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[CRITIQUE] : Kung Fu Panda 4


Réalisateur⋅ices : Mike Mitchell et Stephanie Stine
Avec les voix originales de : Jack Black, Awkwafina, Viola Davies, Dustin Hoffman, James Hong, Bryan Cranston,…
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : 85M $
Genre : Aventure, Animation, Comédie, Famille, Arts Martiaux.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Après trois aventures dans lesquelles le guerrier dragon Po a combattu les maîtres du mal les plus redoutables grâce à un courage et des compétences en arts martiaux inégalés, le destin va de nouveau frapper à sa porte pour … l’inviter à enfin se reposer. Plus précisément, pour être nommé chef spirituel de la vallée de la Paix. Cela pose quelques problèmes évidents. Premièrement, Po maîtrise aussi bien le leadership spirituel que les régimes, et deuxièmement, il doit rapidement trouver et entraîner un nouveau guerrier dragon avant de pouvoir profiter des avantages de sa prestigieuse promotion. Pire encore, il est question de l’apparition récente d’une sorcière aussi mal intentionnée que puissante, Caméléone, une lézarde minuscule qui peut se métamorphoser en n'importe quelle créature, et ce sans distinction de taille. Or Caméléone lorgne de ses petits yeux avides et perçants sur le bâton de sagesse de Po, à l’aide duquel elle espère bien pouvoir réinvoquer du royaume des esprits tous les maîtres maléfiques que notre guerrier dragon a vaincu. Po va devoir trouver de l’aide. Il va en trouver (ou pas ?) auprès de Zhen, une renarde corsac, voleuse aussi rusée que vive d'esprit, qui a le don d’irriter Po mais dont les compétences vont s’avérer précieuses. Afin de réussir à protéger la Vallée de la Paix des griffes reptiliennes de Caméléone, ce drôle de duo va devoir trouver un terrain d’entente. Ce sera l’occasion pour Po de découvrir que les héros ne sont pas toujours là où on les attend.



Critique :


Cela faisait huit ans que nous avions laissé notre panda glouton préféré, et accessoirement guerrier Dragon, derrière nous. Il avait acquis de nouveaux pouvoirs, il avait retrouvé son père biologique, Li. Il avait trouvé une paix intérieure. La saga semblait se finir en beauté. Et pourtant, le voici de nouveau au centre de la scène avec une nouvelle antagoniste à combattre : La Caméléone.

Copyright 2024 DreamWorks Animation L.L.C. All Rights Reserved.

Ce quatrième opus, intitulé modestement Kung Fu Panda 4, est réalisé cette fois par le maître des suites, Mike Mitchell. Après avoir officié pour les sagas Shrek, Alvin et les Chipmunks, mais aussi pour La Grande Aventure Lego avec plus ou moins de succès (et pour être honnête, moins que plus), le réalisateur américain s’attaque à Po et à sa bonne humeur communicative.

DreamWorks Animation oscille entre saga et films originaux depuis un bon moment. Ruby, l’ado kraken, dernier film en date sorti en salles et non tiré d’une saga, a été mal reçu par une critique qui voyait pendre à des kilomètres les fils narratifs. Les déceptions au box office des films originaux et la réception positive des suites de saga expliquent les choix de production (et quand on voit le succès des Trolls 3, le calcul est vite fait…). La firme se fait plus prudente concernant les budgets. Alors que le précédent Kung Fu Panda s’était vu octroyer un budget confortable de 145 millions de dollars, celui-ci n’a obtenu qu’un (petit) 85 millions (l'absence des cinq Cyclones dans le récit et donc le retrait des cachets des cinq acteur⋅ices prêtant leur voix aux personnages découle sûrement de ce budget réduit). Pourtant l’ambition visuelle reste intacte. Les scènes d’action dantesques s’enchaînent à un rythme effréné, la mise en scène mettant tout ce que la technologie d’animation peut nous offrir aujourd’hui.

Il faut s’accrocher à cette prouesse technique, car si nos yeux sont enchantés, nos attentes narratives déchantent. Que raconter de plus quand le personnage principal a tout ce dont il rêve ? Il est adulé, il est le plus fort, il a deux pères qui l’aiment, il est reconnu de ses pairs. Quelle évolution peut-on encore lui donner, à ce maladroit et tendre Po ? Les scénaristes visent au-delà des montagnes pour lui. Dans Kung Fu Panda 4, Po doit rendre les armes pour atteindre le bout de la ligne : devenir le guide spirituel de la Vallée de la Paix. Un choix très curieux pour un personnage aussi jeune et aussi irresponsable que Po. Roi de la gaffe, le personnage n’a rien de ce qu’on attendrait d’un guide, mais soit. Cette ligne directrice est encore plus curieuse quand on s’aperçoit que l’acceptation de la fin d’une ère est une des thématiques au centre du récit. Ironique de la part d’une saga (et d’un studio) qui n’arrive pas à poser un point final sur une histoire en bout de course, n’est-ce pas ? Mais encore une fois, soit.

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Qui va reprendre le flambeau du rôle du guerrier Dragon ? Nous laissons la surprise intacte même si l'absence de Tigresse et des autres Cyclones, ainsi que l’entrée d’un tout nouveau personnage, Zhen, doublé par Awkwafina en version originale, met la puce si profonde à l’oreille qu’elle commence à siffler. Ce nouveau personnage, roublarde renarde à qui on ne la fait pas, permet à Mike Mitchell de jouer la carte nostalgie, avec une certaine réussite. Comme si Po, par sa différence, sa marginalité, avait créé un précédent dans la Vallée de la Paix. Maintenant que le temple a ouvert ses portes à plus de diversité, il ne peut plus revenir en arrière. L’héritage de Po est un cadeau précieux, même s’il n’est pas encore prêt à laisser ce chapitre de sa vie se refermer. Chaque étape du récit sera l’occasion de faire référence à différents thèmes de la saga, tout au long des films, jusqu’aux méchants. Ils reviennent grâce à La Caméléone, une antagoniste qui permet au film de faire du recyclage sans en avoir l’air. Le film est également parsemé de gags visuels piqués à droite et à gauche.

Malgré ce lourd appel nostalgique et ces moments de déjà-vu, une émotion réelle plane dans Kung Fu Panda 4. Celle de voir un personnage que l’on aime et que l’on a suivi jusqu’ici accepter d’avancer et qui, ainsi, accepte peut-être aussi de signer la fin de son apparition dans un film. Seul l’avenir nous le dira…


Laura Enjolvy