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[CRITIQUE] : 20 000 espèces d'abeilles


Réalisatrice : Estíbaliz Urresola Solaguren
Avec : Sofía Otero, Patricia López Arnaiz, Ane Gabarain, Itziar Lazkano,…
Distributeur : Jour2fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 2h08min.

Synopsis :
Cocó, huit ans, a bien du mal à savoir qui elle est. Au cours d’un été passé parmi les ruches du Pays Basque, elle éveille sa singularité au sein des femmes de sa famille, elles-mêmes en proie au doute. Dans un monde où il existe 20 000 espèces d’abeilles différentes, il existe forcément une identité qui corresponde à Cocó…



Critique :


Il y a quelque chose de profondément fantastique dans le fait de découvrir un nouveau cinéaste qui, dès son premier effort, semble avoir totalement assimilé le sel du cinéma de sa propre nation, l'essence d'un ton qui, au fil des décennies, s'est gentiment endurci, assombrit, laissant transparaître des notes amères voire même profondément désabusée, sans pour autant dénaturer les genres qu'il met en avant avec une acuité rare.

Copyright Gariza Films, Inica Films

Oser, c'est tout le mantra du premier long-métrage de la wannabe cinéaste basque Estíbaliz Urresola Solaguren, 20 000 espèces d'abeilles, merveilleuse et intime histoire autour de la notion d'identité, sur la propre idée que l'on s'en fait autant que celle que l'on projette aux autres - et le conflit inéluctable qui s'impose lorsque ses deux images sont dissonantes, que ce soit pour nous ou nos proches.

La caméra reste tout du long vissée ou presque, sur Cocó, huit ans au compteur, et qui a un peu (beaucoup) de mal à savoir qui elle est, la faute a un vaste et foisonnant monde intérieur.
Sa mère soupçonne que quelque chose la tourmente, peut-être quelque chose de difficile à expliquer verbalement, mais elle ne comprend pas vraiment la situation, comme sa fille.
Au cours d’un été passé parmi les ruches du Pays Basque où a grandit sa matriarche, la jeune fille éveille sa singularité au sein des femmes de sa famille, ce qui ne dissipe pas ni ses propres doutes, ni ceux de sa mère.
En ces terres ensoleillées et montagneuses, qui l'agitent autant qu'elles l'exaltent, elle va entamer un voyage intime tout en changement et en découverte, pour être enfin qui elle a envie d'être.

Copyright Gariza Films, Inica Films

Et cette quête constante et mouvementée est opérée de la plus belle manière qui soit par Estíbaliz Urresola Solaguren : avec sincérité et sensibilité, en prêtant une attention toute particulière à la manière dont Coco se définit à travers chacune de ses actions, à chacune de ses rencontres et de son rapport aux/à l'autre, entre anxiété douloureuse et difficile affirmation de soi, encore plus face à une mère perdue dans les limbes de l'incompréhension, qui reproduit les mêmes erreurs que sa propre matriarche dans sa relation avec la chair de sa chair.

Formidable drame sur une gamine se demandant à travers ses propres larmes, pourquoi elle est née avec un corps qui ne la définit pas telle qu'elle est réellement, une prison de chair et de sang qui ne fait que la faire souffrir (porté par la prestation incroyable de la jeune Sofía Otero); 20 000 espèces d'abeilles est une œuvre tendre et authentique sur la recherche de soi et la transidentité, qui place de facto sa cinéaste dans le cercle très fermé des nouveaux visages prometteurs du cinéma espagnol actuel.


Jonathan Chevrier


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