[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #151. Broken Arrow
Nous sommes tous un peu nostalgiques de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars. Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se baladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leur mot à dire... Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 80's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération. Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pilule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !
#151. Broken Arrow de John Woo (1996)
On dit toujours que la quasi-totalité des comédiens et comédiennes de la machine à rêves (comprendre : jungle hostile) Hollywoodienne, ont une date de péremption plus ou moins longue collée sur leur C.V., même si certains arrivent à la tromper avec une habileté parfois hors du commun.
Comme John Travolta, qui par deux fois à réussi à se sortir des limbes dans lesquelles il s'est lui-même jeté (la faute à des choix furieusement douteux), que ce soit à la fin des 80s ou au milieu des 90s, même s'il est aujourd'hui cantonné aux bas fonds des DTV de luxe ricains, cela dit plus honorables que les tataneries amorphes de ce bon vieux Steven Seagal, tournées entre deux usines à yaourt désaffectées bulgares.
Passé de next big thing à l'ascension fulgurante à quasi-has been à la mort du disco (et suite aux sorties presque conjointes des difficilement défendables Staying Alive et Perfect, qui suivait le chef-d'œuvre Blow Out de De Palma, injustement boycotté en salles), le si attachant bonhomme avait su pourtant remonter la pente par deux fois, avec un petit bonheur de comédie romantico-loufoque - Allô Maman, Ici Bébé d'Amy Heckerling -, puis via sa partition tout en héroïne et en pas chaloupés chez Quentin Tarantino, dans le cultissime Pulp Fiction.
S'il a su un temps rester sans encombre dans le viseur des majors Hollywoodiennes (en gros jusqu'au début des années 2000), il a depuis replongé dans les limbes du pire, reprenant presque les sandales abîmées d'un Bruce Willis qui n'est, malheureusement, plus capable de tourner quoi que ce soit.
Reste donc à exhumer ses meilleurs efforts passés et, quoiqu'en diront certains, Broken Arrow de John Woo, sorte de brouillon fou et savoureusement malade de Volte/Face, fait clairement parti de ceux-là.
Passé la débâcle de la post-production de Chasse à l'homme (ce qui l'attendra ici, une nouvelle fois à cause de la MPAA et de la FOX, ne sera pas forcément meilleur), et un temps pensé avec John Travolta en " gentil ", avant que celui-ci ait la brillante idée de passer du côté obscur, Woo peaufine mignon son apologie du chaos au travers du duel certes laborieusement mis en place (le gentil qui n'a pas la volonté de battre le vilain sur le ring, mais qui appelle inéluctablement une victoire dans une bagarre aux poings, dans un final épique), mais jouissif entre deux pilotes de l'US Air Force, Vic 'Deak' Deakins et Riley Hale, qui se font la guéguerre dans le désert de l'Utah moins pour deux ogives nucléaires (qui ont un affichage numérique, sans réel explication autre qu'être un effet pratique pour l'intrigue) que pour leur égo.
Il faut dire, le script " all inclusive " de Graham " Speed " Yost se fait le terreau parfait pour que le cinéaste dégaine une pluie d'explosions, de courses-poursuites (hélicoptère, Hummers, train de la mine, train de marchandises... tout y passe), de gunfights pas toujours cohérents mais avant tout et surtout de batailles de regards significatifs et de dialogues homériques, une baston verbale ou chacun des deux personnages discutent tranquillement de leur plans à coups de dialogues caricaturaux, sans la moindre interférence - même dans le trou du cul d'une mine de cuivre.
Du pain béni pour un cabotinage mignon et déséquilibré de John Travolta et Christian Slater (moins pour une Samantha Mathis vulgairement relégué au statut de sidekick de luxe au vernis faussement badass), d'autant que le vrai plaisir coupable ne réside pas tant dans son action plus ou moins intense (capturée avec nervosité par un Woo en charentaises, entre deux, trois ralentis brevetés), que dans la partition savoureusement comique et délicieusement psychotique du premier, qui trouvait dans le romantisme barré et exacerbé autant que le grotesque over-the-top du faiseur de rêves chinois - ici vachement édulcoré -, un moyen de briller plus que de raison.
Pas le meilleur porte étendard du Woo-isme en terres ricaines, mais un bon gros divertissement musclé et démesuré comme on en fait plus, de quoi nous rendre presque nostalgique ou même le plus calibré des films de commandes, ne nous prenait pas pour des cons.
Le bon vieux temps hein...
Jonathan Chevrier
#151. Broken Arrow de John Woo (1996)
On dit toujours que la quasi-totalité des comédiens et comédiennes de la machine à rêves (comprendre : jungle hostile) Hollywoodienne, ont une date de péremption plus ou moins longue collée sur leur C.V., même si certains arrivent à la tromper avec une habileté parfois hors du commun.
Comme John Travolta, qui par deux fois à réussi à se sortir des limbes dans lesquelles il s'est lui-même jeté (la faute à des choix furieusement douteux), que ce soit à la fin des 80s ou au milieu des 90s, même s'il est aujourd'hui cantonné aux bas fonds des DTV de luxe ricains, cela dit plus honorables que les tataneries amorphes de ce bon vieux Steven Seagal, tournées entre deux usines à yaourt désaffectées bulgares.
Passé de next big thing à l'ascension fulgurante à quasi-has been à la mort du disco (et suite aux sorties presque conjointes des difficilement défendables Staying Alive et Perfect, qui suivait le chef-d'œuvre Blow Out de De Palma, injustement boycotté en salles), le si attachant bonhomme avait su pourtant remonter la pente par deux fois, avec un petit bonheur de comédie romantico-loufoque - Allô Maman, Ici Bébé d'Amy Heckerling -, puis via sa partition tout en héroïne et en pas chaloupés chez Quentin Tarantino, dans le cultissime Pulp Fiction.
© 1996 - Twentieth Century-Fox Film Corporation |
S'il a su un temps rester sans encombre dans le viseur des majors Hollywoodiennes (en gros jusqu'au début des années 2000), il a depuis replongé dans les limbes du pire, reprenant presque les sandales abîmées d'un Bruce Willis qui n'est, malheureusement, plus capable de tourner quoi que ce soit.
Reste donc à exhumer ses meilleurs efforts passés et, quoiqu'en diront certains, Broken Arrow de John Woo, sorte de brouillon fou et savoureusement malade de Volte/Face, fait clairement parti de ceux-là.
Passé la débâcle de la post-production de Chasse à l'homme (ce qui l'attendra ici, une nouvelle fois à cause de la MPAA et de la FOX, ne sera pas forcément meilleur), et un temps pensé avec John Travolta en " gentil ", avant que celui-ci ait la brillante idée de passer du côté obscur, Woo peaufine mignon son apologie du chaos au travers du duel certes laborieusement mis en place (le gentil qui n'a pas la volonté de battre le vilain sur le ring, mais qui appelle inéluctablement une victoire dans une bagarre aux poings, dans un final épique), mais jouissif entre deux pilotes de l'US Air Force, Vic 'Deak' Deakins et Riley Hale, qui se font la guéguerre dans le désert de l'Utah moins pour deux ogives nucléaires (qui ont un affichage numérique, sans réel explication autre qu'être un effet pratique pour l'intrigue) que pour leur égo.
Il faut dire, le script " all inclusive " de Graham " Speed " Yost se fait le terreau parfait pour que le cinéaste dégaine une pluie d'explosions, de courses-poursuites (hélicoptère, Hummers, train de la mine, train de marchandises... tout y passe), de gunfights pas toujours cohérents mais avant tout et surtout de batailles de regards significatifs et de dialogues homériques, une baston verbale ou chacun des deux personnages discutent tranquillement de leur plans à coups de dialogues caricaturaux, sans la moindre interférence - même dans le trou du cul d'une mine de cuivre.
© 1996 - Twentieth Century-Fox Film Corporation |
Du pain béni pour un cabotinage mignon et déséquilibré de John Travolta et Christian Slater (moins pour une Samantha Mathis vulgairement relégué au statut de sidekick de luxe au vernis faussement badass), d'autant que le vrai plaisir coupable ne réside pas tant dans son action plus ou moins intense (capturée avec nervosité par un Woo en charentaises, entre deux, trois ralentis brevetés), que dans la partition savoureusement comique et délicieusement psychotique du premier, qui trouvait dans le romantisme barré et exacerbé autant que le grotesque over-the-top du faiseur de rêves chinois - ici vachement édulcoré -, un moyen de briller plus que de raison.
Pas le meilleur porte étendard du Woo-isme en terres ricaines, mais un bon gros divertissement musclé et démesuré comme on en fait plus, de quoi nous rendre presque nostalgique ou même le plus calibré des films de commandes, ne nous prenait pas pour des cons.
Le bon vieux temps hein...
Jonathan Chevrier