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[CRITIQUE] : La Demoiselle et le dragon


Réalisateur : Juan Carlos Fresnadillo
Acteurs : Millie Bobby Brown, Robin Wright, Nick Robinson, Angela Bassett, Ray Winstone, Brooke Carter, Shohreh Aghdashloo,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h47min.

Synopsis :
Une jeune fille dévouée accepte d’épouser un prince séduisant. Mais elle découvre qu’elle a été choisie pour être sacrifiée et rembourser ainsi une dette ancienne. Enfermée dans une grotte, elle doit affronter un dragon cracheur de feu. Elle ne peut désormais plus compter que sur son intelligence et son courage pour espérer s’en sortir...




Critique :



De tout temps, jeunes et moins jeunes ont connu les récits médiévaux avec une certaine articulation des codes de narration préétablis : le preux chevalier, le dragon féroce, la princesse à secourir, … Si ces figures ont servi à développer des histoires célèbres à la réussite aléatoire, il faut bien admettre que cette mécanique traditionnelle s’est rouillée au fur et à mesure du temps, à force de se complaire dans une certaine habitude sans plus d’audace. La question est de voir alors comment dynamiter efficacement ce genre avec une optique plus moderne et dynamique.

Copyright 2023 Netflix, Inc.

La Demoiselle et le Dragon part dans une orientation nettement bien marquée en se focalisant sur la princesse qui se retrouve à se secourir elle-même du poids de ces traditions. Cela se marque d’abord par une séquence d’ouverture démontrant la puissance de la menace que représente son dragon ainsi que le côté classique des répercussions venant de chevaliers se voulant preux et téméraires. La première partie du long-métrage installe alors un certain classicisme qui fonctionne assez bien dans ce qu’il doit construire du genre pour mieux déconstruire par la suite, le tout avec une direction artistique qui rend bien hommage aux visuels du genre.

C’est lors de la révélation du danger que s’ouvre la deuxième partie, plutôt intéressante en ce qu’elle fait basculer le récit vers du survival. Millie Bobby Brown trouve une orientation d’action assez efficace tout en conférant un peu plus de contours à son personnage. Les quelques révélations du récit vont alors permettre de pleinement accepter cette opposition à un code narratif révolu, le tout de manière distrayante avec ses nombreux morceaux de bravoure. On regrettera alors que certains liens émotionnels, notamment avec la belle-mère de l’héroïne, manquent un peu de cœur tant le potentiel est présent pour plus de sentiment sans annihiler la critique de fond du long-métrage.

Copyright 2023 Netflix, Inc.

La Demoiselle et le Dragon parvient néanmoins à distraire, bien aidé en ce sens par la caméra comme toujours assez efficace de Juan Carlos Fresnadillo. Le rythme de l’intrigue appuie ce sentiment de sympathique divertissement qui cherche au mieux à casser les codes d’une narration connue et reconnue. À défaut d’être révolutionnaire dans son traitement, le film reste un spectacle réussi dans son besoin d’affranchissement de ses personnages féminins de la soumission de récits développés par des puissants, sans remise en question du poids du passé.


Liam Debruel


Copyright John Wilson/Netflix

Si les codes conventionnelles du conte de fées impliquent voire même dictent qu'une princesse doit être en détresse pour mieux être probablement sauvée par un homme fringant - possiblement prince pour bien faire les choses -; le regard moderne de nombreuses itérations contemporaines a pu subvertir un brin ce rôle et bousculer les choses, pour le meilleur et pour le pire.

Copyright 2023 Netflix, Inc.

Seconde strate du " Millie Bobby Brown universe Netflixien " post-Stranger Things, après la franchise Enola Holmes (et en attendant The Electric State des frangins Russo), La Demoiselle et le Dragon chapeauté par Juan Carlos Fresnadillo, semblait s'inscrire dans cette même voie en incarnant, potentiellement, une jolie version subversive des contes d'aventures populaires - voire même d'une version young adult de Game of Thrones -, en s'attachant aux atermoiements périlleux d'une jeune épouse trahie, obligée de repousser un dragon cracheur de feu autant qu'un tortueux mariage arrangé, au coeur d'un cadre médiéval furieusement patriarcal.

Mauvaise pioche, tant tout le fun semble avoir été aspirée par les respirations asthmatiques d'une exécution refusant toute idée de divertissement, au profit d'un regard lisse, affreusement numérisé et tout en clichés ne mettant jamais assez en avant aussi bien sa substance, que son pendant spectaculaire (malgré une super créature signée Patrick Tatopoulos).

Copyright Netflix

Laissant toujours, involontairement, une longueur d'avance à son auditoire, dénué de toute énergie sournoise et vivante, s'efforcant d'enchaîner les métaphores et les symboles (cette manière assez lourde de se servir du dépouillement de la garde-robe de son héroïne, pour mieux surligner son autonomisation progressive) pour mieux masquer la cohérence relative de son écriture et la profondeur absente de ses personnages - aux motivations fragiles -; La Demoiselle et le Dragon reste tout du long dans sa zone de confort pour susciter la moindre émotion, à la différence d'un The Princess de Le-Van Kiet, qui osait un poil plus sans pour autant se délester de sa formule simple et familière dans son commentaire sur l'asservissement féminin.

Reste une partition plutôt élégante de David Fleming et une Millie Bobby Brown qui fait ce qu'elle peut pour ne pas trop coller à l'étiquette bêta de l'héroïne d'action PG-13 badass et en débardeur.
C'est maigre, rachitique même...


Jonathan Chevrier

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