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[FUCKING SERIES] : Mr. & Mrs. Smith : Défaite de Brangelina par K.O.


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


Tous ceux qui ont vu et où apprécié (c'est possible) la comédie d'action Mr. & Mrs. Smith de Doug Liman, ont conscience que si elle a su s'inscrire dans le temps comme un vrai objet pop, ce n'est évidemment pas grâce à ses qualités cinématographiques ni à son pitch pourtant plutôt accrocheurs (deux assassins professionnels mariés l’un à l’autre, n'ont aucune connaissance du travail qu'on l'un et l'autre), mais bien pour des raisons extérieurs : la naissance du couple (adultère) Brangelina, qui venait booster la touche sexy assez timide du film, et donner un surplus de tension à une action pas toujours bien montée - même si assez souvent entraînante.

Copyright Amazon MGM Studios

Avec un regard purement contemporain, expurgé de toute hypothétique nostalgie, le film apparaît presque comme une anomalie, une sorte d'expérience datée et pourtant loin d'être si vieille (18 ans au compteur), tellement spécifique à son époque qu'elle semblait presque obsolète avant même sa sortie en salles, de son humour amer sur le mariage et les relations amoureuses bâties sur le mensonge, à ses raccords numériques en passant par sa photographie au mélange orange et bleuté douteux.
Au sein d'une jungle Hollywoodienne ou recyclé toute production un tant soit peu populaire, est devenu un leitmotiv presque vitale, l'idée d'un remake n'avait donc rien de détonnant, et n'avait même pas besoin de trop se forcer pour être légitime à une heure où des relectures télévisées d'œuvres qui n'en avaient décemment pas besoin - Fargo ou encore Dead Ringers -, ont su prouver, tout en gardant l'esprit de leurs matériaux d'origine, leur qualité.

Place donc au tandem Donald Glover/Francesca Sloane, qui ont donc su trouver dans le film de Liman, un matériau suffisamment populaire et peu sophistiqué, dont il pourrait user du concept prometteur pour en faire une refonte 2.0, dépouillé de toutes ses maladresses/paresses pour créer un show délicieux et fun, littéralement à l'opposé de son inspiration sans pour autant en renier les codes ni même, totalement, son histoire.
C'est dans ses nuances que Mr. & Mrs. Smith version TV vient bonifier en tout point, les maigres graines plantées par son aîné cinématographique.

Copyright Amazon MGM Studios

Des petites transformations intelligentes, comme celle habile de faire des deux assassins rivaux non pas des " victimes " d'un mariage par accident, John et Jane Smith ont ici le même employeur obscur, et c'est d'une décision commune qu'ils abandonnent leur vie antérieure pour en débuter une nouvelle ensemble; ils ne sont pas blasés par une union ennuyée et ennuyeuse, ils explorent avec maladresse et excitation l'existence de leur amour naissant, à travers un mariage de façade.
Une transformation qui fait tout, et qui va de pair avec une vision moderne et épicée de la comédie dramatico-musclée, autant affûtée dans sa réflexion sur les défis de la vie de couple, que son approche décontractée et décomplexée de l'action (avec des personnages crédibles et réels, qui ne sont pas des super-agents liquidant du vilain les yeux fermés), savoureusement barrée et à la plausibilité volontairement discutable (et héritière, entre autres, du True Lies de James Cameron).

Mais c'est sans doute dans sa manière d'assumer pleinement ce qu'elle est, un drama dans la plus stricte définition du terme (des épisodes courts aux intrigues serrées et satisfaisantes), que Mr. & Mrs. Smith séduit le plus, cette volonté d'à la fois réhabiliter une télévision à l'ancienne sauce Miami Vice (logique vu les origines du film : un show d'une poignée d'épisodes made in 90s, avec Scott Bakula et Maria Bello en vedette), ou les intrigues familières et répétitives de chaque épisode importaient finalement moins que sa belle galerie de guests (ici incroyable); tout autant que de jouer avec sa forme, ses codes, de lui donner un petit peu plus d'esprit et de complexité sans pour autant renier son ludisme et sa fausse insouciance.

Copyright Amazon MGM Studios

Alors certes, tout ne fonctionne pas toujours à la perfection, et on pourra tiquer sur le fait que l'espionnage n'est ici qu'une toile de fond lointaine, ou encore que son humour très complice (pas au niveau d'Atlanta évidemment, mais quand-même), fasse un peu trop réduire la température dramatique, mais difficile de bouder son plaisir devant une proposition qui n'a pas besoin de trop flatter son auditoire pour séduire, qui a le bon ton de mettre ses personnages au cœur de la narration, d'en faire le moteur à la fois empathique, intime et irrésistible.
Irrésistible car au-delà d'être croqué avec justesse, John et Jane Smith jouissent des partitions impliquées d'un tandem Donald Glover/Maya Erskine à l'alchimie folle, leur scènes banales comme intimes rayonnent de cette incapacité qu'ils ont à ne pas être inséparables et complémentaires.

Ils sont le phare de cette jolie évasion, un show qui a su transformer un film à la date de péremption marquée, en une solide proposition télévisée rafraîchissante et percutante, ve que propose très (trop) rarement Prime Vidéo...


Jonathan Chevrier


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