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[CRITIQUE] : Immaculée


Réalisateur : Michael Mohan
Avec : Sydney SweeneyÁlvaro MorteSimona TabascoBenedetta Porcaroli,…
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain, Italien.
Durée : 1h29min.

Synopsis :
Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…



Critique :



Sur le papier, Immaculée avait tout de la " nonnerie " proto-Conjuring fade et sans âme, un Rosemary's Baby sauce couvent (avec un doigt de Suspiria) qui ne transformerait pas la pisse en Chardonnay et mériterait avant même vision, d'être jeté au bûcher pour ses trop nombreux péchés et ce, malgré une Sydney Sweeney qui semblait y donner définitivement plus de sa personne, que dans les récents et peu défendables Tout sauf toi et Madame Web.

À l'écran en revanche, la limonade est heureusement un poil différente, et le film de Michael Mohan n'est pas trop la cathostrophe (même pas désolé) redouté, et vaut bien plus son pesant d'hostie qu'un diptyque de la Nonne (facile) ou qu'un L'exorcisme du Pape - même avec un Russell Crowe à Vespa.

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Ici, le mal n'est pas tant dans une entité démoniaque que dans les rouages d'un patriarcat étouffant, symbolisé par les murs d'un couvent flanqué dans une campagne italienne où les lois de l'homme, comme celles du seigneur, sont impénétrables mais aussi et surtout jamais discutées - pas même par les femmes, et encore moins celles qui prodiguent et soutiennent cette parole.
Pas besoin de tortiller du crucifix pour se dire donc que rien ne va dans ce lieu pieux, même si l'accueil de la jeune et innocente religieuse américaine Cecilia, est des plus chaleureux - d'autant qu'elle ne semble pas vraiment avoir connaissance des récents scandales locaux.
Portée par une fois inébranlable depuis qu'elle a survécu à un accident - presque - mortel à ses douze ans, et décidée à découvrir ce que Dieu a comme plan la concernant, elle va vite se confronter à la démence du père Tedeschi...
 
Expérience un poil contradictoire, tant elle semble aussi excessivement rushée qu'elle cherche à prendre son temps pour distiller une atmosphère gothique joliment inquiétante (pas assez claustrophobe ni paranoïaque, même si renforcée par la photographie élégante de Elisha Christian), vissée sur le regard incroyablement expressif de Sweeney - bien plus efficace que ses nombreux jump-scares faisandés -, Immaculée, non sans quelques emprunts maladroits et une écriture fragile (son héroïne, comme tous les autres personnages au fond, n'est définit que par sa croyance religieuse), a pendant une bonne partie de sa courte durée, le bon ton de jouer sur la terreur derrière la/les croyances religieuses, plus que sur tout insert ridiculo-surnaturel, transformant la quête pieuse et tout en doute de soi sournois de son héroïne, en un cauchemar infernal ou son désir de transcendance lui fait perdre toute autonomie corporelle.

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Un esprit " elevated horror " (terme putassier, certes), une approche intimement minimaliste de l'horreur sur laquelle il n'est évidemment jamais difficile d'avoir une vraie longueur d'avance (pas un vrai défaut en soi, cela dit), que Mohan abandonne pourtant inexplicablement dans un dernier tiers régressif - où jouissif, c'est selon -, ou il plonge tête la première dans l'horreur gonzo et revanchard (voire même assez tordu) ou sa jeune biche égarée, se transforme en une Mother Furiosa à la férocité primaire; l'expression ultra-violente et brutale de la plus grande frayeur de l'homme et de l'église : une femme puissante, libre et déchaînée, qui n'a définitivement plus rien à perdre.

Une expérience sous-influence et inégale donc, dérangeante et curieusement dérangée, sanglante et pas dénuée de petites réjouissances, qui ne serait sans doute pas grand chose sans son actrice vedette.


Jonathan Chevrier