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[CRITIQUE] : Bob Marley : One Love


Réalisateur : Reinaldo Marcus Green
Acteurs : Kingsley Ben-Adir, Lashana LynchJames Norton, Ashton Sanders,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Musical.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h26min.

Synopsis :
Bob Marley : One Love célèbre la vie et la musique d'une icône qui a inspiré des générations à travers son message d'amour et d'unité.
Pour la première fois sur grand écran, découvrez l'histoire puissante de Bob Marley, sa résilience face à l’adversité, le chemin qui l’a amené à sa musique révolutionnaire.



Critique :


Dans un paysage hollywoodien dominé/gangrenné par des projets simplistes usant inlassablement la même formule établie et éprouvée, le biopic musical moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et facilement déclinable du marché.

La quasi-intégralité de ses films ne sont souvent guère plus que des exercices glorifiés de gestion de marques/icônes, articulés entre des numéros musicaux fédérateurs - et à la lisière du fan service (trop) respectueux -, des performances d'acteurs plus ou moins grimés à la perfection et une intrigue distribuant avec plus ou moins de finesse, des informations biographiques approuvées par la succession et/ou les proches des défunts.

Copyright 2023 Par. Pics.

C'est simple, tout de la sélection musicale à la conception de la production, est conçu pour traire la nostalgie préfabriquée des téléspectateurs et à ce stade (ce qui place le biopic de figures populaires/célèbres au même niveau de traitement que celui des adaptations de bandes dessinées), il est quasiment impossible de pleinement s'emballer lorsqu'un nouvel effort vient frapper à la porte de nos salles obscures, même lorsqu'il s'attaque au " King of Reggae ", le regretté Bob Marley.
Et à raison, malheureusement.

Plus proche de Bohemian Rhapsody dans sa manière de policer jusqu'à l'extrême, l'image de son sujet, que de la vérité fantasque d'un Rocketman, Bob Marley : One Love de Reinaldo Marcus Green, déjà derrière La Méthode Williams, hagiographie partielle et (très) largement remodelé de la vie Richard Williams et de ses filles Serena et Venus, pousse ici les potards au maximum au sein d'une oeuvre ciblée (on se concentre sensiblement sur la conception de son album phare Exodus, après son départ de Jamaïque pour Londres) mais surtout " bingo " qui coche frénétiquement toutes les cases historiques en annihilant tout potentiel investissement émotionnel de son auditoire.

Copyright 2023 Par. Pics.

Trafiquant une pluie de clichés faciles du genre sans le moindre remords, au coeur d'une approche sage et arythmique tout droit sortie de la page Wikipedia du chanteur, qui rappelle sporadiquement de manière quasi mystique l'importance de celui-ci dans l'histoire de la culture musicale, tout en veillant soigneusement à gommer toute la charge politique et toutes ses croyances dans son gloubi-boulga déglingué et poli jusqu'à la banalité; le film irrite, déçoit et flirte tout du long avec le foutage de gueule en règle, dans son étude furieusement superficielle de l’homme derrière la légende.

Mais ce qu'il y a de plus frustrant réside dans le parti pris même du film : se focaliser sur la conception de l'album qui lui offrira la renommée mondiale (ici, paradoxalement, assez expéditive), dit album dont le moindre titre, incroyablement intemporel et inspirant, fait ressentir bien plus d'émotion que la moindre image conçue mollement par Reinaldo Marcus Green, qui tente de raccrocher les wagons à coups de séquences plus ou moins bien rythmés, tout en dégainant quelques flash-backs à la volée, pour ne pas rendre trop creuse sa peinture à l'arrachée d'une personnalité dont il refuse toute la complexité et les nuances.

Copyright 2023 Par. Pics.

Tout Bob Marley : One Love manque cruellement de corps, d'authenticité et de personnalité, excepté il est vrai, au coeur des performances impliqués de Kingsley Ben-Adir et Lashana Lynch, définitivement desservis par l'écriture, là où le premier semble parfois totalement emporté par l'esprit de Marley dans ses gestes, ses mouvements, sa voix.
Comme s'il était transcendé par le pouvoir de la musique du King of Reggae, chose à laquelle se refuse complètement le film, se contentant d'un portrait à peigne plus esquissé qu'un encart publicitaire sur une affiche, qu'une épitaphe élogieuse à la mémoire d'un artiste légendaire qui méritait, évidemment, infiniment mieux.

Comme avec son documentaire sur Whitney Houston - Whitney -, en comparaison du pâle Whitney Houston : I Wanna Dance With Somebody de Kasi Lemmons, Kevin MacDonald avait déjà tout dit sur Bob Marley avec son fantastique et foisonnant Marley.
Il est disponible sur Netflix, vous savez quoi faire.


Jonathan Chevrier


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