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[CRITIQUE] : Finestkind


Réalisateur : Brian Helgeland
Acteurs : Ben Foster, Toby Wallace, Jenna Ortega, Tommy Lee Jones, Lolita Davidovich, Aaron Stanford, Clayne Crawford,...
Distributeur :  Paramount Plus France
Budget : -
Genre : Thriller, Policier, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h00min

Synopsis :
Deux frères, élevés dans des mondes différents, se retrouvent à l'âge adulte au cours d'un été fatidique. Avec pour toile de fond la pêche commerciale, l'histoire prend une tournure primitive lorsque des circonstances désespérées forcent les frères à conclure un accord avec un gang de criminels de Boston. En cours de route, une jeune femme se retrouve dangereusement prise au milieu. Des sacrifices doivent être faits, et les liens entre les frères, les amis, les amants et un père et son fils sont mis à l'épreuve.



Critique :


Il n'y pas forcément trop à tortiller du fessier pour être conscient que Ben Foster est, et de loin, l'un des comédiens les plus talentueux de sa génération, un de ses performeurs de l'ombre pas forcément promis aux premiers rôles (même si les choses semblent changer ces dernières années, tant mieux) mais qui, à l'occasion d'un second ou d'un troisième rôle, d'une poignée de scènes - voire parfois d'une seule - peut décemment voler la vedette, et même relever la qualité, déclinante ou non, d'un film.

Un peu comme, dans une certaine mesure, avec Finestkind, estampillé dernier long-métrage en date du scénariste et réalisateur Brian Helgeland, thriller lancinant et tortueux d'un autre temps et comme on en fait - presque - plus (Eastwood aurait très bien pu le tourner au début des années 2000), une étiquette un poil lourde qui en fait, paradoxalement, autant son charme que son défaut majeur, tant le scénariste de L.A. Confidentiel se laisse aller à quelques facilités qui sont aussi maladroitement dégainées que son équilibre tonal est balbutiant.

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Fusion hybride entre le drame criminelo-familial et le film de gangsters à l'ancienne - sous fond de contrebande d'héroïne -, au cœur du monde de la pêche commerciale sur les rives du Massachusetts (ce qui lui permet de croquer une étude de classe assez large de l'Amérique contemporaine, avec la fracture de plus en plus béante entre les cols bleus et blancs, notamment motivé par une certaine idée de la masculinité), la narration suit l'opposition entre deux demi-frères justement opposés (ils ne partagent qu'une seule chose en commun : la même mère), élevés dans des univers différents mais liés dans un sacrifice commun : sauver l'entreprise familiale et le bateau paternel, alors que tout semble jouer contre eux, le temps comme les éléments et la mauvaise fortune.

Du cousu de fil blanc donc, mais d'une subtilité étonnante dans une première moitié totalement ou presque vissée sur la sensibilité de querelles fraternelles, dont seuls quelques dialogues semblent trop sur-écrit, alors que Helgeland laisse suffisamment de place à ses personnages pour briller et prendre vie à l'écran (Tommy Lee Jones n'a jamais été aussi bon depuis longtemps, Ben Foster est toujours aussi intense et imprévisible, Toby Wallace en impose malgré un rôle un peu fade).

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Si la narration flanche un brin à mesure que la famille s'embourbe dans les douloureuses conséquences de leurs mauvais choix, il y a une authenticité rare qui se dégage de cette histoire certes furieusement conventionnelle, mais avec un vrai cœur vibrant où toutes les émotions - celles de ses personnages, qui menacent toujours d'exploser, comme celles que l'histoire suscite chez son auditoire -, sont étroitement liées.

Imparfait donc, mais vraiment prenant et poignant.


Jonathan Chevrier