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[CRITIQUE] : Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire


Réalisateur : Adam Wingard
Acteurs : Dan Stevens, Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Kaylee Hottle,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h55min.

Synopsis :
Le tout-puissant Kong et le redoutable Godzilla unissent leurs forces contre une terrible menace encore secrète qui risque de les anéantir et qui met en danger la survie même de l’espèce humaine. Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire remonte à l’origine des deux titans et aux mystères de Skull Island, tout en révélant le combat mythique qui a contribué à façonner ces deux créatures hors du commun et lié leur sort à celui de l’homme pour toujours…



Critique :



Cela paraît absurde dit comme ça, mais la meilleure condition possible pour apprécier pleinement une séance telle que Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire, n'est pas tant de la considérer comme une simpliste et régressive expérience cinématographique - comme tout bon blockbuster qui se respecte -, mais aussi et surtout comme... un pay-per-view.

Car oui, le film d'Adam Wingard, définitivement plus que son précédent effort Godzilla vs Kong, est un PPV ou sous les faux airs d'un titre qui annonce sans trop de surprise, l'idée d'une collaboration déglinguée entre les deux titans (un esprit tag team déjà perceptible dans le - mauvais - affrontement avec Mechagodzilla), on ne paye uniquement que pour voir des grosses bestioles se foutrent sur la tronche avec une générosité aussi folle que sa connerie.

Copyright 2023 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Au-delà de l'idée même d'être un bon film ou d'un mauvais film (la réponse est évidente, mais chut, ne ruinez pas tout), Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire est un pur live event flanqué dans une salle obscure, au rythme il est vrai brutalement efficace et où une pluie de lutteurs poilus ou à écailles, se tapent la poitrine tout en cherchant le soutien de la foule (nous, le spectateur), avant de dégainer leur coups signatures juste avant le compte de trois.
En minimisant drastiquement ce qui était jadis une force (son humanité, le cœur même du magnifique Godzilla de Gareth Edwards, avant qu'elle ne devienne artificielle et accessoire par la suite), pour mieux maximiser ce qui est vite devenu son attraction principale (la bagarreuh, avec ce qu'il faut de défaut d'échelles et de prises de catch alambiquées), ce cinquième effort du MonsterVerse de Legendary Pictures/Warner Bros. Discovery tutoie la grâce de l'escalade absurde et se revendique - maladroitement, évidemment - comme un pseudo-héritier ricain, friqué et dénué de tout ancrage socio-politique, d'une ère Showa dont il n'a compris que les grandes lignes (et encore).

Flanqué dans les décombres d'une planète Terre tout en LEGO qui recèle en ses entrailles creuses comme du gruyère, tout un écosystème de monstres massifs et taillés à la serpe qui ne demande qu'à foutre le bordel, il y a un équilibre étonnant qui s'est créé entre un Kong aspirant à se trouver des copaings tout en poil, et un Godzilla (qui ne peut encore une fois pas le pifrer) assumant toujours autant son rôle de veilleur de nuit sur tout le globe, entre deux siestes au Colisée et autres recharge à la borne des radiations.

Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.

Une dynamique précaire bousculée par un tout nouveau vilain, Skar (rien à voir avec le frangin de Mufasa... enfin si un peu), autre gorille géant plutôt rusé et bien décidé à faire du monde de la surface, sa nouvelle Mojo Dojo Casa House.
Place vite à Wrestlemania donc, puisque les humains sont volontairement accessoires (un petit groupe mené par le Dr Ilene Andrews, lance une expédition pour trouver la source des visions psychiques de Jia... et c'est tout), mais aussi et surtout parce que le récit est furieusement fonctionnel et totalement voué à ses monstres, Wingard prenant sensiblement son temps avec eux, enfin surtout avec Kong, puisqu'il semble à nouveau totalement incapable de traiter convenablement Godzilla (et même Mothra, revenu d'entre les morts grâce à Jia et une prophétie dégainée au chausse-pieds).

Il faut dire que le géant gorille vit ici toute une épopée pulp et touchante, entre un passage chez une sorte de vétérinaire fou (Dan Stevens, énorme, qui s'éclate la ou Rebecca Hall fait ce qu'elle peut avec - littéralement - tous les dialogues d'exposition du film), la découverte d'une communauté (son désir le plus cher) et même un petit frangin d'adoption (un singe qui n'a évidemment rien de petit pour les humains), mais aussi la découverte d'un ennemi qui lui ressemble, et à qui il va devoir mettre une branlée sévère, pour garder son statut de sauveur de la planète et la ceinture de champion du monde de la Terre creuse.

Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.

Mais au fond ce qui impressionne le plus à la vision Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire, au-delà de son abandon total à l'idée de trouver une symétrie même instable, entre une épopée du désastre barbare et la fable environnementale un tant soit peu fournie (puisqu'il glisse sans réfléchir du premier côté, avec une gourmandise perverse), c'est sa manière d'assumer totalement d'être la pièce maîtresse d'un univers purement anti-cinématographique.
Comme martelé plus haut, le film est un put*** PPV ou le spectateur paye pour mater du combat et uniquement du combat, tant ce divertissement se vante lui-même de ne rien construire et de n'être qu'un amas de bruits et de désordre, entre deux, trois références mythologiques assez triviales - voire presque hors de propos.

Si Edwards avait tenté de concocter un grand récit dense et respectueux, le MonsterVerse de Legendary Pictures a vite rétropédalé face à cette ambition démesurée pour voguer davantage vers de l'improvisation testostéronée et sous-LSD, de la grandiloquence stupide et, paradoxalement, acceptable puisque d'une part annoncée, mais aussi et surtout parce que ses pitreries sont contrebalancées par une production Godzilla-esque autrement plus sérieuse et humaine : Shin Godzilla, Godzilla Minus One et même Monarch: Legacy of Monsters.

Copyright 2024 Warner Bros. Entertainment Inc.

A quoi bon chier une pendule si, finalement, on peut accepter l'idée saine de simplement se délecter d'un monster porn inoffensif qui ne fait que recycler ce qui a toujours été, en remplaçant cette fois toutes les combinaisons en caoutchouc ridicules, au profit des pixels et autres effets tout en paillettes numériques Hollywoodiens ?

Vous avez 1h55min tout en régression, et pas une de plus.


Jonathan Chevrier


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