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[CRITIQUE] : Nome



Réalisateur : Sana Na N'Hada
Acteurs : Marcelino António Ingira, Binete Undonque, Marta Dabo,...
Distributeur : The Dark
Budget : -
Genre : Drame, Guerre.
Nationalité : Guinéen, Français, Portugais.
Durée : 1h52min

Synopsis :
Guinée-Bissau, 1969. Une guerre violente oppose l’armée coloniale portugaise aux guérilleros du Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée. Nome quitte son village et rejoint le maquis. Après des années, il rentrera en héros, mais la liesse laissera bientôt la place à l’amertume et au cynisme.



Critique :



Pour Amílcar Cabral, chef de la guérilla bissau-guinéenne pour l'indépendance du pays face à l'occupation/colonisation portugaise, le cinéma incarnait un élément important pour la lutte, un outil de propagande nécessaire pour motiver l'effort de guerre, pour constituer ce qui peut se voir comme une identité nationale sur pellicule.

Un idée du septième art qui n'est pas sans rappeler un versant définitivement plus sombre, celui de régimes totalitaires qui en usait pour magnifier leurs idéologies ou réviser l'histoire.
Mais c'est bien vers l'idée de se constituer une histoire par le truchement de la caméra (sans masquer les ravages de linstrulentalisation pour autant), qui irrigue avant tout Nome, troisième long-métrage de Sana Na N'Hada, cinéaste mais également premier directeur de l'Institut national du cinéma et de l'audiovisuel de Guinée-Bissau.

Copyright Spectre Productions

Fresque universelle façon réponse historiographie entre hier et aujourd'hui, ce nouvel effort incroyablement ambitieux mélange d'une manière joliment chaotique et didactique, la fiction - un solide récit d'émancipation - au témoignage du passé, à ce qu'il reste d'images capturées pendant la Guerre d'Indépendance, lui qui avait été envoyé, avec d'autres cinéastes, à Cuba au début des années 1970 pour y être formé au cinéma.

Familiarisant le spectateur avec les événements révolutionnaires de Guinée-Bissau, dans ce qui peut se voir comme une couverture accrue des événements à travers les atermoiements tout en innocence meurtrie d'un jeune homme hanté par les fantômes du passé et la mort, qui quitte son village et les siens pour s'engager dans la guérilla (le Nome du titre); le film, entre confusion historique et symbolisme culturel, interroge autant qu'il ausculte les ravages aussi bien humains qu'idéologiques de l'héritage coloniale, pour une nation qui n'a jamais vraiment su trouver une stabilité politique malgré sa " victoire ", qui n'a jamais su se départir de la barbarie même délesté de l’occupant portugais.

Copyright Spectre Productions

Amer et à vif, minimaliste et contemplatif, Nome, véritable œuvre testamentaire d'un cinéaste qui donne tout, et dont la créativité venant continuellement son manque de moyens évident, n'est certes pas exempt de quelques maladresses - plus narratives que visuelles - mais incarne une vraie expérience de cinéma captivante et essentielle.


Jonathan Chevrier


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