[CRITIQUE] : Daaaaaalí!
Réalisateur : Quentin Dupieux
Avec : Anais Demoustier, Gilles Lellouche, Édouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Didier Flamand, Romain Duris,...
Distributeur : Diaphana
Budget : -
Genre : Comédie, Comédie Dramatique, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h17min
Synopsis :
Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.
Critique :
Une année ciné sans un cannevas de la douce bizzarerie du cinéma de Quentin Dupieux n'est pas totalement une année ciné française, et si 2023 nous avait offert le génial Yannick, 2024 pourrait s'avérer un poil plus gourmande avec deux séances, si À Notre beau métier et/où Braces étaient boucles d'ici décembre prochain.
Mais délectons-nous d'abord de Daaaaaalí!, estampillé treizième long-métrage d'un infatigable cinéaste hantant le septième art hexagonal depuis plus de deux décennies maintenant, avec une oeuvre démarrée tout en nuances via Nonfilm - tout est dans le titre -, sorte de mise en abyme où le film, tout comme Dupieux, réfléchissait à son propre processus de création.
Et c'est sensiblement ce concept même de mise en abyme, rappelant tout autant Réalité et Incroyable mais vrai, qui nourrit le coeur de son nouvel effort, qui peut autant se voir comme un hommage sincère et ludique au grand artiste catalan qu'était Salvator Dalí, qu'un autre plus ou moins discret au cinéma de Luis Buñuel.
Belle balade légère et surréaliste, un rêve inscrit dans un autre lui-même frappé par un esprit purement daaaaaalien, entre absurdité - plus ou moins - géniale et jeu de réflexion exubérant et presque infini (au point de nous perdre, comme pour mieux nous empêcher de réfuter les incohérences de Dalí - et de Dupieux), le film et son pitch trompeusement simpliste (une jeune journaliste essayant - en vain - d'interviewer le peintre excentrique, obsédé par la présence des caméras et à l'estime de soi terriblement développée), tirant son ton et sa structure dramatique du Charme discret de la bourgeoisie, n'a pas tant vocation à se faire didactique dans son portrait fragmenté qu'a être porté par un désir de perpétuer son travail, à nourrir son image et son mythe (que le catalan à lui-même cultivé à travers le temps).
Un désir de l'inscrire dans une postérité contemporaine pour un auditoire pas ou peu en alerte face à son art, un désir de nous ramener à une époque pas si lointaine ou l'art - et la culture - n'étaient pas les mêmes, ou elles n'étaient pas réglementé par les diktats de la norme et des convenances (quitte à paraître, parfois, méprisante pour les non-initiés).
Véritable faux biopic, Daaaaaalí! se fait donc plus une exploration lucide de l'essence et de la personnalité énigmatique de l'artiste, parce que trop conscient - et à raison - de la complexité et de la pluralité de celle-ci.
Une subversion de la réalité par le génie et l'absurde, qui se reflète dans le gimmick loin d'être gadget d'une rotation de plusieurs comédiens bien distincts pour incarner Dalí (Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand, Jonathan Cohen et Édouard Baer, les deux derniers réussissent d'ailleurs particulièrement bien à exprimer son excentricité et sa mégalomanie), chacun incarnant une facette qui lui est propre (même exagérée et proche de la caricature), une version contradictoire - et presque philosophique - de la vérité unique inhérente à tout biopic.
Manipulant une nouvelle fois le temps et l'espace pour faire de son - double - rêve inaccessible (une interview de Dalí juxtaposé sur un portrait cinématographique de Dalí), le catalyseur d'une expérience folle et surréaliste similaire aux poupées russes (des rêves dans des rêves dans la réalité), Dupieux rend in fine le plus bel hommage possible à ses pairs Dalí et Buñuel : une oeuvre anarchique, pour des artistes refusant toutes contraintes.
Jonathan Chevrier
Avec : Anais Demoustier, Gilles Lellouche, Édouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Didier Flamand, Romain Duris,...
Distributeur : Diaphana
Budget : -
Genre : Comédie, Comédie Dramatique, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h17min
Synopsis :
Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.
Critique :
Manipulant une nouvelle fois le temps et l'espace au cœur d'une expérience folle et surréaliste façon poupées russes, Dupieux rend le plus bel hommage possible à ses pairs Dalí et Buñuel avec #Daaaaaalí! : une oeuvre tendrement anarchique, pour des artistes défiant les limites. pic.twitter.com/BJT8ZKZdRt
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) January 22, 2024
Une année ciné sans un cannevas de la douce bizzarerie du cinéma de Quentin Dupieux n'est pas totalement une année ciné française, et si 2023 nous avait offert le génial Yannick, 2024 pourrait s'avérer un poil plus gourmande avec deux séances, si À Notre beau métier et/où Braces étaient boucles d'ici décembre prochain.
Mais délectons-nous d'abord de Daaaaaalí!, estampillé treizième long-métrage d'un infatigable cinéaste hantant le septième art hexagonal depuis plus de deux décennies maintenant, avec une oeuvre démarrée tout en nuances via Nonfilm - tout est dans le titre -, sorte de mise en abyme où le film, tout comme Dupieux, réfléchissait à son propre processus de création.
Copyright ATELIER DE PRODUCTION – FRANCE 3 CINEMA 2023 |
Et c'est sensiblement ce concept même de mise en abyme, rappelant tout autant Réalité et Incroyable mais vrai, qui nourrit le coeur de son nouvel effort, qui peut autant se voir comme un hommage sincère et ludique au grand artiste catalan qu'était Salvator Dalí, qu'un autre plus ou moins discret au cinéma de Luis Buñuel.
Belle balade légère et surréaliste, un rêve inscrit dans un autre lui-même frappé par un esprit purement daaaaaalien, entre absurdité - plus ou moins - géniale et jeu de réflexion exubérant et presque infini (au point de nous perdre, comme pour mieux nous empêcher de réfuter les incohérences de Dalí - et de Dupieux), le film et son pitch trompeusement simpliste (une jeune journaliste essayant - en vain - d'interviewer le peintre excentrique, obsédé par la présence des caméras et à l'estime de soi terriblement développée), tirant son ton et sa structure dramatique du Charme discret de la bourgeoisie, n'a pas tant vocation à se faire didactique dans son portrait fragmenté qu'a être porté par un désir de perpétuer son travail, à nourrir son image et son mythe (que le catalan à lui-même cultivé à travers le temps).
Copyright ATELIER DE PRODUCTION – FRANCE 3 CINEMA 2023 |
Un désir de l'inscrire dans une postérité contemporaine pour un auditoire pas ou peu en alerte face à son art, un désir de nous ramener à une époque pas si lointaine ou l'art - et la culture - n'étaient pas les mêmes, ou elles n'étaient pas réglementé par les diktats de la norme et des convenances (quitte à paraître, parfois, méprisante pour les non-initiés).
Véritable faux biopic, Daaaaaalí! se fait donc plus une exploration lucide de l'essence et de la personnalité énigmatique de l'artiste, parce que trop conscient - et à raison - de la complexité et de la pluralité de celle-ci.
Une subversion de la réalité par le génie et l'absurde, qui se reflète dans le gimmick loin d'être gadget d'une rotation de plusieurs comédiens bien distincts pour incarner Dalí (Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand, Jonathan Cohen et Édouard Baer, les deux derniers réussissent d'ailleurs particulièrement bien à exprimer son excentricité et sa mégalomanie), chacun incarnant une facette qui lui est propre (même exagérée et proche de la caricature), une version contradictoire - et presque philosophique - de la vérité unique inhérente à tout biopic.
Copyright ATELIER DE PRODUCTION – FRANCE 3 CINEMA 2023 |
Manipulant une nouvelle fois le temps et l'espace pour faire de son - double - rêve inaccessible (une interview de Dalí juxtaposé sur un portrait cinématographique de Dalí), le catalyseur d'une expérience folle et surréaliste similaire aux poupées russes (des rêves dans des rêves dans la réalité), Dupieux rend in fine le plus bel hommage possible à ses pairs Dalí et Buñuel : une oeuvre anarchique, pour des artistes refusant toutes contraintes.
Jonathan Chevrier