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[CRITIQUE/RESSORTIE] : Mary à tout prix


Réalisateurs : Bobby et Peter Farrelly
Avec : Cameron Diaz, Ben Stiller, Matt Dillon, Chris Elliott, Lee Evans, Lin Shaye,…
Distributeur : Les Acacias
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain
Durée : 1h59min

Date de sortie : 11 novembre 1998
Date de ressortie : 27 décembre 2023

Synopsis :
Ted, le loser, décide de retrouver son amour de jeunesse, la splendide Mary. Il engage un détective privé, Pat Healy, pour la retrouver. Persuadé qu'il a affaire à un dégénéré, Healy file à Miami et retrouve Mary. Elle est belle, gentille, s'occupe d'enfants handicapés et elle est célibataire. Decidé à garder Mary pour lui, il raconte à Ted qu'elle est devenue grosse, qu'elle est paralytique et qu'elle a quatre enfants. Mais Tucker, un architecte, est également amoureux de Mary. Il va faire cause commune avec Healy pour se débarrasser de Ted qui finalement a décidé de venir à Miami.



Critique :


Tous ses copains lui disaient arrête de te lamenter,
T'as que l'embarras du choix,
Des filles tout autour de toi,
Ils lui avaient aussi présentés Tiffany et Indigo,
Mais il ne vit que pour Mary, il l'a dans la peeeeaaauu,
Mary, son cœur ne bat que pour Mary...

Vingt-cinq ans maintenant que l'on a appris que les fluides corporels peuvent être un gel réellement fixant (même si dégueulasse, oui), que l'on nous a rappelé qu'il faut vraiment faire attention lorsque l'on remonte sa braguette (traumatisme purement masculin) ou même, plus simplement, qu'il n'est pas si compliqué de tomber amoureux de Cameron D... Mary Jensen.

Oui, Mary a tout prix de Bobby et Peter Farrelly fête ses vingt-cinq printemps cette année avec une ressortie toute pimpante en salles, et force est d'admettre qu'il vieillit plutôt bien, malgré son quart de siècle au compteur.

© 1998 Twentieth Century Fox Film Corporation. All Rights Reserved // Les Acacias

Pervertissant gentiment les codes de la comédie romantique (un garçon est fou amoureux d'une fille, il se coince le pénis dans une fermeture éclair le jour où il doit l'amener ai bal du lycée, avant de tenter de la reconquérir dix-sept ans plus tard), avec des accents presque tragique (cette fermeture éclair et son déchirement Shakeaspearien : tirer où ne pas tirer ?), tout en plongeant tête la première dans un humour potache et beauf n'hésitant même pas à tabasser le handicap (à la limite du gênant, même quand le sujet est abordé avec un peu de sérieux) avec une irrévérence affirmée.

Mais là où le film s'avère plus intelligent que ses contemporains, et c'est ce qui en fait la plus grande réussite des Farrelly devant Dumb & Dumber (et, assurément, leur dernier grand film), c'est qu'il peut autant se voir, assez naturellement, comme une romance au masculin - puisque fixé sur le point de vue de Ted Stroehmann -, mais aussi et surtout une romance au féminin.

Exit le love interest coeur bleu et maladroit qui se languit de ne pas avoir d'homme - cette fois-ci, c'est l'homme -, bonjour la femme célibataire forte et indépendante, une chirurgienne orthopédiste épanouie qui ne remettra pas en cause sa relation fusionnelle avec son frère handicapée, et encore moins pour une palanquée de prétendants psychopathes qui ont une obsession maladive pour elle.
Elle vaut mieux que tous ses hommes - même Ted -, mais surtout elle est meilleur que le fantasme qu'ils ont tous d'elles (que ce soit la fausse perfection qu'elle leur suggère, ou la meilleure image d'eux-mêmes qu'ils pensent avoir avec elle et pour elle), eux qui pensent tous qu'ils méritent son amour, qu'ils la méritent.

© 1998 Twentieth Century Fox Film Corporation. All Rights Reserved // Les Acacias

Un fantasme qui lui a imposé plusieurs harcèlements, un changement de nom et d'état (merci Woogie), des rapports hypocrites et mensongers - contre sa volonté -, des maux qui sont certes traités sous le ton de l'humour, mais n'en reste pas moins horribles et réels, encore plus dans un monde #MeToo où ils sont, étrangement, très peu abordé par le septième art et encore moins par la comédie.

Hilarante autant qu'elle est, involontairement - où non -, en avance sur son temps dans sa mise en images aussi ridicule que réaliste autant dans sa représentation des interactions (pas uniquement sentimentales) hommes-femmes, que dans celle des maux et pressions subis par les femmes célibataires, Mary a tout prix n'a strictement rien perdu de sa verve burlesque et de son génie comico-déglingué, dominé qu'il est par une écriture affûtée et une distribution dingue, totalement vouée à sa cause.

Mary, oui à tout prix il veut Mary ...


Jonathan Chevrier


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