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[CRITIQUE] : Les Lueurs d'Aden


Réalisateur : Amr Gamal
Avec : Khaled Hamdan, Abeer MohammedSamah Alamrani, Awsam Abdulrahman,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Yéménite, Soudanais  Saoudien.
Durée : 1h31min

Synopsis :
Isra’a vit avec son mari Ahmed et ses trois enfants dans le vieux port de la ville d’Aden, au sud du Yémen. Leur vie quotidienne est rythmée par les effets de la guerre civile : contrôles militaires dans les rues, pannes de courant fréquentes, et rationnement de l’eau. Ahmed, qui travaillait pour la télévision, a dû quitter son poste à la suite de nombreux salaires impayés, pour devenir chauffeur. Ils ont à peine de quoi offrir à leurs enfants une vie normale et une bonne éducation. Quand Isra’a apprend qu’elle est à nouveau enceinte, le couple doit faire face à une nouvelle crise. Ils savent tous les deux qu’ils ne peuvent pas se permettre un quatrième enfant, d’autant qu’ils doivent déménager dans un logement moins cher et qu’il faut payer les frais d’inscription d’école. Ensemble, ils décident d’avorter. Une amie médecin va peut-être les aider…



Critique :


Le premier long-métrage du cinéaste yéménite Arm Gamal, 10 Days before the wedding, drame familial et romantique aussi modeste que solennel, avait déjà tout d'un véritable miracle, puisqu'il était la seule et unique production de sa nation sur les trois dernières décennies.
Autant dire LE représentant d'un cinéma quasi-inexistant, la première pierre d'un hypothétique projecteur sur le quotidien d'un pays dont on ne connaît rien du quotidien, pas où peu de ses maux, si ce n'est quelques bribes médiatiques entre deux actualités plus ou moins importantes.

Copyright Paname Distribution

Six ans plus tard, et non sans effort, le bonhomme nous revient donc avec le film dit de la " confirmation " (inspiré d'une histoire vraie, arrivée à un couple d'amis, renforçant de facto, si besoin était, son souci d'authenticité), Les Lueurs d'Aden, petite bête de festival multi-primées, qui s'inscrit dans la droite lignée de son aîné : une œuvre discrète, à la lisière du documentaire et furieusement imprégné du néoréalisme italien (comme ses cousins iraniens), catapulté au cœur d'une famille qui, tout comme la fragile capitale Aden, sont l'une des nombreuses victimes collatérales d'une crise économique qui n'est, in fine, que la résultante de l'instabilité politique, culturelle et sociale, qui frappe le Yémen.

Soit Isra’a et son mari Ahmed, qui viennent d'emménager avec leur trois enfants dans un petit appartement délabré, eux qui ne peuvent plus assumer le coup croissant de la vie - et de leurs loyers -, après avoir perdus leurs emplois à la suite de la guerre civile de 2015 (Ahmed qui travaillait pour la télévision, a dû quitter son poste à la suite de nombreux salaires impayés, pour devenir chauffeur), dont les répercussions ne cessent de rythmer leur quotidien depuis - présence militaire, rationnement de l'eau,...
Leurs difficultés s'intensifient encore un peu plus alors qu'ils apprennent que Isra’a est enceinte d'un quatrième enfant loin d'être désiré, les plaçant face au dilemme insoutenable d'un avortement certes souhaité, mais qui irait à l'encontre de leurs préceptes religieux - les préceptes coraniques -, idéologique mais aussi et surtout de la loi...

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Odyssée kafkaïenne où la pudeur inébranlable de ses personnages se confrontent continuellement à des dilemmes insoutenables qui n'ont de cesse de fragiliser leurs âmes et leurs liens, Les Lueurs d'Aden, porté par le souci de son cinéaste à scruter frontalement la dure réalité tout en lui donnant sa propre vérité cinématographique - et donc poétique -; se fait une séance aussi sobre que déchirante au cœur du chaos, où une guerre intime se confronte à celle de toute une nation.
Puissant et édifiant.


Jonathan Chevrier