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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Bellissima


Réalisateur : Luchino Visconti
Avec : Anna Magnani, Walter ChiariTina Apicella, Anna Ciepielewska,…
Distributeur : Les Films du Camélia
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h56min

Date de sortie : 12 avril 1961
Date de ressortie : 31 janvier 2024

Synopsis :
À Cinecittà, dans l'Italie d'après-guerre, le réalisateur Alessandro Blasetti lance un casting pour trouver l'enfant de son prochain film. Maddalena y voit l'occasion pour sa fille Maria de vivre une vie meilleure. Elle sacrifie alors son mariage et ses économies pour lui offrir les leçons qui feront d'elle une star. Arrive enfin le grand jour des essais…



Critique :


Au sein d'un calendrier des sorties furieusement chargé, les ressorties aux petits oignons des Films du Camélia incarnent autant une bouffée d'air frais, que la possibilité de découvrir - où de re-découvrir - des merveilles du cinéma d'hier, qui ont pour beaucoup, influencées le cinéma d'aujourd'hui (car les influences sont et ont toujours été, cyclique).

Première ressortie cuvée 2024 de la firme, le chef-d'œuvre Bellissima de Luchino Visconti, pilier fondateur d'un néoréalisme débuté dix ans plus tôt (par le premier effort de Visconti, Ossessione), qui semble presque un film somme de ses deux précédents films, dans sa manière de combiner une représentation crue et intransigeante de la réalité de l'Italie fracturée d'après-guerre - jusque dans ses préoccupations politiques et social(istes) -, combinée à un récit puissant et aux accents mélodramatiques assumés.

Satire à l'humour discret de l'industrie cinématographique italienne et de son éthique cruelle et douteuse, flanquée au cœur de la Cinecittà, moins vaudevillesque qu'un Les Feux du music-hall du tandem Lattuada/Fellini, dont l'ouverture s'écarte de l'image préconçue du néoréalisme (une représentation radiophonique d'un opéra de Donizetti), le film articule toute sa narration autour de l'annonce de casting du réalisateur Alessandro Blasetti (éminent cinéaste de la période fasciste, qui joue son propre rôle), qui cherche une enfant pour son prochain film.

(Collection ChristopheL. AFP)

C'est de cette annonce que découle la quête acharnée (à la fois fascinante et terrifiante, symbole de ses ambitions et de ses désirs frustrés) de Maddalena Cecconi, qui, voulant se racheter d'une existence de misère et de pauvreté, sacrifie tout (son mariage, ses économies), pour que sa fille Maria - qui ne semble pas vraiment intéressée par une éventuelle carrière d'actrice -, soit choisie et est une chance de connaître une vie meilleure.

Pour elle, le cinéma représente plus qu'un fantasme, un idéal, l'évasion ultime à une misère/précarité quotidienne dont elle ne peut trouver, autrement, le moyen de s'en sortir.
Un personnage fort et courageux, à la fois cyniquement endurci (sa fille pleurera plus d'une fois sous ses choix) et d'un optimiste incroyablement naïf, capable de tout affronter (même les plus terribles humiliations, comme être utilisée et exploitée par beaucoup, qui lui semble acceptable si elle arrive à atteindre son but) sans vaciller, grâce à un esprit de résilience hors du commun, et une autodérision qui l'est tout autant.

Sublimée par la performance volcanique et déchirante de Anna Magnani, sa transformation finale n'en est que plus forte et politique, dans son affirmation de la fierté des valeurs ouvrières et de son rejet du monde bourgeois - le cinéma.
Elle est le phare magnétique et magnifique de cette confrontation entre deux mondes, dans une nation encore incapable de se redresser.


Jonathan Chevrier


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