fait une petite gourmandise douce et gore, qui laisse planer l'idée que Jaume Balagueró a enfin renoué avec un mojo que l'on pensait jusqu'ici disparu.
Vivement la suite donc, et pas qu'un peu.


Jonathan Chevrier


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