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[CRITIQUE] : Il reste encore demain


Réalisatrice : Paola Cortellesi
Acteurs : Paola CortellesiValerio MastandreaRomana Maggiora VerganoEmanuela Fanelli,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h59min

Synopsis :
Mariée à Ivano, Delia, mère de trois enfants, vit à Rome dans la seconde moitié des années 40. La ville est alors partagée entre l’espoir né de la Libération et les difficultés matérielles engendrées par la guerre qui vient à peine de s’achever. Face à son mari autoritaire et violent, Delia ne trouve du réconfort qu’auprès de son amie Marisa avec qui elle partage des moments de légèreté et des confidences intimes. Leur routine morose prend fin au printemps, lorsque toute la famille en émoi s’apprête à célébrer les fiançailles imminentes de leur fille aînée, Marcella. Mais l’arrivée d’une lettre mystérieuse va tout bouleverser et pousser Delia à trouver le courage d’imaginer un avenir meilleur, et pas seulement pour elle-même.



Critique :



Passé plusieurs décennies (depuis le début des années 80, en gros) ou seules quelques figures populaires venaient, à l'occasion, gentiment replacer son cinéma au centre des débats, le cinéma italien semble s'être offert une véritable cure de Jouvence depuis une bonne dizaine d'années désormais, une nouvelle vague portée par une pluie de jeunes visages/cinéastes talentueux.
Tant mieux pour lui et, surtout, tant mieux pour nous.

Nouvelle preuve en date en ce début d'année 2024 avec deux premiers efforts au féminin, Primadonna de Marta Savina (pertinente dénonciation d'un patriarcat anxiogène et violent, qui sonde la difficile quête de liberté d'une jeune femme condamnée à la stigmatisation sociale et la solitude), mais aussi et surtout Il reste encore demain, qui marque les débuts derrière la caméra de la comédienne Paola Cortellesi, vraie œuvre populaire et politique façon plongée nostalgique au cœur d'une Italie post-seconde guerre mondiale, et plus directement dans une Rome libérée par les fascistes mais point d'un patriarcat dominant et violent.

Copyright Luisa Carcavale

Embaumé dans un noir et blanc qui souligne assez lourdement certes sa révérence au néoréalisme et aux comédies/satires d'antan (même si la photographie de Davide Leone est incroyablement léchée), l'histoire sur les atermoiements de la courageuse et forte Delia, au lendemain d'une guerre qui, au-delà d'avoir apporté la misère et la pauvreté, lui a encore plus révélé la vérité d'un mariage aussi douloureux qu'insatisfaisant.
Alors qu'elle passe ses journées à faire les travaux les plus humbles juste pour rapporter un peu d'argent à la maison, chaque geste et chaque parole de son mari transpire un patriarcat fier, méprisant et violent, une emprise dont elle ne peut se départir, par amour pour ses enfants mais aussi par peur de s'enfuir.

Sans misérabilisme putassier et avec un naturel désarmant, Paola Coltellesi, qui a le bon ton de tromper le sérieux de sa prise par quelques inserts musicaux et quelques saillies burlesques essentielles
, dresse un portrait de femme complice et universel, de celles qui ont subit dans le silence, la résignation et l'asservissement, une misogynie anxiogène et l'idée erronée de ne pas pouvoir bousculer l'ordre établi.
Même si sa Dalia ne révolutionne pas un monde pas encore appelé à être bousculé, c'est par des petites touches salvatrices qu'elle remet en cause son quotidien, qu'elle commence à construire une vie meilleure pour elle et sa fille.

Copyright TOBIS Film GmbH

La création douloureuse d'une rédemption, d'un espoir d'émancipation pour vaincre les désillusions et les humiliations constantes, d'une opposition saine et nécessaire que la cinéaste emballe dans un exposé à la fois drôle et doux-amer, passionné et plein d'amertume.
Même s'il n'est pas exempt de quelques défauts assez grossiers (une écriture un brin stéréotypée où encore une prévisibilité jamais remise en cause, ce qui le rapproche de son cousin britannique Les Suffragettes de Sarah Gavron), Il reste encore demain n'en reste pas moins un joli et nécessaire premier effort, dont l'importance du message justifie à elle seule la séance.


Jonathan Chevrier


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