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[CRITIQUE] : L'Usine, le Bon, la Brute et le Truand


Réalisatrice : Marianne Lère Laffitte
Avec : -
Distributeur : Next Film Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français
Durée : 1h15min

Synopsis :
Chapelle-Darblay est la dernière et unique usine à fabriquer du papier journal 100% recyclé en France. Fermée depuis septembre 2019 sur décision de son propriétaire finlandais, la papeterie centenaire est désormais menacée de démantèlement. A sa place, un site de production d'hydrogène est prévu. Alors que les 217 salariés, les « pap-chap », ont perdu leur emploi, trois délégués du personnel, deux ouvriers syndiqués et un cadre sans étiquette, toujours présents sur le site, se battent pour sauver la papeterie de la fermeture. Vont-ils réussir à sauver leur usine ?



Critique :


Tout part d'un titre, évidemment accrocheur puisque citant directement (avec une toute petite nuance) un film instinctivement inscrit dans l'univers collectif comme, au-delà d'un monument du western, l'un des films populaires de l'histoire du cinéma - Le Bon, la brute et le truand de Sergio Leone, conclusion de la mythologique Trilogie du dollar.

Copyright Next Film Distribution

Point question de Ouest américain ni de guerre de Sécession et encore moins de Clint Eastwood à poncho pourtant, quand bien même l'idée d'une lutte est férocement inscrite dans tous les pores de la pellicule du documentaire de Marianne Lère Laffitte, L'Usine, le Bon, la Brute et le Truand, on ne peut plus d'actualité à une heure au présent où la lutte ouvrière et les mouvements sociaux sont au coeur des débats.

La caméra suit la dure réalité derrière la fermeture de la dernière et unique usine à fabriquer du papier journal 100% recyclé en France, la papeterie centenaire Chapelle-Darblay, dont les portes sont closes depuis 2019 à la suite de la décision de son propriétaire finlandais, mettant sur le carreau pas moins de 217 salariés - les « pap-chap ».
Désormais menacée de démantèlement, pour laisser place à un site de production d'hydrogène (qui reprendrait la moitié des employés licenciés), trois délégués du personnel, deux ouvriers syndiqués et un cadre sans étiquette, sont toujours présents sur le site et se battent pour sauver la papeterie de la fermeture, à moins qu'il ne soit déjà trop tard...

Copyright Next Film Distribution

Soit la mise en images d'un énième bras de fer tout en négociations et en incertitudes, entre un David ouvrier social et un Goliath puissant industriel, que la cinéaste capture au plus près du combat - sur une année - et de l'énergie du désespoir qui anime une lutte dont le happy-end cinématographique a vite été rompu par la dure loi de la réalité.
En résulte néanmoins un effort engagé et prenant, mettant en avant la fraternité et l'humanité de ses petites luttes devenues tellement familières qu'elles se chassent les unes contre les autres dans notre actualité.

Marianne Lère Laffitte donne un visage à cette lutte des organisations syndicales et environnementales avec un optimisme rare, belle quête chimérique pour obtenir une justice sociale et écologique souvent (toujours ?) impossible.


Jonathan Chevrier