[CRITIQUE/RESSORTIE] : Assaut
Réalisateur : John Carpenter
Avec : Austin Stoker, Darwin Joston, Laurie Zimmer, Martin West, Frank Doubleday,…
Distributeur : Films sans Frontières
Budget : -
Genre : Policier, Action, Thriller.
Nationalité : Américain
Durée : 1h31min
Date de sortie : 5 juillet 1978
Date de ressortie : 27 décembre 2023
Synopsis :
Anderson, un quartier déshérité de Los Angeles. Le lieutenant Bishop est chargé d'assurer la dernière nuit de garde dans le commissariat du treizième arrondissement, qui va être fermé. Il s'y installe avec un inspecteur, trois gardes, un agent et deux secrétaires, ainsi que deux prisonniers en attente de transfert. C'est alors qu'un homme hagard fait irruption. Il est pourchassé par des tireurs qui prennent d'assaut le poste de police. Alors que la tension monte, le lieutenant Bishop doit pactiser avec les prisonniers. Sans aucun moyen de communication avec l'extérieur, puisque le téléphone a été coupé, les occupants du commissariat vont subir un véritable siège...
Critique :
Métaphore explosive d'une violence karmique, celle d'un pays né dans le sang et qui n'a cessé de perpétuer le mal qui l'assaille,#Assaut est un diamant noir, un condensé de tout ce qui fera la grandeur de l'un des cinéastes les + importants de sa génération. Anybody got a smoke ? pic.twitter.com/odc0bVzx9b
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) December 28, 2023
Comme tout bon John Carpenter qui se respecte, Assaut - son deuxième effort, pourtant - est de ses expériences musclées que l'on oublie pas, de ses upercuts qui explose le quatrième mur pour venir directement nous frapper dans les tripes, de ces classiques dont la patine aux grains grossiers, viennent marquer nos rétines à jamais.
Une esthétique sauvage pour une narration qui l'est peut-être encore plus (le siège par un gang, du commissariat du treizième arrondissement, en passe d'être fermé), en total adéquation avec un cadre bouillant et impitoyable : un Los Angeles rarement aussi crépusculaire, sauf peut-être chez Kathryn Bigelow (l'immense Strange Days).
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Révérence assumée à Hawks (Rio Bravo) et Romero (La Nuit des morts-vivants), le film se veut comme une pure bisserie énervée, un survival qui s'inscrit autant dans l'ombre du western Fordien (qu'il fait renaître de ses cendres autant qu'il en révise les codes et ses idéaux surannés, peu après que Peckinpah l'a furieusement enterré avec La Horde Sauvage) que dans celle du vigilante, quand bien même la maestria de son auteur le fait gentiment s'éloigner des conventions autoritaires et furieusement réac du genre (son élan de vigilantisme n'est pas du tout sensationnel), pour lui préférer un pendant sensiblement plus surnaturel, tant il modélise sa menace (comme il le fera encore plus frontalement avec Fog quelques années plus tard) sur un modèle sensiblement horrifique (le gang Street Thunder, quasiment sans visage, dont le déluge de violence est presque karmique) et volontairement rugueuse mais surtout inextricablement politique - comme Romero.
Il se fait même, peut-être, son long-métrage le plus violemment percutant de toute la filmographie de Carpenter (avec Halloween et The Thing, avec lesquels il partage une conclusion aussi sombre et pessimiste qu'ouverte), tant sa brutalité est dévorante, fruit d'un siège aux ramifications sociopolitiques brûlantes (peur de l'inconnu, racisme, réponse à la violence policière, à la lutte des classes, à la culture des armes à feu inhérente au pays de l'oncle Sam,...), tant jamais il ne cherche à offrir le moindre réconfort dans son absurdité macabre.
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Métaphore explosive d'une violence karmique, celle d'un pays né dans le sang et qui n'a eu de cesse de perpétuer le mal qui l'assaille, à la fois nihiliste et pourtant intimement humain, rythmé sous le poids sentencieux d'un synthétiseur qui imprime chaque strate de cette nuit en enfer; Assaut dont on pourra, peut-être, tiquer un brin sur la partition inégale de sa distribution, est un diamant noir, un condensé de tout ce qui fera la grandeur de l'un des faiseurs de rêves les plus importants de sa génération.
Anybody got a smoke ?
Jonathan Chevrier