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[CRITIQUE] : Dune : Deuxième partie


Réalisateur : Denis Villeneuve
Acteurs : Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Zendaya, Austin Butler, Florence Pugh, Josh Brolin, Christopher Walken, Léa Seydoux, Dave Bautista, Javier Bardem,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Science-Fiction, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h46min.

Synopsis :
Dans Dune : Deuxième Partie, Paul Atreides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers.




Critique :


Quelques certitudes assez évidentes, émanent de la vision du spectaculaire Dune : Deuxième Partie de Denis Villeneuve.
Tout d'abord, à une heure où le fléau des adaptations littéraires en deux parties initiées par Harry Potter et les Reliques de la Mort de David Yates, s'est généralisé de la manière la plus vaine - et lucrative donc - qui soit (Hunger Games, Twilight etc), ce second opus joue le jeu de l'exception qui complète joliment son aîné (une vérité imputable à son matériau d'origine plus dense que les exemples cités, soit).

Mieux, là ou la Première Partie servait instinctivement de film d'exposition/introduction, qui installait avec habileté l'univers et ses personnages entre deux, trois séquences un peu trop contemplatives pour leur bien (ses ralentis...), la Deuxième Partie est exactement ce qu'elle était censé être : une odyssée épique et meurtrière expurgée de tout remplissage facile, qui va strictement à l'essentiel.

Copyright 2023 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Passé les retombées du contrôle d'Arrakis - la seule planète de l'univers qui produit une denrée ultra-précieuse, l'épice - pour la famille Atréides et son jeune descendant Paul (trahis par les Harkonnens, qui reprennent le contrôle tout en anéantissant quasiment tous les Atréides dans le processus, excepté Paul et sa mère Jessica, qui ont trouvés refuge dans le désert auprès des Fremen, les indigènes d'Arrakis), on suit donc la narration balisée de l'avènement/vengeance de Paul en tant que messie prophétisé par les Fremen (là ou sa mère se fait une sorte de leader spirituelle auprès d'eux), très vite devenue un grand guerrier/gros poil à gratter pour les Harkonnens dans leur récolte d'épices, notamment dans des guérillas homériques à coups de lasers, de corps à corps brutaux et de combats vers de sable géants (oui, ceux de l'affiche).

Un vrai cocktail de divertissement total vissé sur l'équilibre précaire entre une violence intime, une réflexion captivante (la notion d'asservissement par la religion et les croyances ancestrales) et un jeu des échelles à l'ampleur massive, qui donne du corps à une action (ce qui manquait au premier opus, voire plus directement, à tout film Star Wars depuis sa " renaissance " du côté de la firme aux grandes oreilles, Disney) qui ne supplante jamais le récit, certes mécanique, de l'Élu appelé à renverser le pouvoir établi, tant elle s'en fait tout du long un compagnon de route attrayant et spectaculaire.

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Une bénédiction, puisque cette odyssée typique de l'Élu ne se fait pas sans heurts, pas tant plombé par une écriture plus ou moins précise (et accessoire, à en suivre la promotion passablement lunaire, d'un Denis Villeneuve qui tente de rivaliser avec la campagne de destruction massive de Dakota Johnson pour Madame Web), que par une partition en dents de scie de Timothée Chalamet, qui peine à retranscrire la complexité d'un personnage réticent à accepter un tel pouvoir (parce qu'il mènera à la mort et à la destruction), quand bien même il se laisse lentement séduire par l'ivresse et les avantages qu'offre le pouvoir.

Si son jeu peine à vendre le côté charismatique d'homme populiste et fort de Paul, il arrive néanmoins à capturer, avec sa bouille d'éternel adolescent, celle d'un gamin tout en conflit, qui a autant peur de la violence qu'il prodigue que de celle qu'il combat.
Contre toute attente, toute la complexité et l'ambiguïté morale de l'histoire est portée par la performance de Zendaya et sa sensibilité brute (dénuée de tout artifice larmoyant qui colle comme de la glue, à l'archétype du love interest purement Hollywoodien), qui donne de la densité la ou la seule performance de Chalamet pèche par manque de corps (une volonté de corriger les petites lacunes littéraires de son personnage qui va de pair avec une légère mais salutaire réécriture des destinées de plusieurs personnages féminins, même si la princesse Irulan de Florence Pugh apparaît furieusement sous-utilisée).

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Idem pour ce qui est de la performance furieusement décalée et pourtant étrangement à-propos de Austin Butler (avec une introduction - tardive - assez démente et électrisante sur la planète natale des Harkonnen, ou l'usage du noir et blanc met en valeur l'uniformité du décor), qui embrasse chaque once de méchanceté perverse de Feyd-Rautha, dans ce qui peut se voir pourtant comme un cosplay involontaire du Voldemort de Ralph Fiennes, ou il ne fait qu'écarquiller les yeux entre deux tirages de langue dérangés et dérangeant.

Mais, au-delà d'une action sensiblement plus présente, c'est réellement dans la manière qu'à Villeneuve de ne plus surligner à la truelle la beauté de ses plans, qui ici soutiennent bien plus le caractère et l'émotion de ses séquences (avec un vrai sens de l'échelle, une denrée rare à Hollywood), plutôt que d'incarner des artifices distrayants au mieux, irritants dans le pire des cas; que cette suite surclasse son aîné.
Une confiance dans sa puissance visuelle qui s'explique aussi et surtout parce que la Première Partie, malgré ses faiblesses évidentes, a installé/incarné une sorte de brouillon pesant et dense qui servirait à rationaliser le développement - visuel comme narratif - décemment plus limpide de ce second opus, quand bien même il reste tout autant en équilibre sur la corde raide entre l'acceptation totale de l'étrangeté magique du pavé science-fictionnelle de Frank Herbert (il est ici naturel de voir une conversation sérieuse entre un fœtus et sa mère), et ses atours de divertissement total à l'américaine.

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Alors certes, s'il semble parfois perdre un brin son élan dans sa traversée du désert (moins que son aîné, cela dit), Dune : Deuxième Partie corrige les petites fêlures de l'odyssée cosmique et épique de Paul Atréides (qui deviendra prochainement... un despote génocidaire, rien que ça), au sein d'un divertissement sensiblement dense, qui plonge joliment tête la première dans les subtilités ambiguës de la politique impériale de son matériau d'origine, tout en épousant généreusement tous les codes de la science-fiction sauvage et spectaculaire Hollywoodienne.

Vivement Dune Messiah donc...


Jonathan Chevrier


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