[CRITIQUE] : Silent Night
Réalisateur : John Woo
Acteurs : Joel Kinnaman, Kid Cudi, Catalina Sandino Moreno, Harold Torres,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Godlock est en mission pour venger son jeune fils, qui a été tragiquement abattu lors d'une guerre de gangs la veille de Noël.
Critique :
Si l'on part du principe, évident, qu'il y a autant à boire qu'à manger au sein de la filmographie Hollywoodienne du précieux John Woo, il était presque évident qu'un projet aussi potentiellement casse-gueule que Silent Night, de son pitch facile à son gimmick principal, puisse férocement diviser.
Après tout, le bonhomme était retourné au bercail en laissant outre-Atlantique ce qui est, peut-être, le pire film de sa filmographie - le malade et difficilement recommandable Paycheck -, et il n'y avait rien de rassurant à le voir revenir par la petite porte de la bisserie énervée sauce vigilante, gentiment inscrite dans l'ombre d'un revival improbable initié par la saga John Wick; tout ca, alors même qu'il prépare un projet encore plus suicidaire sur le papier (un remake de son monument The Killer, tourné à Paris et avec Omar Sy en vedette).
Autant dire qu'il ne fallait pas trop tortiller du fessier pour flairer que le projet avait tout de la fausse bonne idée, quand bien même Woo revenait en terres Hollywoodiennes avec une sacrée envie de bien faire (et surtout lassé de ne pouvoir produire que des films historiques ou presque, en Chine).
S'appuyant sur un script ne contenant aucun dialogue de Robert Archer Lynn, perçu par le cinéaste comme un vrai défi pour réinventer sa manière de penser son cinéma (d'autant qu'il n'a jamais caché son amour pour le cinéma muet), on y suit donc les atermoiements de Brian Godluck (Joel Kinnaman, à son meilleur), un père de famille dont le fils est tué la veille de Noël, jeune spectateur/victime innocente d'une fusillade en voiture, entre les membres d'un gang local.
Recevant une balle dans la gorge, Brian perd ainsi sa capacité de parler et d'exprimer verbalement toute la colère/douleur qui l'habite et le dévore.
Un an plus tard, et s'étant entraîné - non sans mal - pour assouvir sa quête vengeresse, puisqu'il n'avait jamais eu à combattre de toute sa vie, il est prêt à en découdre avec ceux qui ont, littéralement, brisé sa vie et celle de sa famille...
Si l'on voulait définir, un peu grossièrement certes, l'expérience qu'incarne Silent Night, se serait un peu comme si John Woo appuyait franco sur l'accent mélodramatique de l'odyssée Ulyssienne de Sean Archer dans Volte/Face (autant que sur les petites kitscheries qui la parasitent un brin), tout en embrassant encore un peu plus fort le pendant mélancolique de son cinéma, sans pour autant en dénigrer sa vision spectaculaire, savoureusement outrancière et brute, d'une action fleurant toujours bon le sang et la poudre.
Une vision humaine et résolument plus posée de l'action (presque réaliste, dans une certaine mesure), qui va totalement à l'encontre de la manière dont a été vendu le film, ce qui crée - évidemment - une confusion qui n'est pas tant rebutante une fois que l'on accepte le nouveau - et différent - regard, résolument plus porté sur la douleur et les émotions que suscite le deuil (quitte à y aller franchement sur le cheezy, notamment dans des scènes de songes dispensables et pourtant, assez paradoxalement, vraiment touchantes), que nous offre le papa de Hard Boiled, sur un genre qu'il a décortiqué sous toutes les coutures.
Impactant dans ses longues empoignades musclées (Woo n'a pas son pareil pour chorégraphier avec grâce et brutalité le chaos le plus total), définitivement moins dans ses élans romanesques et dans une première moitié " préparatrice " assez redondante (mais originale dans sa relecture du training montage), Silent Night décontenance autant qu'il séduit, s'avère aussi imparfait qu'il réserve en son cœur son lot de satisfaction pour tout amateur de bisserie émotionnelle et (surtout) sanglante, vissée sur un homme qui revoit plus de coups qu'il n'en donne.
Un Woo mineur mais infiniment plus intéressant et sauvage que la majorité des actionners dégainés par le cinéma ricain chaque année, tant rares sont ceux capables de voir leur narration taillée à la serpe, passer par une mise en scène virtuose.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Joel Kinnaman, Kid Cudi, Catalina Sandino Moreno, Harold Torres,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h44min
Synopsis :
Godlock est en mission pour venger son jeune fils, qui a été tragiquement abattu lors d'une guerre de gangs la veille de Noël.
Critique :
Impactant dans ses entraînantes empoignades musclées, définitivement moins dans ses élans romanesques très (trop) Woo-esques, #SilentNight décontenance autant qu'il séduit dans son exploration à la fois brute mais surtout furieusement mélancolique et humaine, du vigilante movie. pic.twitter.com/WA3l0JxXcq
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 29, 2023
Si l'on part du principe, évident, qu'il y a autant à boire qu'à manger au sein de la filmographie Hollywoodienne du précieux John Woo, il était presque évident qu'un projet aussi potentiellement casse-gueule que Silent Night, de son pitch facile à son gimmick principal, puisse férocement diviser.
Après tout, le bonhomme était retourné au bercail en laissant outre-Atlantique ce qui est, peut-être, le pire film de sa filmographie - le malade et difficilement recommandable Paycheck -, et il n'y avait rien de rassurant à le voir revenir par la petite porte de la bisserie énervée sauce vigilante, gentiment inscrite dans l'ombre d'un revival improbable initié par la saga John Wick; tout ca, alors même qu'il prépare un projet encore plus suicidaire sur le papier (un remake de son monument The Killer, tourné à Paris et avec Omar Sy en vedette).
Copyright Leonine |
Autant dire qu'il ne fallait pas trop tortiller du fessier pour flairer que le projet avait tout de la fausse bonne idée, quand bien même Woo revenait en terres Hollywoodiennes avec une sacrée envie de bien faire (et surtout lassé de ne pouvoir produire que des films historiques ou presque, en Chine).
S'appuyant sur un script ne contenant aucun dialogue de Robert Archer Lynn, perçu par le cinéaste comme un vrai défi pour réinventer sa manière de penser son cinéma (d'autant qu'il n'a jamais caché son amour pour le cinéma muet), on y suit donc les atermoiements de Brian Godluck (Joel Kinnaman, à son meilleur), un père de famille dont le fils est tué la veille de Noël, jeune spectateur/victime innocente d'une fusillade en voiture, entre les membres d'un gang local.
Recevant une balle dans la gorge, Brian perd ainsi sa capacité de parler et d'exprimer verbalement toute la colère/douleur qui l'habite et le dévore.
Un an plus tard, et s'étant entraîné - non sans mal - pour assouvir sa quête vengeresse, puisqu'il n'avait jamais eu à combattre de toute sa vie, il est prêt à en découdre avec ceux qui ont, littéralement, brisé sa vie et celle de sa famille...
Copyright Leonine |
Si l'on voulait définir, un peu grossièrement certes, l'expérience qu'incarne Silent Night, se serait un peu comme si John Woo appuyait franco sur l'accent mélodramatique de l'odyssée Ulyssienne de Sean Archer dans Volte/Face (autant que sur les petites kitscheries qui la parasitent un brin), tout en embrassant encore un peu plus fort le pendant mélancolique de son cinéma, sans pour autant en dénigrer sa vision spectaculaire, savoureusement outrancière et brute, d'une action fleurant toujours bon le sang et la poudre.
Une vision humaine et résolument plus posée de l'action (presque réaliste, dans une certaine mesure), qui va totalement à l'encontre de la manière dont a été vendu le film, ce qui crée - évidemment - une confusion qui n'est pas tant rebutante une fois que l'on accepte le nouveau - et différent - regard, résolument plus porté sur la douleur et les émotions que suscite le deuil (quitte à y aller franchement sur le cheezy, notamment dans des scènes de songes dispensables et pourtant, assez paradoxalement, vraiment touchantes), que nous offre le papa de Hard Boiled, sur un genre qu'il a décortiqué sous toutes les coutures.
Copyright Leonine |
Impactant dans ses longues empoignades musclées (Woo n'a pas son pareil pour chorégraphier avec grâce et brutalité le chaos le plus total), définitivement moins dans ses élans romanesques et dans une première moitié " préparatrice " assez redondante (mais originale dans sa relecture du training montage), Silent Night décontenance autant qu'il séduit, s'avère aussi imparfait qu'il réserve en son cœur son lot de satisfaction pour tout amateur de bisserie émotionnelle et (surtout) sanglante, vissée sur un homme qui revoit plus de coups qu'il n'en donne.
Un Woo mineur mais infiniment plus intéressant et sauvage que la majorité des actionners dégainés par le cinéma ricain chaque année, tant rares sont ceux capables de voir leur narration taillée à la serpe, passer par une mise en scène virtuose.
Jonathan Chevrier