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[CRITIQUE] : Madame Web


Réalisatrice : S.J. Clarkson
Acteurs : Dakota Johnson, Sydney Sweeney, Celeste O'Connor, Isabela Merced, Tahar Rahim, Emma Roberts, Adam Scott, Mike Epps, Zosia Mamet,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h57min.

Synopsis :
Cassandra Web est une ambulancière de Manhattan qui serait capable de voir dans le futur. Forcée de faire face à des révélations sur son passé, elle noue une relation avec trois jeunes femmes destinées à un avenir hors du commun... si toutefois elles parviennent à survivre à un présent mortel.



Critique :


Force est d'admettre qu'il y a quelque chose de magique derrière l'aspect furieusement cynique que peut avoir Sony Pictures a saccager son " Spider-Man Universe ", une attitude qui ne date pas d'hier puisque dès son premier reboot de la franchise Spider-Man échoué à Marc Webb, la firme n'a eu de cesse que de volontairement se mettre des bâtons dans les roues.

Même s'il est vrai que depuis Venom, cette sorte de je-m'en-foutisme pleinement conscient de la merde qu'il dégueule à un auditoire qui, sadiquement où stupidement c'est selon, en redemande en célébrant joyeusement et massivement la moindre de leur production en salles, touche au sublime.
Le caviar du Ka-kamoulox, mais surtout des deux premières syllabes.

Copyright 2024 CTMG

Faisant suite mais n'étant pas une suite (stoppez la gourmandise, bande de pervers) à l'immondice Morbius de Daniel Espinosa, justement boudé par le public (un miracle), voilà que la firme tente un hold-up encore plus oser : dégainer avec mille ans de retard un Madame Web fleurant bon la vaseline et le pet chaud avant même son premier clap de tournage, dans l'idée d'en faire un potentiel money maker à la Venom : Let There Be Carnage, sans trop investir dans une campagne promotionnelle à la lisière du suicide professionnel et collectif (la bipolarité de Dakota Johnson qui chie sur le film autant qu'elle le supporte sur ses frêles épaules, a tout d'un futur cas d'école du pire).

Pas de bol évidemment, le film de S.J. Clarkson n'a ni le semblant de conscience de soi totalement déglingué du film d'Andy Serkis (au demeurant tellement mauvais qu'il en devient presque jouissif), ni même le second degré totalement assumé et encore moins le moindre souci d'incarner quoi que ce soit d'autre qu'un étron éjecté dans la douleur, une pièce maîtresse dans la mécanique de décrédibilisation forcée autant du Tisseur, que de tous les talents impliqués de près ou de loin dans ses productions.

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Revendiquant sa place ringarde dans l'écosystème d'un genre super-héroïque à l'agonie (ou le nouveau MCU se fait l'ancien DCEU, qui lui-même louchait comme un sagouin dans les fonds de poubelles du Marvel/Fox-verse des années 2000), via la sempiternelle origin story faisandée et expédiée d'un personnage particulièrement osef (Cassandra Webb donc, dont le pouvoir est d'avoir de brefs aperçus de l’avenir, parfois sous forme de déjà-vu), loin d'être populaire et reconnaissable (et encore moins près à l'emploi dans cette réinvention totale, au sein d'un univers où aucun personnage/film ne sait se situer), prétexte facile à user d'une jolie galeries d'héroïnes araignées pour mieux les écraser du bout de la chaussure, avant de les jeter sans remords dans le fond d'une cuvette débordant de pisse.

En réalité, au-delà du plaisir coupable et totalement assumé d'enchaîner les punchlines faciles comme à une réunion du fan-club de Kev Adams ivre au Champomy (on aurait pu dire Gad Elmaleh, mais nos textes sont originaux), il est tout de même fou de voir comment une référence absolue (la trilogie Spider-Man de Sam Raimi), puis un diptyque résolument sous-estimé malgré de grosses maladresses (les films de Marc Webb) ont fait passé les exécutifs de Sony Pictures du stade de panique incontrôlée à transe quasi-chamanique, une plénitude hystérique et sadique ou le pire du pire devient un modèle à suivre, un mantra, une raison de vivre et de produire aveuglément.

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N'ayant même pas la décence, à l'instar de Morbius au fond, d'incarner un wannabe plaisir coupable tellement mauvais qu'il en serait presque génial et drôle à regarder, le film se fait la définition (presque) parfaite de la parodie involontaire, nourrit aux dialogues foireux, aux performances volontairement désintéressées, aux interactions humaines les plus contre nature et lunaires jamais vues, ainsi qu'à une intrigue tellement désordonnée (la magie d'un projet conçu par plusieurs plumes ne se concertant jamais entre elles) qu'elle arrive à se paumer elle-même dès le premier virage : une introduction au coeur de la jungle Péruvienne, où maman Webb, alors à la recherche d'une araignée rare aux propriétés curatives incroyables, se fait tuer par un Tahar Rahim éteint, avant que la faune arachnide locale ne l'aide à donner naissance à bébé Cassie... voilà.

Jamais clair dans ses enjeux (rachitiques) ni dans ce qu'ils invoquent, moins par paresse que par assurance de ne pas se perdre inlassablement dans sa propre confusion, la peloche arrive même à dé-cooliser en une poignée de secondes notre frenchy charismatique, qui se demande constamment ce qu'il fait là, en proto-vilain Spidey qui fait un cosplay foireux de son costume de symbiote, débarquant à New-York pour liquider trois adolescentes censées le tuer (ce qui ne serait jamais arrivé s'il n'était pas à New-York, mais chut).

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À peine un vrai film de super-héros (les 30 secondes de la bande annonce avec ses super-héroïnes en costumes, suffisent), ou les placement de produit éhonté pour Beyoncé ou encore Pepsi, deviennent presque la meilleure chose à l'écran, entre deux références enfoncées au chausse-pieds (cette présence lunaire des Parker, qui n'a aucun sens dans le contexte du film); Madame Web, complètement oubliable, est une catastrophe sans identité et sans âme, l'énième pièce d'une entreprise de destruction massive cynique et pernicieuse qui renonce à toute ambition cinématographique.

Allez, reviens Morbius, promis, on oublie tout...


Jonathan Chevrier


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