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[CRITIQUE] : Laissez-moi


Réalisateur : Maxime Rappaz
Acteurs : Jeanne Balibar, Thomas Sarbacher, Pierre-Antoine Dubey, Véronique Mermoud,...
Distributeur : Eurozoom
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
Claudine consacre toute sa vie à son fils. Toutefois, chaque mardi, elle s’offre une plage de liberté et se rend dans un hôtel de montagne pour y fréquenter des hommes de passage. Lorsque l’un d’eux décide de prolonger son séjour pour elle, Claudine en voit son quotidien bouleversé et se surprend à rêver à une autre vie.



Critique :



Imprévisible et indomptable, voilà des qualificatifs certes un brin pompeux, mais qui caractérisent pourtant assez justement la comédienne Jeanne Balibar, dont l'éclectisme des films (pour le meilleur comme pour le pire) auxquels elle prête son charme et son talent, force intimement le respect.

Il faut dire, ses derniers mois elle est passée du thriller bavard et mou du genou (Seule : les dossiers Silvercloud de Jérôme Dassier) à la comédie dramatico-conjugale à la fois drôle et grinçante (Le Processus de Paix de Ilan Klipper), puis du drame social brut (Bâtiment 5 de Ladj Ly) à la chronique historico-funeste fantasmée (Le Molière Imaginaire de Olivier Py), sans oublier le mi-biopic ciblé, mi-portrait troublé de la dure création du ballet Bolero de Ravel (Bolero de Anne Fontaine).

Copyright Eurozoom

Place désormais à Laissez-moi, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Maxime Rappaz, vissé sur les atermoiements d'une quinquagénaire/couturière compétente, Claudine, dont le quotidien ressemble un peu trop au cadre de son petit village niché au milieu des Alpes suisses : immuable et sans remous.
C'est la vie qu'elle a plus ou moins choisie, fruit des multiples décisions d'un passé qui semble certes de plus en plus lointain, mais qu'elle ne pourra évidemment plus jamais changer.

Si elle consacre toute sa vie à son fils handicapé (une prison autant pour elle que pour lui finalement, puisqu'elle pense être la seule à pouvoir s'occuper de lui), elle s'offre toutefois, chaque mardi, quelque instant de liberté pour elle-même, en se rendant dans un hôtel de montagne pour y fréquenter des hommes de passage - grâce à l'aide d'un préposé des lieux.
Mais si ses obligations sont définitivement plus importantes que ses désirs, le fait que l'un de ses amants éphémères décide de prolonger son séjour pour elle, vient littéralement bouleverser toutes ses certitudes...

Copyright Eurozoom

Toute la délicatesse du film réside dans ce bouleversement, dans ses désirs comme ses angoisses, dans cette idée qu'une femme à de se donner l'espoir, puis même le consentement d'être plus et d'avoir plus que ce strict minimum que la vie lui a offert au fil du temps, une décision à la fois difficile et brutale, puisqu'elle appelle une transformation aussi déstabilisante que nécessaire : se libérer d'elle-même pour être réellement libre.
Beau portrait de femme, d'une mère aimante qui aspire pourtant ardemment à une vie romanesque, Laissez-moi ne serait rien cependant sans la magnifique partition de Jeanne Balibar, tant le film vit par, pour et en elle.


Jonathan Chevrier