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[CRITIQUE] : Les Derniers Hommes


Réalisateur : David Oelhoffen
Acteurs : Guido Caprino, Nuno Lopes, Andrzej ChyraAxel Granberger,...
Distributeur : Tandem
Budget : -
Genre : Drame, Historique.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
9 mars 1945. L’armée japonaise lance un assaut foudroyant contre les troupes françaises en Indochine. Traquée par l’ennemi, une colonne de légionnaires déjà affaiblis s’élance au cœur de la jungle pour rallier les bases alliées à plus de 300 km. 



Critique :


Sans la catégorie des grands écarts entre deux péloches, force est d'admettre que celui opéré par David Oelhoffen entre ses deux dernières réalisations, se pose gentiment là.
On l'avait laissé en 2018 avec le résolument bien foutu Frères Ennemis (qui faisait déjà suite à l'excellent Loin des Hommes), petit bout de cinéma musclé et rugueux à l'atmosphère pesante, sur un duel quasi-fraternel (deux amis d'enfances se retrouvent plusieurs années plus tard, coincés de chaque côté de la loi) qui transpire autant le bitume des quartiers houleux qu'il est frappé par un joli souffle westernien.

Une énergique et déroutante fuite en avant qui respectait au pied de la lettre les codes du genre tout en l'épurant de tous ses clichés éculés via une écriture précise et allant strictement à l'essentiel, le tout porté par un tandem Matthias Schoenaerts/Reda Kateb tout en intensité.

Copyright Tandem

Place au présent et Les Derniers Hommes (dernière production de feu Jacques Perrin), adaptation du roman Les Chiens Jaunes de Alain Gandy, furieusement enlacé entre le film de guerre, le cinéma guérilla nippon et le survival catapulté en pleine jungle laotienne, et qui regarde frontalement les dernières heures du colonialisme français dans une Indochine en plein chaos et sous occupation japonaise, en vissant sa narration sur une troupe de légionnaires isolés et passablement affaiblis (paludisme, syphilis, dépendances à l'alcool, aux drogues et autres joies locales), traqués par l’ennemi nippon au point d'être obligés de se lancer dans une mission suicidaire : traverser à pied la jungle pour rallier les bases alliées sur la côte chinoise, à plus de 300km de là.

Pas du tout la même limonade donc, pour cette 7ème Compagnie sauce Les Confins du monde de Guillaume Nicloux, chronique immersive et continuellement sous tension sur une bande de laissés-pour-compte désespérés, abandonnés cyniquement à leur sort par la nation, confronté à l'absurdité de n'être que des pions jetables catapultés sans remords dans les ténèbres (tout en étant tiraillés par le besoin, presque vital, de rester attaché à son serment de légionnaire), ou leur survie n'inquiète/n'intéresse qu'eux, condamnés qu'ils sont à une mort plus que certaine, puisque déjà parmi eux.

Copyright Tandem

Plongée haletante au coeur de l'enfer découpée au couteau, certes loin d'être originale mais férocement captivant et cohérent (jusque dans son rapport à la filmographie d'Oelhoffen, dont chaque histoire se fait l'opposition de deux hommes/visions de la vie et du monde), qui a le bon ton de lâcher une pichenette avisée sur la politique hexagonale (son statut d'empire coloniale surpuissant et inhumain), Les Derniers Hommes se fait un conte funeste et violent citant directement Apocalypse Now de Coppola (voire même le cinéma engagé d'Oliver Stone), aussi bien qu'une auscultation fragile d'une condition humaine qui l'est tout autant.
Une sacrée séance.


Jonathan Chevrier


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