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[CRITIQUE] : Le Salaire de la peur

Réalisateur : Julien Leclercq
Acteurs : Franck Gastambide, Alban Lenoir, Ana Girardot, Sofiane " Fianso " Zermani,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Thriller.
Nationalité : Français, Américain.
Durée : 1h44min.

Synopsis :
Une équipe de choc a moins de 24 heures pour convoyer deux camions bourrés d’explosifs à travers une région hostile et empêcher une terrible catastrophe.

D’après le film original « Le Salaire de la Peur » réalisé par Henri-Georges Clouzot, coécrit par Jean et Henri-Georges Clouzot, d’après l’ouvrage éponyme de Georges Arnaud publié aux Éditions Julliard



Critique :



Anatomie d'une cacade férocement annoncée, ou pas loin.
Alors oui, la vanne est facile et le verbe peu (af)fûté, un peu comme l'idée de vouloir concocter sur le tard, un nouveau remake méchamment casse-gueule pour une plateforme pas vraiment réputée pour être follement regardante sur sa production - ni ses achats.

Car oui, dans la catégorie des projets casse-gueule, la relecture moderne signée Julien Leclercq du chef-d'œuvre Le Salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot, passé le monument Sorcerer de feu William Friedkin, se pose gentiment en tête de liste, aux côtés du second remake désespérée (et déjà désespérant) de Scarface par une Universal aussi stupide qu'opportuniste.

Copyright Reda Laaroussi/Netflix

Alors certes, ce n'est pas tant son casting aussi bien derrière (Leclercq à une filmographie plutôt solide) que devant (un joli quatuor Franck Gastambide, Alban Lenoir, Ana Girardot et Sofiane " Fianso " Zermani), qui cloche dans ce vrai/faux convoi de la peur, mais bien le prisme même choisit par cette relecture peu pertinente sur le papier : le tout pour l'action, dont le moteur est ensablé dès ses premiers kilomètres dans le désert.

Tout partait bien pourtant - même si l'introduction tire en longueur -, avec un cadre savamment actualisé même si à la cohérence relative (exit l'Amérique Centrale, bonjour le Moyen-Orient, ou quatre aventuriers sont missionnés pour jouer les chaperons de deux camions chargés de nitroglycérine sur 500 kilomètres de pistes, afin d’éteindre un incendie dans un puits de pétrole), et l'idée de faire du tandem Gastambide/Lenoir, deux frangins à la relation trouble (histoire de donner un semblant d'émotion bienvenue à un cocktail censé être musclé), mais la sortie de route ne tarde pas à venir, la narration se vautrant avec gourmandise dans les méandres du proto-actionner testostéroné à l'américaine (arc de rédemption facile à la clé), sans le patriotisme mais surtout sans l'adrénaline qui va avec.

Car si l'on peut accepter (mouais) que toute la dimension existentielle (une route défoncée façon purgatoire sur Terre), que toute la poésie douloureuse d'une poignée d'hommes perdant leur âme sous le poids de la cupidité et du Dieu capitalisme, disparaissent en quelques - grosses - gouttes de sueurs, difficile en revanche de digérer le manque de tension criante d'une épopée " dangereuse " et plus ou moins bien rythmée, où les nombreuses fusillades viennent encore plus fragiliser une cohérence déjà suicidaire (et plus instable que la nitroglycérine donc).

Copyright Reda Laaroussi/Netflix

Alors certes, si l'on est quand-même loin de la catastrophe turbo-débile et bruyante du Sueurs de Louis-Pascal Couvelaire (après tout, on ne peut pas tous avoir un Jean-Hughes Anglade sous-coke en sosie de Florent Pagny), mais aussi du purgatoire tout en CGI mal torchés d'un Hidden Strike de Scott Waugh, on est tout aussi loin de la bisserie friquée et décomplexée - voire un poil cartoonesque -, même si sa distribution, faisant fît des caricatures qu'ils incarnent, se démène avec énergie pour maintenir l'illusion - à la différence sa mise en scène ennuyée.
Foutu désert...


Jonathan Chevrier