[CRITIQUE] : Shikun
Réalisateur : Amos Gitaï
Acteurs : Irène Jacob, Yaël Abecassis, Hana Laszlo, Naama Preis,...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Israëlien, Français, Italien.
Durée : 1h25min
Synopsis :
Inspiré de la pièce d’Eugène Ionesco, le film raconte l’émergence de l’intolérance et de la pensée totalitaire à travers une série d’épisodes quotidiens qui se déroulent en Israël dans un seul bâtiment, le Shikun. Dans ce groupe hybride de personnes d’origines et de langues différentes, certains se transforment en rhinocéros, mais d’autres résistent. Une métaphore ironique de la vie dans nos sociétés contemporaines.
Critique :
On avait laissé le cinéma d'Amos Gitaï en pleine pandémie du Covid-19, avec une sacrée déconvenue : Laila in Haïfa, expérience à la fois nonchalante et sur-écrite, qui tentait de représenter assez laborieusement, les maux de la société israélienne à travers un canevas de portraits tous plus ou moins bien croqués.
Une séance inachevé qui avait presque des allures de brouillon en vue d'une œuvre plus définitive.
En ce sens, il n'y a rien d'étonnant à voir son nouvel effort, Shikun, prétendre aux mêmes intentions thématiques au coeur d'un petit théâtre de l'absurde inspiré de la pièce Rhinocéros d’Eugène Ionesco (avec la merveilleuse Irène Jacob pour guide), qui dénonce avec férocité l'uniformisation de notre société contemporaine - et plus directement, celle israélienne.
Ici, à travers une pluie de personnages d’origines et de langues différentes, mais aussi et surtout d'une lentille à la fois cynique et impitoyable, le cinéaste conte l’émergence de l’intolérance et de la pensée totalitaire au coeur d'une dimension urbaine profondément claustrophobe, un shikun - ou HLM/logement social en hébreu -, sorte de ruches humaines tout en galeries/résidences qui s'entassent presque à l'infini.
Un récit choral, ou la caméra du Gitaï autant cinéaste qu'architecte, gravite avec grâce entre les communautés (dont certains se déguisent ou sont habillés en rhinocéros) pour mieux appuyer sa charge contre l'uniformisation, la standardisation assumée et effrénée d'une société totalitaire, dont les dérives autoritaristes et post-7 octobre du gouvernement de Netanyahu, n'ont fait que rendre encore plus irrespirable un quotidien déjà intenable.
Sorte de They Live (toute propension gardée, évidemment) à la métaphore bien trop subtile et réaliste pour ne pas être terrifiante, ce nouvel effort presque somme - où pas loin -, certes un peu trop théâtral pour son bien, nous renvoie avec justesse aux plus belles heures hybrides et politiques, de son cinéaste.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Irène Jacob, Yaël Abecassis, Hana Laszlo, Naama Preis,...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Israëlien, Français, Italien.
Durée : 1h25min
Synopsis :
Inspiré de la pièce d’Eugène Ionesco, le film raconte l’émergence de l’intolérance et de la pensée totalitaire à travers une série d’épisodes quotidiens qui se déroulent en Israël dans un seul bâtiment, le Shikun. Dans ce groupe hybride de personnes d’origines et de langues différentes, certains se transforment en rhinocéros, mais d’autres résistent. Une métaphore ironique de la vie dans nos sociétés contemporaines.
Critique :
Petit théâtre subtil de l'absurde, avec #Shikun, un Amos Gitaï autant cinéaste qu'architecte, peaufine sa charge contre l'uniformisation et la standardisation assumée et effrénée d'une société israélienne déboussolée, aux dérives autoritaristes encore plus affirmées aujourd'hui. pic.twitter.com/x74QQQEW7u
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) March 6, 2024
On avait laissé le cinéma d'Amos Gitaï en pleine pandémie du Covid-19, avec une sacrée déconvenue : Laila in Haïfa, expérience à la fois nonchalante et sur-écrite, qui tentait de représenter assez laborieusement, les maux de la société israélienne à travers un canevas de portraits tous plus ou moins bien croqués.
Une séance inachevé qui avait presque des allures de brouillon en vue d'une œuvre plus définitive.
Copyright Epicentre Films |
En ce sens, il n'y a rien d'étonnant à voir son nouvel effort, Shikun, prétendre aux mêmes intentions thématiques au coeur d'un petit théâtre de l'absurde inspiré de la pièce Rhinocéros d’Eugène Ionesco (avec la merveilleuse Irène Jacob pour guide), qui dénonce avec férocité l'uniformisation de notre société contemporaine - et plus directement, celle israélienne.
Ici, à travers une pluie de personnages d’origines et de langues différentes, mais aussi et surtout d'une lentille à la fois cynique et impitoyable, le cinéaste conte l’émergence de l’intolérance et de la pensée totalitaire au coeur d'une dimension urbaine profondément claustrophobe, un shikun - ou HLM/logement social en hébreu -, sorte de ruches humaines tout en galeries/résidences qui s'entassent presque à l'infini.
Un récit choral, ou la caméra du Gitaï autant cinéaste qu'architecte, gravite avec grâce entre les communautés (dont certains se déguisent ou sont habillés en rhinocéros) pour mieux appuyer sa charge contre l'uniformisation, la standardisation assumée et effrénée d'une société totalitaire, dont les dérives autoritaristes et post-7 octobre du gouvernement de Netanyahu, n'ont fait que rendre encore plus irrespirable un quotidien déjà intenable.
Sorte de They Live (toute propension gardée, évidemment) à la métaphore bien trop subtile et réaliste pour ne pas être terrifiante, ce nouvel effort presque somme - où pas loin -, certes un peu trop théâtral pour son bien, nous renvoie avec justesse aux plus belles heures hybrides et politiques, de son cinéaste.
Jonathan Chevrier